FOCUS – Confinement ou pas, le mardi 1er décembre demeure la Journée mondiale de lutte contre le VIH. L’occasion pour la Ville de Grenoble et les associations engagées auprès des personnes séropositives de relayer un message de prévention. Non sans cacher leurs inquiétudes : si le nombre de personnes prises en charge baisse sur l’arc alpin, les dépistages et traitements préventifs ont souffert de la crise sanitaire.
« Une pandémie ne doit pas en faire oublier une autre ». Tel est le message que veulent faire passer les associations d’accompagnement des personnes atteintes de VIH. Un message porté de concert avec la Ville de Grenoble pour la Journée mondiale de lutte contre le Sida, mardi 1er décembre. Si les derniers chiffres régionaux sont encourageants, la crise du Covid fait en effet peser des inquiétudes.
« Le nombre de nouveaux patients pris en charge sur l’arc alpin [Isère, Savoie et Haute-Savoie, ndlr] était en diminution entre 2018 et 2019″, note ainsi Olivier Épaulard, président du CoreVIH1Coordination régionale de la lutte contre l’infection due au VIH. Arc alpin, et infectiologue au CHU Grenoble-Alpes. En 2018, 119 personnes avaient été prises en charge, contre 80 en 2019. À l’heure actuelle, un peu moins de 3000 personnes sont reconnues positives au VIH sur l’arc alpin, ajoute-t-il.
Baisse des dépistages et des traitements préventifs contre le VIH
Des éléments prometteurs, en particulier quand les structures se sont fixé pour objectif des Alpes sans Sida d’ici 2030. Objectif toujours atteignable, estime Emmanuel Carroz. Plus de nouveaux cas de Sida sur les trois départements d’ici dix ans ? « On y croit, grâce à la mobilisation des associations et des professionnels de santé », déclare l’adjoint de la Ville de Grenoble. À condition de maintenir un bon niveau de prévention et de dépistage.
C’est pourquoi la crise sanitaire liée au Covid-19 inquiète. « Le recours au dépistage VIH s’est littéralement effondré en France : près de 650 000 tests (…) en moins entre janvier et septembre 2020 par rapport au nombre attendu », écrit le CoreVIH. Tout aussi grave : le recours au traitement préventif est lui aussi en baisse. « Parce que c’est moins simple d’avoir une consultation par temps de saturation des services de santé », souligne Olivier Épaulard.
Pas question dès lors de baisser les bras, jugent les associations. « Tout le travail que l’on fait, ça peut vraiment repartir à l’envers », insiste Emmanuel Carroz. Qu’il s’agisse des actions de prévention, d’éducation sexuelle auprès des plus jeunes, mais aussi de la lutte contre la sérophobie, les différentes structures entendent se mobiliser. Depuis l’association Tempo à Sida Info Service, en passant par Aides ou SOS Homophobie.
Des actions de sensibilisation malgré le confinement
Reste que le confinement ne permet pas autant d’actions de sensibilisation qu’à l’ordinaire. « On ne peut pas proposer les mêmes choses, on s’adapte et on fait au mieux de ce qu’on peut faire », explique Iris Arnulf, de l’association Tempo. Une association qui sera tout de même présente au lycée Champollion, le 1er décembre au matin, pour mener une action de distribution de préservatifs auprès des plus jeunes.
Et puisque les transports en commun circulent (presque) normalement, la Journée de lutte contre le Sida est une fois encore l’occasion de voir un « tram capote » circuler sur le réseau de la Tag. Soit un tramway décoré aux couleurs de la prévention… et de la protection. Le message ? « Comme pour la Covid, il y a des moyens de se protéger [du VIH]. Ce n’est pas une fatalité ! », résume Emmanuel Carroz.
Labellisée Ville engagées contre le Sida, la municipalité grenobloise annonce encore d’autres actions symboliques. À commencer par un visuel sur la façade de l’Hôtel de Ville, la diffusion sur Instagram d’un message made in Tempo, ou une décoration spécifique via projection laser de la Tour Perret. Plus concrètement, la Ville a également acheté et diffusé aux associations 110 auto-tests VIH, pour un montant de 1500 euros.