FOCUS – Le 27 octobre 2019, l’annonce du décès accidentel d’Alain Gatheron frappait de stupeur et de tristesse tous les amoureux du festival œnologique et musical Le Millésime, dont il était le fondateur. Un an plus tard, et malgré la crise sanitaire, le festival compte bien rendre hommage à cet homme qui a profondément marqué tous ceux qui l’ont connu, à travers un concert prévu le samedi 21 novembre.
« Alain n’a pas eu d’enfants, mais il laisse derrière lui un sacré paquet d’orphelins », estimait un ami proche, peu après sa brutale disparition. Le 27 octobre 2019, Alain Gatheron, fondateur du festival Le Millésime, venait de trouver la mort dans un accident de moto, à la grande stupéfaction et tristesse de ses proches, amis et collaborateurs. Soit huit jours après la clôture du festival. Un rendez-vous incontournable pour les amoureux de musique et de vin, qui fêtait en 2019 sa 25e édition. Et qui n’aura pas survécu à la mort de son fondateur.
Le Covid-19 et l’arrêt du Millésime dans sa forme traditionnelle n’ont pas entamé la volonté de ses organisateurs de saluer la mémoire du fondateur du festival. Ils avaient organisé un concert hommage en son honneur samedi 10 octobre, place Saint-André à Grenoble. Mais de nouvelles mesures sanitaires sont venues perturber la tenue de ce moment d’hommage musical, finalement repoussé au samedi 21 novembre. Le lieu sera communiqué ultérieurement sur le site du Millésime et sur sa page Facebook.
La Cinquième de Beethoven en hommage
Initialement prévue pour ouvrir la 26e édition du Millésime, la Cinquième symphonie de Beethoven sera interprétée par un orchestre pour le moins disparate, réunissant des étudiants des conservatoires d’Eybens et de l’agglomération, des musiciens amateurs de l’orchestre symphonique Ose d’Eybens, et encore des musiciens professionnels. Le tout sous la direction de Christine Antoine.
« Préparer ce concert a été pour eux un véritable tour de force dans le contexte de crise sanitaire que nous connaissons », écrit l’association. Non sans saluer le travail d’une cheffe d’orchestre « inspirée par l’énergie et le charisme que mettait Alain Gatheron dans son engagement sans limites dans le Festival le Millésime, et par leur complicité durant toutes ces années ».
Qui était Alain Gatheron ? Un homme qui a su s’attirer la sympathie et l’amitié de beaucoup dans l’agglomération, au vu du très grand nombre de personnes venues lui rendre un dernier hommage. Un homme « reconnu pour cette capacité a vivre librement ses passions, à les croiser, les mélanger, les partager avec une grande simplicité », dira notamment de lui Éric Piolle. Et le maire de Grenoble de souligner encore la « complicité immédiate » qu’il créait, « même quand il était au contact des institutions ».
Alain Gatheron, un homme libre, généreux et engagé
La liberté, tel est bien le maître mot qui ressort des portraits que chacun dresse d’un personnage au caractère « inimaginable », s’amusera l’un de ses amis. Libre, mais sans une once d’égoïsme. « Il se sentait véritablement responsable du bien-être de chacun de ses proches », poursuit-il. Et de ses élèves ? Alain Gatheron était en effet professeur à l’école Supcréa de Grenoble. « Je pense que toute personne qui a connu Alain de près ou de loin se souviendra d’un homme bon qui savait marquer les esprits par sa générosité et sa pédagogie », écrit l’un d’eux.
Une liberté à l’origine aussi de ses prises de position politique. Le père du Millésime est issu d’une génération qui plaçait ses espoirs en François Mitterrand… avant de déchanter. Son ami de longue date Philippe Descamps, rédacteur en chef adjoint du Monde diplomatique, décrit un homme ancré à gauche, sinon à gauche de la gauche. Contre la guerre du Golfe en 1991. Le Traité de Maastricht, jugé trop libéral, en 1992. Le traité de constitution européenne pour les mêmes raisons en 2005. Et qui voyait d’un (très) bon œil le mouvement des Gilets Jaunes.
Un homme enfin qui aimait la musique et le vin, s’il faut encore le rappeler. Et qui aura offert à Grenoble un festival pas comme les autres, à la rencontre des saveurs et des mélodies. Ainsi que le résume un ami musicien : « Tu avais à cœur de nous rendre moins morose ce début d’automne, et chaque feuille morte était pour toi le début d’une nouvelle chanson, d’une nouvelle composition, d’une nouvelle aventure ». Quelques dernières paroles, avant d’entonner, comme en avait l’habitude Alain Gatheron lui-même, Les Copains d’abord de Georges Brassens.