PORTRAIT – Anouk Tronchet, 13 ans, est double championne de France de slopestyle (du snowboard artistique) chez les jeunes. Voilà pour le CV. Mais l’athlète est aussi une adolescente sûre de ses choix qui ne perd jamais de vue l’essentiel.
Skateboard, snowboard, wakeboard (sur l’eau)… Tant qu’elle a une planche fixée à ses deux pieds, Anouk Tronchet se sent dans son élément. Pourtant, elle a commencé avec des skis et des bâtons.
Dès l’âge de deux ans, elle se familiarise avec la neige et multiplie les balades avec sa famille avant de se tourner vers le snowboard à sept ans.
« J’ai commencé avec des amis, je voyais des gens en faire un peu partout. » Entre elle et la glisse, c’est avant tout une histoire de « sensation », quelque chose qui ne se décrit pas. Et surtout, elle aime « se faire plaisir ». Un mantra qu’elle n’oublie pas, même en dehors des pistes. En témoignent les crêpes qu’elle déguste après une bonne journée à la montagne.
Habitante de Theys, dans le Grésivaudan, elle s’entraîne aux 7 Laux. Elle en est d’ailleurs l’une des ambassadrices pour la saison 2020 – 2021. Une station qui ouvre ses remontées mécaniques aux clubs et lui permet ainsi de continuer à pratiquer. « Dans les Alpes, c’est une des rares à le faire », fait remarquer avec malice son père, Sébastien.
Si la période perturbe son calendrier de stages et de compétition, la jeune iséroise n’en fait pas plus cas. « Je le vis bien, assure-t-elle, je fais presque autant de snow que l’année dernière. »
Une fin de carrière prématurée en slopestyle ?
Le snowboard slopestyle, ou freestyle c’est selon, a forgé les premières années de la carrière naissante d’Anouk Tronchet. En 2020, avant que la pandémie n’arrête tout, elle a remporté les trois compétitions auxquelles elle a participé.
Elle reconnaît être « stressée, avant et après [ses] runs [passages, devant un jury, ndlr] », mais elle reste intraitable une fois sur la piste.
Son schéma de la victoire ? Un 360 frontside, soit sur une rotation complète, déclenchée avec ses pointes de pied, et un 180.
Malgré tout, elle pourrait bien arrêter pour se mettre au snowboard freeride, qui se pratique en hors piste, sur des bosses.
« J’aime bien descendre des pentes raides et j’ai moins peur de faire une figure dans la poudreuse. » Ce changement de discipline ne l’effraie pas. Même pas un petit regret. En effet, l’absence de solutions accessibles mises en place par la Fédération française de ski (FFS), l’empêche de conserver un niveau suffisant pour briller en dehors des frontières.
Car oui, la jeune sportive gagne aussi à l’étranger. Pour preuve sa victoire lors d’une manche de Coupe d’Europe, en Suisse, pour sa première participation. Mais alors que toutes ses concurrentes européennes continuent de s’exercer dans des conditions optimales, elle ne bénéficie pas d’infrastructures suffisantes. Pour réellement progresser, elle devrait rejoindre le Pôle France de Font-Romeu, dans les Pyrénées. Un éloignement qui coûterait en plus environ 10 000 euros par an.
La philosophie d’Anouk Tronchet : vivre au jour le jour
Lorsqu’on l’interroge sur ses objectifs dans les compétitions à venir, la snowboardeuse ne se livre pas. « On verra », lâche-t-elle, la voix détachée, imperturbable. Sa seule perspective : le Freeride World Tour, un championnat international dont une dizaine de manches a lieu en France.
En attendant, elle se perfectionne huit heures par semaine, le mercredi et le samedi. Des cours qui, s’ils lui plaisent toujours et lui font prendre du bon temps avec ses amis, ne lui apprennent plus grand-chose.
Enfin peu lui importe, tant qu’elle voltige toujours au-dessus des tremplins, des rails ou des rampes de neige. Sa figure préférée, c’est le back 180,
Avec ce saut impulsé par les talons et agrémenté d’un demi-tour sur elle-même, elle apprécie d” « atterrir le dos tourné. » Une technique qu’elle a mis un peu moins d’une saison à maîtriser.
Des cours avec le Cned pour mieux s’entraîner
Reste la question de l’assiduité scolaire. Mais à ce niveau non plus, la jeune fille ne se fait pas de souci. Elle suit ses cours de 4e grâce au Centre national d’enseignement à distance (Cned), ce qui lui libère des créneaux pour parcourir le snowpark, une piste aménagée pour son sport. « Cette année, je suis les cours avec une amie, donc ça va. » Néanmoins, elle ne peut cacher son « envie de retrouver [ses] potes » et pense retourner au collège l’année prochaine.
Anouk Tronchet ne s’intéresse pas trop aux compétitions des adultes. « C’est toujours la même chose. » D’où son attirance pour le freeride, qui est « intéressant parce que c’est nouveau. » Elle en a d’ailleurs rencontré l’une des championnes françaises, Marion Haerty, qui l’a encouragée à suivre sa voie. Qui plus est, les figures du slopestyle s’utilise aussi dans son nouvel art.
Quant à la pression qui peut s’installer petit à petit, elle glisse dessus aussi bien que sur des rampes. « À tout moment, on peut tomber, donc il ne faut pas y penser. »