FOCUS — Nouveau règlement de comptes dans l’agglomération grenobloise ? Dans la nuit du lundi 3 au mardi 4 août, un homme de 27 ans a été abattu à Eybens à la suite d’un véritable guet-apens. Un assassinat qui s’inscrit dans une longue lignée, et qui amène une nouvelle fois le syndicat Alliance Police de Grenoble à réclamer des moyens humains et matériels supplémentaires.
Un nouveau mort par arme à feu sur l’agglomération grenobloise. Dans la nuit du lundi 3 au mardi 4 août, un homme de 27 ans a trouvé la mort à Eybens, pris dans un guet-apens. Un assassinat qui survient deux jours après la mort d’un homme de 29 ans abattu en pleine rue à Grenoble… et un mois après celle d’un homme de 22 ans, tué par balles à la Villeneuve. Il s’inscrit en outre dans une longue lignée de faits divers, avec notamment des fusillades quartiers Mistral ou Saint-Bruno.
Selon les premiers éléments de l’enquête, l’homme était à bord d’un véhicule qui a été contraint de s’arrêter en raison d’obstacles disposés sur la route. Tandis qu’un autre passager tentait de libérer le passage, un homme encagoulé a fait feu sur le côté droit de la voiture. D’abord avec une arme de type fusil à pompe, ensuite avec un plus petit calibre. Huit impacts ont été relevés sur le véhicule, et quatre « orifices d’entrée » ont été identifiés sur le corps de la victime.
Un nouveau règlement de comptes ?
Les faits, rapportés par le procureur de la République adjoint de Grenoble, laissent à penser que seul le passager à droite du conducteur était la cible du tireur. Le conducteur du véhicule n’a, pour sa part, essuyé que des blessures légères. La victime de l’assaut, indique encore l’institution judiciaire, était « connu[e] des services de police et de justice pour des délits de droit commun et actuellement sous contrôle judiciaire d’un juge d’instruction de Grenoble pour des faits de violences aggravées ».
Yannick Bianchéri, du syndicat Alliance Police Nationale, note six homicides ou tentatives d’homicide du même acabit sur Grenoble en l’espace d’un mois. « Ce n’est pas anodin, même si nous sommes tristement habitués à avoir des règlements de comptes sur l’agglomération grenobloise », estime le policier. Pour qui il est possible, sans naturellement pouvoir l’affirmer avec certitude, que certaines des affaires puissent être liées entre elles.
« On peut supposer qu’elles aient un lien, entre riposte ou vengeance », note ainsi le policier. Autre scénario possible ? « Beaucoup individus ont été libérés de prison au vu du confinement. Forcément, ces individus avaient des places dans certains quartiers, et quand ils sortent ils essayent de récupérer leurs places », explique encore le syndicaliste. Qui insiste toutefois : « On ne peut rien affirmer encore. »
Alliance demande des moyens humains et matériels supplémentaires
Une chose est certaine pour Yannick Bianchéri : la police n’a pas les moyens de faire son travail sur Grenoble, et n’est pas suffisamment prise en compte par l’État. « Depuis qu’il a été nommé ministre de l’Intérieur, on a pu voir monsieur Darmanin se déplacer là où des individus exhibaient leurs armes ou tiraient en l’air. À Grenoble, la différence, c’est qu’ils sortent les armes pour tirer et pour tuer ! », s’alarme-t-il.
Quelle réponse nécessaire, selon le syndicat Alliance ? Plus de moyens humains et matériels. La question des effectifs demeure le nerf de la guerre. « Avec le jeu des mutations et des départs, on va encore se retrouver en déficit en septembre », dénonce Yannick Bianchéri. Et d’ajouter : « Il nous faut des effectifs pérennes pour que l’on puisse occuper toute l’agglomération grenobloise. La population a droit à la sécurité sur toute l’agglomération ! »
Le syndicaliste adresse également des reproches à l’institution judiciaire : « Les collègues sont fatigués d’interpeller des individus qu’ils voient ressortir libres. »
Sans surprise, le syndicaliste demande à ce que des peines maximales soient prononcées pour les crimes et délits. « Et que ces peines soient réellement exécutées, que l’on ne les laisse pas libres parce que l’on manque de place, ou autres philosophies bien pensantes », ajoute-t-il.
Enfin, le policier n’oublie pas d’égratigner la municipalité grenobloise. « Quand on a un maire dont on connaît la position sur les caméras, qui a des idéologies qui l’éloignent de la sécurité de ses concitoyens, c’est sûr que ça n’aide pas ! », lance-t-il. Yannick Bianchéri rappelle notamment les épisodes de la fresque « anti-police » ou de l’exposition contre le contrôle au faciès. Et considère que le maire de Grenoble devrait armer sa police municipale pour lui donner les moyens d’être « actrice de la sécurité ».