REPORTAGE VIDÉO - Après une longue parenthèse due à la crise sanitaire, les syndicats appelaient à la grève et à la manifestation ce jeudi 17 septembre 2020. Une rentrée syndicale marquée à Grenoble par une manifestation qui a rassemblé 2 000 personnes selon les syndicats, 900 pour la police. Au nombre des revendications : la lutte contre le plan de relance gouvernemental, les licenciements, la « casse du système social » et pour la hausse des salaires. Mais ce n'est que le début…
Ce jeudi 17 septembre 2020 marquait la rentrée syndicale partout en France, après la longue parenthèse due à la crise sanitaire du coronavirus. Ainsi, plusieurs syndicats – dont la CGT, Solidaires, UEG, CNT, Unef et UNL – avaient-ils appelé à une mobilisation interprofessionnelle et à la grève pour tenter de reprendre la main.
À Grenoble, une manifestation réunissant 2 000 personnes selon les syndicats (900 pour les autorités) est partie de la gare pour rejoindre dans le plus grand calme l'anneau de vitesse. Une mobilisation honorable dont les organisateurs se félicitent mais qui, somme toute, reste modeste eu égard aux enjeux sur les plans économique et de l'emploi. Notamment avec l'annonce d'une seconde vague, sociale celle-là, induite par une crise sanitaire qui n'en finit pas.
Rentrée syndicale : « C'est nous qui produisons, c'est nous qui décidons ! »
« Venez masqués mais non muselés ! Passez de la parole aux actes ! », invitait l'intersyndicale en soulignant « l'urgence sociale ». De fait, dénonce la CGT, « la crise sanitaire a démontré l’impasse que représente le système économique capitaliste pour notre société, pour le développement humain durable ». Quant au syndicat Solidaires, il juge urgent « de reprendre la lutte et le chemin de la rue » car « une rupture profonde s'impose ».
Pour les syndicats, « les restructurations, les licenciements et les fermetures d’entreprises sans causes réelles et sérieuses » sont autant de coups de poignard dans le tissu social illustrant « [le] sacrifice des salariés sur l'autel de la compétitivité et du rendement à court terme ».
Mais pas seulement. L'intersyndicale dénonce également « la casse des systèmes de solidarité », le plan de relance gouvernemental et les réformes des retraites et de l'assurance chômage, toujours d'actualité. Et revendique un nouveau « contrat social », avec notamment la hausse des salaires car, clame la CGT « c’est nous qui produisons, c’est nous qui décidons ! »
« Nous ne savons pas combien de temps nous allons encore tenir »
Dans le cortège, toute la diversité des branches professionnelles touchées de près ou de loin par la crise sanitaire est représentée. Fonctionnaires territoriaux, enseignants, étudiants, soignants, acteurs culturels... Mais aussi les incontournables gilets jaunes et quelques anti-masques se distinguant de la grande majorité des manifestants qui en portaient un.
Derrière la banderole de tête, Sara Fernandez, infirmière au CHU de Grenoble, militante CGT. « Le personnel est toujours en souffrance, les choses sont loin de s'améliorer. Nous ne savons pas combien de temps nous allons tenir », déclare-t-elle. Le Ségur de la santé ? « Nous n'en percevons pas les effets, sinon une petite augmentation de salaire », déplore l'infirmière.
Dans ce contexte, il y a fort à parier que d'autres grèves et mobilisations suivent. Et, au vu des multiples annonces de suppressions d’emplois, fermetures ou mises en liquidation, la seconde vague sociale annoncée pourrait alors bien tourner au tsunami ces prochains mois.
Joël Kermabon