REPORTAGE VIDÉO - Ce jeudi 9 juillet 2020, la section « handi-citoyens » de l’Alliance citoyenne a organisé une session de collage d'autocollants dans Grenoble. Cette action consistait à sillonner la ville pour déterminer les espaces publics non accessibles aux personnes en situation de handicap. De quoi formuler des demandes précises à la Ville de Grenoble ou à la Métropole concernant l’aménagement de la voirie.
La chaleur accablante de ce jeudi 9 juillet n'a pas dissuadé une vingtaine de personnes handicapées de se retrouver à 17 heures devant la gare pour une « vaste opération de collage » dans la ville, à l'appel du « syndicat (sic) des handi-citoyens » de l’Alliance citoyenne de Grenoble. Une association notamment connue pour ses actions chocs en faveur des femmes voilées, visant à changer le règlement intérieur des piscines pour y autoriser le burqini ou à ouvrir les portes des salles de sport au hijab.
Cette nouvelle action, menée cette fois en faveur des personnes handicapées, visait à mettre en lumière les difficultés et obstacles rencontrés au quotidien entravant « leur liberté de circuler dans l’espace public ». Car, bien que Grenoble soit couronnée du titre de la ville la plus accessible de France, du chemin reste à faire, estiment les militants. « Il reste des quartiers où les déplacements sont difficiles, notamment dans le centre-ville ou à Saint-Bruno », a ainsi constaté Murielle, l'une de ces handi-citoyens.
Repérer les espaces publics inaccessibles
Ainsi, deux heures durant ont-ils sillonné les deux quartiers pointés du doigt, accompagnés d'adhérents valides de l'association. L'objectif ? Déterminer, recenser et géolocaliser les espaces publics inaccessibles ou entravant leur progression.
Voitures mal garées, poubelles encombrant les trottoirs, poteaux et potelets gênant le passage, trous sur la voirie, empiètement des terrasses sur l'espace piéton… Autant d'entraves, certaines insurmontables, pour ces personnes circulant en fauteuil roulant, avec un déambulateur ou à l'aide de béquilles.
La méthode ? À chaque obstacle son étiquette autocollante, choisie selon la gêne occasionnée et collée sur l'objet du délit. Le tout dans une bonne humeur favorisant les contacts avec les passants, souvent curieux d'en savoir plus.
En France, 9 personnes handicapées sur 10 ont des difficultés à se déplacer
L'objectif de cette action ? « Établir un diagnostic des espaces publics accessibles ou non », explique l'Alliance citoyenne. « Il pourra servir de base pour formuler des demandes précises à la mairie ou à la Métropole sur l’aménagement de la voirie », complète l'association.
Reste que l'enjeu est important pour une ville comme Grenoble « où l'on estime à 4 800 le nombre de personnes utilisant un fauteuil roulant », indique-t-elle. De surcroît, selon une étude de l’Ifop de janvier 2020, seulement 30 % des Grenoblois à mobilité réduite « déclarent n’avoir jamais ou rarement subi de gêne dans leurs déplacements ».
À l'échelle nationale, 3,5 millions de personnes sont à mobilité réduite dont 650 000 en fauteuil. « En France, 9 personnes sur 10 rencontrent des difficulté pour se déplacer », alerte l'Alliance citoyenne. Pour autant, le combat des handi-citoyens ne se résume pas à la seule accessibilité des espaces publics.
« On se bat aussi pour que les bailleurs sociaux mettent en place des contrats d’ascensoriste 24h/24h et qu’on ne soit plus prisonniers de nos logements », rappellent-ils.
L'occasion pour l’Alliance citoyenne de porter son message militant, mêlant respect de la loi française et revendication de nouveaux droits pour les femmes voilées. « Que ce soit les femmes portant le voile, les locataires de logements sociaux ou les personnes à mobilité réduite, on se bat tous pour plus de justice et contre les discriminations rencontrées au quotidien ».
Joël Kermabon