FOCUS – La 5e édition des Rencontres Business Hydro qui devait se tenir le 10 novembre prochain est remplacée par un événement en ligne, le e‑Business Hydro. Le thème retenu ? L’Hydro 4.0, à savoir l’hydroélectricité à l’heure du numérique. Alors que la crise du coronavirus redessine les contours de leurs perspectives économiques, les acteurs de l’hydroélectricité convergent en effet vers une double transition : écologique et numérique.
« Un des principaux atouts de l’hydroélectricité, c’est qu’il permet une meilleure intégration environnementale et une amélioration des performances techniques grâce aux innovations et aux nouvelles technologies. » C’est avec ces mots que Roland Vidil, président d’Hydro 21, a introduit son propos dans le cadre d’une conférence organisée le 24 septembre dernier par cette association qui fédère les compétences de la région Auvergne-Rhône-Alpes en hydraulique et hydroélectricité. Le tout en présence des nombreux acteurs industriels de la région comme EDF Hydro Alpes, General Electric ou encore Ponticelli Frères.
« Grenoble, berceau de la houille blanche »
Emmanuel Peret, directeur général de la société CIC Orio, en est convaincu : le projet de collaboration porté par Hydro 21 peut être « un véritable levier pour faire rayonner la région Rhône-Alpes et atteindre nos objectifs de mix énergétique [passer à 30% d’énergies renouvelables, ndlr] ». Les industriels ne manquent pas de vanter les atouts du paysage alpin. Selon eux, il se prête parfaitement au projet : « On a de la chance d’avoir des montagnes et des fleuves », a rappelé le responsable de CIC Orio. Quant à Antoine Paray de l’entreprise Artelia, il insiste, chiffres à l’appui, sur « les ressources durables et quasi-illimitées » qu’offre la région. À elle seule, la région Auvergne-Rhône-Alpes comptabiliserait environ 50 % du potentiel hydroélectrique français…
L’hydroélectricité doit surfer sur la vague numérique et l’écologie
« Aujourd’hui, la crise sanitaire soulève le besoin de gérer ces équipements à distance et de limiter un maximum le personnel présent sur le site », explique Sylvain Grillet, directeur général de General Electric Renewable Energy. Plus poétique, le président de l’entreprise Automatique & Industrie, Pascal Mioche, prévient que « nos lacs bien tranquilles doivent être préparés pour faire face au tsunami numérique qui se profile ».
Des « capteurs et logiciels sont développés pour la collecte et le traitement des données des bassins d’alimentation afin de mieux prévoir la ressource hydrique. », rappelait déjà l’association dans une tribune, le 30 mai dernier. Sylvain Grillet précise l’objectif de cette hybridation « Enernet » [internet de l’énergie, ndlr] : « Pour accompagner les exploitants de centrales électriques dans leur transition digitale, on utilise le Machine Learning. »
L’idée ? Exploiter le potentiel du Big Data (bases de données massive récoltées sur les parcs industriels) couplé aux capacités de calculs vertigineuses des algorithmes. Avec un objectif : mettre en route des machines autonomes qui anticipent et désamorcent les défauts d’équipements sur les parcs. Prédiction, augmentation de l’efficacité et réduction des coûts seraient ainsi les nouvelles clefs de la croissance verte d’après Sylvain Grillet.
Une leçon post-Covid-19 pour le secteur hydroélectrique ?
Souhaitant alerter sur les dangers de la désindustrialisation, Roland Vidil risque un parallèle entre la crise des masques des mois derniers et la nécessité de développer un secteur hydroélectrique indépendant : tous deux relevant de « services publics » selon Hydro 21.
À ce propos, l’association souligne dans sa tribune que « la crise du coronavirus met en lumière la vulnérabilité économique et sociétale qu’engendre une mondialisation non maîtrisée. […] Une réaction s’impose avant qu’une nouvelle fois notre pays soit victime d’un manque d’anticipation. »
Son président regrette toutefois que le secteur hydroélectrique soit trop souvent déconsidéré dans le débat public : « Quand on parle d’énergies renouvelables, les gens pensent intuitivement à l’éolien ou au solaire. Nous avons le sentiment d’être souvent oubliés. » Pour toutes ces raisons, elle souhaite se rapprocher des collectivités territoriales et des pouvoirs publics afin de leur proposer « un véritable argumentaire » qui permettrait de développer la filière.
Une opération de lobbying sur laquelle les acteurs industriels de l’hydroélectricité alpine ne manqueront pas de revenir le 10 novembre prochain à l’occasion des 5es rencontres Business Hydro 2020 de façon virtuelle.