FIL INFO – L’association iséroise des amis des kurdes (Aiak) a organisé, samedi 9 janvier, un rassemblement en soutien à trois militantes kurdes assassinées en France en 2013. Ce meurtre n’a toujours pas été jugé. Chaque année, à la même date, les associations qui soutiennent les kurdes réclament donc justice et manifestent.
« C’est un sentiment de tristesse et de colère », raconte Marie-Yvonne Mathéoud. Pour la co-présidente de l’association iséroise des amis des Kurdes, la douleur reste vive, même huit ans après les faits.
« Tristesse parce que c’est trois amies qui ont été assassinées et colère parce que l’on arrive pas à faire émerger la justice pour ce meurtre », confie-t-elle. Le 9 janvier 2013, Sakine Cansız, Fidan Doğan et Leyla Şaylemez, trois militantes kurdes, ont été assassinées à Paris.
Le meurtrier, Ömer Güney aurait agi pour le compte des services secrets turcs (MIT), selon les premiers éléments de l’enquête française. Mort en prison en 2016, il n’a jamais été jugé.
Les investigations ont par ailleurs révélé qu’il appartenait aux Loups gris, un mouvement ultranationaliste turc interdit en France le 4 novembre 2020. Toutefois, le mouvement n’est pas structuré officiellement en France, ce qui limite la portée de cette décision.
La France soigne ses relations internationales
Pour réclamer justice, une vingtaine de personnes se sont donné rendez-vous devant la préfecture de l’Isère samedi 9 janvier. Parmi eux, l’ancien élu Bernard Macret, adjoint aux solidarités internationales lors du premier mandat d’Éric Piolle.
Plusieurs élus isérois parrainent des personnalités politiques emprisonnées en Turquie, notamment le sénateur Guillaume Gontard, David Queiros, le maire de Saint-Martin-d’Hères ou encore le maire d’Échirolles Renzo Sulli.
« À l’époque, le gouvernement français avait dit qu’il ferait toute la lumière sur cet assassinat politique », insiste Marie-Yvonne Mathéoud. Mais, pour l’instant, rien n’a été fait.
Alors, comment expliquer l’absence d’avancées ? « On sait que le président Erdogan exerce souvent des pressions sur la France et sur l’Europe par rapport aux réfugiés, explique Marie-Yvonne Mathéoud. Il y a des intérêts économiques aussi ». En mars 2018, les familles des victimes se sont constituées parties civiles. Cela a entraîné la réouverture du dossier le 14 mai 2019.