REPORTAGE VIDÉO - Près d'une centaine de personnes se sont rassemblées ce samedi 5 décembre 2020 place Victor-Hugo à Grenoble pour défendre le maintien du droit à l'instruction en famille. Un rassemblement contre le projet de loi sur les séparatismes prévoyant de rendre l'école obligatoire pour les 3 à 16 ans. Les manifestants ont dénoncé un projet « liberticide, anticonstitutionnel et infondé » visant selon eux, à anéantir un intangible : la liberté d’enseignement.
Ce samedi 5 novembre 2020 à 14 heures, de petits groupes de parents s'affairent à arranger pancartes et banderoles près du petit kiosque trônant place Victor-Hugo.
« L'instruction est obligatoire, pas l'école ! », « Liberté de ne pas aller à l'école ». Ou encore, « Sans diversité éducative point de démocratie », pouvait-on lire sur certaines d'entre-elles.
Ils étaient ainsi près d'une centaine, parents et enfants, à avoir répondu à l'appel de collectifs et associations1Les associations Les enfants d'abord (Led'a), Libre d'apprendre et d'instruire autrement (Laia), Choisir d'instruire son enfant (Cise). Mais aussi l'Union nationale pour l'instruction et l'épanouissement (Unie) et La Fédération pour la liberté du choix de l'instruction et des apprentissages (Felicia) militant pour le maintien du droit à l'instruction en famille (IEF). Cette mobilisation faisait suite à une première vague de manifestations – dont celle de Grenoble – ayant eu lieu en France au cours du mois de novembre pour faire valoir les droits des enfants.
En cause ? L'annonce, le 2 octobre dernier par Emmanuel Macron, qu’à compter de la rentrée 2021, l’instruction à l’école sera obligatoire dès l'âge de trois ans, à l’exception des cas impératifs de santé. En l'occurrence, l'une des mesures du projet de loi de lutte contre les séparatismes du gouvernement visant notamment à combattre l'Islam radical.
Un projet de loi sur l'instruction « anticonstitutionnel, liberticide et infondé »
Autant dire que cette mesure ne passe pas auprès des familles présentes. Ces dernières l’interprètent comme une volonté « de mettre fin à la pratique de l'IEF au prétexte qu'elle ne respecte pas les principes républicains ». Et dénoncent dans la foulée un projet « liberticide supprimant la liberté pédagogique » garantie par la loi scolaire de Jules Ferry du 28 mars 1882.
Cette dernière loi instaurant l’instruction obligatoire au sein d’établissements scolaires, publics ou privés, ou dans les familles est toujours aujourd'hui en vigueur au titre de l’article L.131-2 du Code de l’éducation. Dans ce cadre, l’instruction peut être effectivement dispensée par les parents ou toute autre personne de leur choix et ce sans qu’aucun diplôme ne soit requis.
En outre, les défenseurs de l'IEF estiment la mesure totalement infondée. En effet, argumentent-ils, « l'IEF et les écoles hors contrat sont déjà largement contrôlées par l'État ». De plus, appuient les familles s'insurgeant contre l’amalgame entre ce mode d’apprentissage et la radicalisation djihadiste, « aucun lien n'a mis en évidence l'instruction hors école et la radicalisation ».
Un principe intangible : la liberté de l'enseignement
Pour les manifestants qui considèrent que le projet gouvernemental « est contraire aux principes de la Constitution française », nul besoin de tergiverser. « La liberté de l'instruction, affirment-ils avec force, revient en premier lieu aux parents et non à l'État ».
Et, ils le promettent, ils useront de tous l'arsenal juridique disponible pour attaquer cette loi « visant à remettre en cause un principe intangible : la liberté d'enseignement. »
Retour sur cet événement qui s'est déroulé, contexte éducatif oblige, dans une ambiance bon enfant autant que festive. Le tout sur fond de capoeira et de musique brésilienne.
Joël Kermabon
1 Les associations Les enfants d'abord (Led'a), Libre d'apprendre et d'instruire autrement (Laia), Choisir d'instruire son enfant (Cise). Mais aussi l'Union nationale pour l'instruction et l'épanouissement (Unie) et La Fédération pour la liberté du choix de l'instruction et des apprentissages (Felicia)