ENTRETIEN – Sociologue chargé de recherche au CNRS et co-auteur de La Casse du siècle : à propos des réformes de l’hôpital public (éditions Raisons d’agir), Pierre-André Juven revient sur les difficultés de l'hôpital public. Et sur la reprise du groupe hospitalier mutualiste (GHM) de Grenoble. Un dossier qui, pour ce chercheur désormais élu à la Ville de Grenoble, pose un gros problème démocratique et social.
Place Gre'net - Vous étiez chercheur quand vous avez écrit ce livre La casse du siècle - À propos des réformes de l'hôpital public. Vous êtes désormais élu, en charge des questions de santé, à la Ville de Grenoble. Quel regard portez-vous sur la reprise du GHM par le groupe privé Doctegestio ?

Pierre-André Juven, chercheur au CNRS et élu à la Ville de Grenoble en charge des questions de santé - DR
Je regarde ça avec l'œil du sociologue qui s'est engagé dans cette mobilisation avant d'être élu.
Ce qui est dramatique sur le dossier du groupe hospitalier mutualiste, c'est que légalement et réglementairement parlant, le système actuel fait que le transfert d'activités de la mutuelle Adrea vers le groupe Doctegestio et le transfert des murs du groupe Adrea vers Icade Santé peut se faire sans qu'à aucun moment ni les salariés, ni les collectivités, ni l'agence régionale de santé donc l'État puissent intervenir et donner un avis contradictoire et avoir un droit de veto.
Au-delà de tout ce qui peut être entrepris et est entrepris, on voit qu'un outil qui est solvabilisé par notre argent, nos cotisations, ne peut à aucun moment faire l'objet d'un droit de regard. Il ne s'agit pas de reprendre la main totalement, mais de dire "non, vous ne pourrez pas décider seuls sans concertation avec les autorités".
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