FOCUS - Depuis la crise sanitaire et le confinement, l’envie de nature des Français est plus forte que jamais. Et le Vercors compte bien capitaliser sur l’effet grand air pour renforcer son attractivité grâce à une pratique issue du début du XXe siècle : le climatisme.
Le Vercors va accueillir la plus grande réserve de vie sauvage de France. © Aspas - Reynaud
"Quinze jours à Autrans, la santé pour un an » ou encore "Villard-de-Lans, paradis des enfants ». Ces slogans ont fait la renommée du Vercors dans les années 1920. Terre d’accueil des enfants fragiles ou malades de la tuberculose, ce territoire de moyenne montagne était réputé guérir grâce aux vertus de son écosystème naturel. C'est que l'on a appelé le climatisme. Une pratique qui pourrait redevenir au goût du jour grâce à des travaux scientifiques confirmant ses bienfaits.
L'atout santé comme premier facteur d’attractivité
Samuel Vergès, chercheur Inserm à l’Université Grenoble-Alpes, témoigne ainsi de l’intérêt scientifique grandissant porté à l’impact de l’environnement sur la santé. "Au-delà de l’effet de la qualité de l’air sur la santé, il faut aussi s’interroger en termes de température, d’exposition aux allergènes ou encore de quantité d’oxygène dans l’air… On s’intéresse ainsi à l’altitude pour mesurer l’impact sur l’organisme, notamment sur les bienfaits du manque d’oxygène », précise le chercheur.
Samuel Vergès, chercheur Inserm à l'Université Grenoble-Alpes. © Communauté de communes du massif du Vercors
Des travaux qui ne sont pas passés inaperçus aux yeux d’Isère attractivité. Sa présidente, Chantal Carlioz, ex-maire de Villard-de-Lans, compte ainsi signer une convention avec le chercheur pour apporter la preuve scientifique du lien entre santé et moyenne altitude. Le but ? Attirer les touristes grâce aux nouvelles attentes de l'après-Covid-19 : la proximité, mais aussi le besoin de grand air et d'évasion.
Le Vercors mise sur son attrait naturel pour répondre au besoin de grand air des Français. © CCMV
En effet, mettre en avant une triple exigence de liberté, de santé et de préservation de l’environnement a tout d’un pari gagnant dans la plus grande réserve naturelle française.
D’autant que l’Isère a connu une relocalisation du tourisme cette année en raison de la situation sanitaire, avec une fréquentation en hausse de 15 %.
Le Vercors, bientôt leader du nouveau climatisme ?
"Le climatisme redevient tendance au moment où la montagne doit se réinventer !, se réjouit Chantal Carlioz. Quoi de plus facile dans le Vercors ? Il lui suffit de rester fidèle à lui-même et à sa vocation, son ADN, tout en répondant aux exigences d’avenir », explique-t-elle.
Chantal Carlioz, président d'Isère attractivité et vice-présidente du Conseil départemental en charge de la montagne. © Communauté de communes du massif du Vercors
"Le Vercors a été pionnier du climatisme, il doit devenir leader de ce nouveau climatisme. Et, s’il y arrive, il pourra asseoir son économie à l’année », présage-t-elle. Un espoir qui se base sur un autre atout du territoire : son expertise dans le sport. En effet, le Vercors est une terre de champions qui a mené de nombreux sportifs au sommet de leur discipline. Il mise donc sur son expertise et ses équipements pour poursuivre dans cette voie.
Le sport en ligne de mire
Ainsi, Jean Lambret, responsable du site nordique de Corrençon-en-Vercors, vante la mise en place d’une école de ski avec un accès grand public et haut niveau. Mais aussi la qualité de son stade de biathlon et de la piste de ski-roues pour que les sportifs de haut niveau puissent s’entraîner toute l’année.
Le Vercors mise sur son expertise sportive pour redynamiser le territoire, notamment grâce à des infrastructures comme le site nordique de Corrençon-en-Vercors. © Communauté de communes du massif du Vercors
Une qualité appréciée d’Émilien Jacquelin, double champion du monde de biathlon : "Grâce à son cadre et sa météo clémente, le Vercors nous permet de pratiquer le plus souvent sous le beau temps. Pour moi, c’est vraiment l’endroit numéro 1 pour s’entraîner. »
La montagne dans le cœur
Mais c’est aussi l’attachement à leur terre qui retient les sportifs. "Grandir en pleine montagne c’est un peu l’école buissonnière, compare Émilien Jacquelin. On en apprend plus sur la vie que lorsqu’on est en ville. Je voyage beaucoup mais je n’ai jamais trouvé un endroit aussi sauvage et développé à la fois. Quand je reviens dans le Vercors, je me dis que j’ai de la chance de vivre ici et d’avoir pu grandir ici, dans ce territoire d’une beauté magnifique et naturelle. Il y a un côté idyllique que je suis content de voir préservé », confie-t-il.
Émilien Jacquelin, double champion du monde de biathlon. © Communauté de communes du massif du Vercors
Une préservation essentielle aux yeux de Michaël Kraemer, vice-président de la communauté de communes du massif du Vercors.
"Le Vercors est un territoire fort de la montagne française et nous avons fait des choix assumés en faveur du développement durable. Tous nos futurs choix devront inclure cette dimension », affirme-t-il.
Anissa Duport-Levanti
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Depuis des siècles, on sait que la montagne, le sport et la qualité de l’air de nos forêts et alpages permettent de reconstruire sa santé.