EN BREF – Le maire de Grenoble adresse une lettre à Olivier Véran, ministre de la Santé, où il s’interroge sur la réelle volonté de dialogue du gouvernement vis-à-vis des collectivités. Et appelle l’État à davantage de transparence quant aux scénarios envisagés face à l’épidémie de Covid-19, notamment dans les secteurs les plus touchés.
« Un esprit taquin pourrait faire valoir que de concertation, il n’en est au fond pas vraiment
question, et que l’État cherche […] à donner à croire que les collectivités sont dans un premier temps écoutées avant d’être, in fine, tenues pour responsable de la situation sanitaire de leur territoire ». Ainsi s’exprime le maire de Grenoble, dans un courrier en date du 6 octobre 2020, adressé au ministre de la Santé Olivier Véran.
Éric Piolle compte-t-il parmi ces « esprits taquins » ? L’édile s’interroge en tout cas sur les « points problématiques » faisant suite à son entrevue avec le Premier ministre, le jeudi 1er octobre. Une rencontre par visioconférence entre Jean Castex et plusieurs maires de France pour anticiper un passage en alerte maximale et « travailler de concert et en toute transparence », pour reprendre les termes du maire de Grenoble.
Éric Piolle demande un temps plus long pour évaluer les mesures prises
Reste qu’Éric Piolle exprime à présent des doutes sur les intentions réelles du gouvernement. « Quelques minutes après votre intervention, le Premier ministre a annoncé que si les mesures que nous prendrions n’avaient pas les effets escomptés, l’État déciderait de ce qu’il convient de faire », écrit-il à Olivier Véran. Soit sans prendre en compte le décalage naturel entre une stratégie et ses effets sur l’épidémie ?
« Comment peut-on évaluer des mesures ou des choix stratégiques dans un délai inadapté à la concrétisation de ces mesures ? », demande dès lors Éric Piolle. Qui plaide pour « un temps plus long accordé aux collectivités pour évaluer véritablement l’impact des choix qu’elles préconisent à l’État et à vous-même ».
Un défaut de transparence
Autre point jugé problématique : un défaut de transparence vis-à-vis des élus comme de la population. Le maire de Grenoble fustige ainsi « l’absence de connaissance […] des scénarios que l’État élabore pour les semaines et mois qui viennent ». Et notamment sur les scénarios de reconfinement partiel. En prenant pour exemple la mise en place de couvre-feus, de confinements sur certains territoires ciblés, ou encore pour certaines catégories d’âge.
« Ces scénarios, nous devons les connaître, les citoyens et les citoyennes doivent les connaître », insiste Éric Piolle. Qui croit peu en un effet de panique, mais considère au contraire qu’une telle connaissance pourrait « rassurer » et « donner à l’ensemble de la population des prises de compréhension sur cette situation ».
Des semaines et des mois « d’une violence inouïe »
Pas si rassuré que cela, le maire de Grenoble prévoit pour sa part des « semaines et mois qui viennent […] d’une violence inouïe ». Le Covid ? Pas seulement. Éric Piolle craint surtout « l’épidémie de pauvreté et de violence, physiques et sociales qui s’annonce ». Et qui viendrait s’ajouter aux situations de précarité, de chômage, de violences conjugales ou de ruptures de prises en charge déjà observées à la suite du confinement.
« Une plus grande transparence et une plus grande écoute ne peuvent nuire à la gestion de la pandémie, elles sont la réponse à ce bouleversement total de nos sociétés », considère enfin le maire de Grenoble. Qui attend donc de l’État « davantage d’informations », pour mieux « travailler à amortir le choc et face à cette vague d’une autre nature qui arrive ».