EN BREF — Décédée mardi 28 juillet à l’âge de 93 ans, l’avocate et militante féministe Gisèle Halimi a bien connu l’Isère. Pour en avoir été députée entre 1981 et 1984. Mais aussi pour avoir défendu à Grenoble en 1973 le docteur Annie Ferrey-Martin. L’annonce de sa disparition a notamment suscité les hommages d’Éric Piolle, de Christophe Ferrari, d’Émilie Chalas… et d’Alain Carignon.
La « tristesse » et la « vive émotion » : c’est par ces mots que des figures politiques de Grenoble saluent le décès de Gisèle Halimi. L’avocate et militante féministe franco-tunisienne s’est éteinte le 28 juillet 2020, au lendemain de son 93ème anniversaire. Des hommages d’autant plus logiques que Gisèle Halimi a compté politiquement en Isère, pour avoir été députée de sa quatrième circonscription entre 1981 et 1984.
En 1973, Gisèle Halimi était déjà à Grenoble, en tant qu’avocate. Après le retentissant procès Bobigny, elle venait défendre le docteur Annie Ferrey-Martin, inculpée pour avoir pratiqué des avortements clandestins. « L’affaire de Grenoble, c’est l’affaire de Choisir », déclarait-elle alors à la télévision. Choisir, du nom de l’association en faveur de la dépénalisation de l’avortement, qu’elle avait cofondée en 1971. Deux ans plus tard, Annie Ferrey-Martin était relaxée.
Les hommages d’Éric Piolle, de Christophe Ferrari et d’Émilie Chalas
« Gisèle Halimi incarne cette énergie fondatrice de la République : dans la rue, dans les prétoires, jusqu’au parlement, partout, la liberté n’est pas un cadeau qu’on nous offre. La liberté est une conquête que l’on gagne », déclare Éric Piolle, maire de Grenoble, dans un communiqué. Et de rendre hommage à la militante au nom de la Ville. Tout en présentant ses condoléances à ses proches et à sa famille.
Même tonalité pour le président de la Métropole de Grenoble. « Je tiens à saluer la mémoire d’une infatigable militante de la cause des femmes, qui a consacré sa vie à défendre leurs droits et plus particulièrement la dépénalisation de l’avortement », écrit Christophe Ferrari. Avant de rappeler les termes de la plaidoirie de Bobigny. Dans laquelle l’avocate dénonçait une « surexploitation » des femmes « vieille de plusieurs siècles ».
La députée de l’Isère Émilie Chalas n’est pas en reste. « Je salue une figure progressiste, ardente défenseur des droits et de la liberté des femmes », écrit-elle. Avant de rappeler, opportunément, qu’Emmanuel Macron « a décidé de faire de l’égalité femmes-hommes une grande cause de son quinquennat ». Et de promettre « de porter, sans fléchir, la voix des femmes sur les bancs de l’Assemblée nationale et dans les territoires ».
Quand Alain Carignon prend la pose aux côtés de Gisèle Halimi
Hommage plus inattendu, et qui risque de faire grincer des dents, celui d’Alain Carignon. Membre du RPR dans les années 80, l’ancien maire et député grenoblois a eu l’occasion de s’opposer à Gisèle Halimi. Qui fut pour sa part élue sous bannière du Parti socialiste.
« Mais sa rage de vaincre, sa force en défense de causes alors désespérées ne pouvaient qu’entrainer l’admiration », écrit aujourd’hui le conseiller municipal d’opposition de Grenoble.
Toujours prompt à mettre en avant ses archives, Alain Carignon produit une photographie où il se tient aux côtés de Gisèle Halimi. « Dans les années 80, elle a accepté de m’accompagner en Algérie avec Luc Ferry afin d’analyser ensemble la montée de l’islamisme radical », illustre-t-il. Vantant un regard « si aigu et lucide » que le leader du FIS* « refusa de la rencontrer de peur de sa colère ».
Florent Mathieu
* Front islamique du salut