FOCUS — Le Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère lance une collecte participative d’une durée de cinq mois. Son objectif ? Inviter les personnes détenant des objets et documents en lien avec l’Isère et la Seconde guerre mondiale à en faire don. Ce afin d’enrichir les collections du Musée et de participer au travail de recherche mené par les historiens.
Une paire de chaussures, une boîte de sucre, une lampe à huile ou un ours en peluche… Pour mieux présenter le lancement de sa collecte participative, le Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère expose quelques exemples des objets qui peuvent trouver place dans sa collection. Des objets d’un quotidien d’antan, peut-être anodins en apparence, mais possiblement précieux pour les historiens et les conservateurs de la mémoire.
Depuis le 1er février et pour une durée de cinq mois, la collecte invite ainsi les personnes détentrices d’objets ou documents datant de la Seconde guerre mondiale à en faire don. Ceci au travers d’un formulaire à remplir en ligne. Ustensiles et outils du quotidien, correspondances ou journaux intimes, tout est susceptible d’intéresser le musée. À condition de dater de la période définie et de concerner le territoire isérois.
Une collecte du Musée de la résistance pour compléter ses collections et aider la recherche
Pour mieux mettre en avant cette démarche, le président du Département de l’Isère et plusieurs de ses vice-présidents en personne ont fait le déplacement. L’occasion pour Jean-Pierre Barbier de rappeler l’importance de la transmission, terme qu’il préfère à celui de « vulgarisation ». L’élu en est convaincu : « Quand on ignore son histoire, on est condamné à revivre les mêmes événements. »
Et l’histoire, rappelle encore le président du Département, se construit notamment à partir des témoignages du passé, aussi anecdotiques puissent-ils sembler. C’est là tout l’intérêt de la collecte. « Il faut être honnête et transparent : la chance que l’objet soit exposé dans le Musée est quasi nulle. Les collections permettent les recherches, de comprendre la période », insiste Jean-Pierre Barbier.
Alice Buffet, directrice du Musée de la Résistance, confirme. « Aujourd’hui, nous avons 8000 items dans nos collections, et 131 sont présentés dans le musée. Le ratio est assez faible », souligne-t-elle. Reste que les objets ou documents seront dûment répertoriés et accessibles aux historiens, voire sur le site des collections de l’Isère. Et surtout, ils seront conservés dans des conditions optimales pour prévenir toute dégradation.
Donateur… ou ambassadeur
Si les donateurs peuvent proposer les objets qu’ils désirent, le Musée admet concentrer ses recherches et ses espoirs sur certaines thématiques plus que d’autres. D’une part, la mémoire des prisonniers de guerre. D’autre part, des documents concernant le Nord-Isère. Sans oublier des items portant sur les premières années de la guerre. Enfin, ajoute Alice Buffet, les objets qui relèvent de la vie quotidienne et de l’intime, de la petite histoire au sein de la grande.
Pourquoi lancer cette opération maintenant ? Parce que les périodes de fermeture du Musée pour raisons sanitaires en 2020 ont permis aux équipes de travailler sur les fonds et de mieux appréhender ses collections.
Mais aussi parce que la génération ayant connu 39 – 45 nous quitte doucement et laisse derrière elle des souvenirs du passé qu’il convient de collecter et conserver. « L’ère des témoins touche à sa fin », résume Jean-Pierre Barbier. Et les petits-enfants ou arrière-petits-enfants des personnes décédées n’ont pas toujours conscience de l’intérêt que peut avoir pour l’histoire certains objets ou documents.
Une réalité d’autant plus cruelle avec la pandémie de Covid-19 qui endeuille de nombreuses familles.
Quid de celles et ceux qui n’ont rien à donner mais voudraient apporter leur concours ? Le Musée de la Résistance leur propose de devenir « ambassadeur » de la collecte. Soit, tout simplement, de contribuer à la faire connaître au plus grand nombre en la relayant autour d’eux. À cet effet, un Guide méthodologique a été édité permettant de répondre à la plupart des questions que la démarche peut susciter.