FOCUS - Le partenariat passé entre la Région Auvergne Rhône-Alpes et Vinci autour des autoroutes bas carbone fait s'étrangler les groupes d'opposition de gauche. Entre greenwashing et nouvelles facilités octroyées au privé, les élus fustigent une contrepartie qui est loin d'être gratuite. Sur fond d'élections régionales.
En Auvergne Rhône-Alpes, Vinci a l'ambition de développer des autoroutes bas carbone. Mais le partenariat signé en commission permanente le 17 septembre avec la Région passe mal. Notamment auprès des groupes d'opposition de gauche qui, à l'unanimité, dénoncent une opération de greenwashing.
« Tout le monde fait des grandes déclarations sur le climat, Laurent Wauquiez également. Mais il y a les paroles et les actes. Ce partenariat avec Vinci est une ineptie », tance Fabienne Grebert, présidente du groupe RCES (rassemblement citoyens, écologistes, solidaires) et membre de la commission environnement.
« La France doit atteindre l’objectif de 75 % de réduction de ses émissions d’ici 2050 par rapport au niveau de 1990, rappelle-t-elle. En Auvergne Rhône-Alpes, le compte n’y est pas. La Région doit investir massivement sur le rail et le fluvial pour proposer un service de mobilité décarbonée. Une autoroute bas carbone, cela n’existe pas. »
« Ce partenariat, c'est de la communication », dénonce le groupe Socialiste et démocrate
La convention, signée pour trois ans avec Vinci, a listé tout un tas de points à développer. Comme faire la promotion du covoiturage en construisant des parkings ad-hoc. Ou étudier la mise en place de voies réservées aux « mobilités partagée » sur les portions congestionnées, à l'instar de celle mise en place sur l'A48, aux portes de Grenoble.
Dans les cartons également, la conversion de la flotte de véhicules légers du géant du BTP à l'électrique, l'hydrogène ou l'hybride. Ou la contribution du groupe au déploiement d'une réseau de bornes de recharge électrique afin d'atteindre une cinquantaine d'ici fin 2020. Ou encore l'étude d'un plan de déploiement d’infrastructures de recharges électriques et de distribution hydrogène. Pêle-mêle, la convention liste aussi des initiatives pour déployer des micro-éoliennes, des panneaux solaires, développer l'éco-pâturage ou installer des ruches.
Moyennant quoi la Région dit vouloir « entamer une réflexion sur l'offre de transport inter-urbaine afin d’améliorer la desserte des aires de co-voiturage et créer ainsi une offre optimisée de rabattement », précise le document.
Beaucoup de promesses d'un côté et un engagement bien maigre de l'autre. Et comme un certain flou. Quelles sont les modalités techniques et surtout financières de ce partenariat ? Pourquoi la Région s'est-elle adossée à cette campagne de Vinci, campagne amorcée en 2019 en région Provence Alpes Côte d'Azur (Paca) ?
« Les écologistes sont aujourd’hui aveuglés par leur sectarisme »
Contactée, la Région botte en touche. « Après les arbres de Noël et le Tour de France, les écologistes s’opposent à la pose de stations hydrogènes et électriques sur nos routes. Alors même que cette convention ne coûte pas un euro aux habitants de notre région ! Les écologistes sont aujourd’hui aveuglés par leur sectarisme », souligne-t-elle dans une réponse copiée-collée à tous les médias.
L'opération sera-t-elle blanche pour les contribuables auvergnats et rhônalpins ? En Paca, la Région pourrait mettre en tout cas la main au porte-feuille. « Nous n’avons pas encore établi un montant d’investissement », soulignait en novembre 2019 le directeur général adjoint de Vinci Pierre Copey au Moniteur.
« Mais certains des projets contenus dans la convention seront pris en charge par les Régions, via les contrats de plan notamment, par l’État et par des tiers-investisseurs. Je pense notamment aux bornes de recharge électrique qui pourraient être financées par des consortiums. Cela va faire l’objet de discussions futures. »
Simple opération marketing pour Vinci ?
En attendant, beaucoup voient dans cette convention un nouveau cadeau fait aux sociétés concessionnaires. Sous forme de compensation. « La convention avec Vinci est un habillage habile d’opérations vertueuses sur le papier mais qui cache une opération communication et marketing sur les aires d’autoroute de la région au bénéfice de la Région », analyse un membre du groupe Socialiste et démocrate.
« En juin 2019, la Région a versé plus de 8 millions d’euros pour construire trois échangeurs autoroutiers à Vinci qui bénéficie pourtant d’une concession de l’État et dont les investissements sont précisément censés être rémunérés par cette concession déjà fortement rémunératrice. »
C'est justement par le truchement du contrat de plan État-Région que le financement des infrastructures s'est opéré.
Dans l'Ain, la Région a ainsi financé 4,2 des 21 millions d'euros de l'échangeur de Vienne-Sud. Dans la Drôme, 2 des 23,5 millions d'euros de l'échangeur Drômardèche et 2 des 20 millions d'euros de celui de Pierrelatte.
Des équipements financés en grande partie par les deniers publics – Région mais aussi départements voire communautés de communes – et dont se félicitaient les élus drômois, de gauche, lors de leur validation.
Qui y perd, qui y gagne ? Sur fonds d'élections régionales, alors que la gauche ne fait pas mystère de ses velléités à présenter un front uni pour battre Laurent Wauquiez, la question devient vite politique. Le préfet a d'ailleurs jugé bon de reporter après mars 2021 l'enquête publique qui doit précéder les travaux de l'échangeur de Vienne Sud.
Le Sénat pointe la rentabilité hors normes des concessions d'autoroute
En attendant, les autoroutes ne sont pas prêtes de retomber dans le giron public. « Ce dossier est en contradiction avec la volonté de faire revenir dans une gestion publique les autoroutes qui sont une source de profit maximum pour Vinci alors que cet argent devrait être redirigé vers le développement des transports collectifs et décarbonés », pointe François Jacquart, élu PCF à la Région et membre de la commission Environnement.
Le 18 septembre, un rapport des sénateurs pointait une nouvelle fois la « rentabilité hors normes » des concessions d'autoroute. Avec l'espoir qu'une telle rentabilité puisse permettre de verdir les autoroutes via « des modulations tarifaires et des investissements en faveur des véhicules propres, du covoiturage et des transports collectifs », souligne le rapport repris par Public Sénat. Une démarche qui reste au bon vouloir des sociétés.
Patricia Cerinsek
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« La Région doit investir massivement sur le rail et le fluvial pour proposer un service de mobilité décarbonée. Une autoroute bas carbone, cela n’existe pas. » For God’s sake, qu’ils se taisent. Ces Messieurs Dames ne s’arrêteront pas tant qu’il n’auront pas tué notre économie. Si c’est vraiment nécessaire de diminuer la circulation, il faut augmenter les tarifs d’autoroute. Ca sera une sorte de la selection sociale, où les moins aisés seront préférentiellement punis par les gauchistes pseudo écolo. Ils l’ont bien mérité en votant pour les pastèques.
L’électricité décarbonée de Fessenheim aurait pu être réallouée à la production d’hydrogène pour les véhicules 100% propres (le seul rejet est de l’eau). Zéro gaz à effet de serre, zéro pollution atmosphérique. Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis.
https://www.cnews.fr/monde/2020 – 06-26/la-porte-parole-dextinction-rebellion-devient-lobbyiste-pour-lenergie-nucleaire
Le réchauffement climatique est un problème qui nécessite des solutions qui marchent, pas des incantations.