REPORTAGE VIDÉO - Le Centre chorégraphique national de Grenoble proposait, ce mardi 7 juillet à 18 heures, une performance concoctée par son codirecteur, Rachid Ouramdane. En l'occurrence, la traversée du funambule Nathan Paulin depuis le toit de l'Hôtel de ville jusqu'à la tour Perret. Un exercice d'équilibre réalisé sur une simple sangle tendue entre les deux édifices et sujette aux caprices du vent.
Rejoindre (ou presque) la tour Perret depuis le toit de l'Hôtel de ville tout en marchant en équilibre sur une sangle tendue entre les deux édifices (highline), c'est fait ! C'est cet exploit qu'a réalisé à deux reprises, en dépit de fortes bourrasques, le célèbre funambule de l'extrême Nathan Paulin, ce mardi 7 juillet 2020 en début de soirée.
Une traversée inédite, tout en équilibre, qui s'inscrivait dans le cadre d'un projet au long cours intitulé Les Traceurs, initié par Rachid Ouramdane codirecteur du Centre chorégraphique national de Grenoble (CCN2). L'idée ? « Réfléchir sur notre capacité à respecter les environnements dans lesquels nous évoluons et qui réunit des sportifs de l’extrême pour produire des pièces in situ », explique le CCN2.
Une ligne à 46 mètres de haut
Quarante-six mètres plus bas, sur les pelouses du parc Paul-Mistral, de nombreux spectateurs avaient les yeux rivés sur le funambule. Certains craignant qu'il ne tombe à cause du vent, d'autres remplis d'admiration, mais sans perdre une miette du spectacle. Tout particulièrement les nombreux enfants ébahis qui avaient profité jusqu'alors des animations de l'Été Oh! parc en cette belle journée estivale.
Nathan Paulin, un funambule de l'extrême aux multiples records du monde
Bien que cette ligne vers la tour Perret soit « emblématique » à ses yeux, Nathan Paulin n'en était pas à sa première traversée. Ce « funambule moderne », ainsi qu'il se présente, aligne en effet une dizaine de records mondiaux et compte parmi les meilleurs de sa discipline. Il a notamment parcouru les 670 mètres séparant la Tour Eiffel du Trocadéro lors d'un Téléthon, sa performance la plus remarquable. Sa plus longue traversée ? Une highline de 1 662 mètres perchée à 300 mètres de haut dans le cirque de Navacelles, en juin 2017. Sans oublier un autre record, celui d'une traversée de 650 m au-dessus du glacier d'Argentière, en Haute-Savoie.
Comment s'est opérée la jonction entre Nathan Paulin et le CCN2 ? Sans grande surprise à l'occasion d'une traversée, mais celle-ci lors du Grand rassemblement organisé par le centre chorégraphique en 2019. « Rachid avait déjà en tête son projet avec des sportifs de l'extrême. Il m'a alors proposé de le rejoindre », se souvient Nathan Paulin.
Une chance, considère-t-il en s'en étonnant rétrospectivement. « Jamais ne n'aurais imaginé pouvoir travailler dans le milieu du spectacle. Surtout pas avec une personne renommée comme Rachid [Ouramdane] », confie Nathan Paulin.
Et des projets avec le CCN2, il y en aura d'autres, confirme le highliner. Notamment à Annecy, sur des forts en Savoie, en Italie ou encore à Montpellier. Et hors CCN2, retour vers les cimes, qu'elles soient naturelles ou urbaines. « J'ai pas mal de projets en haute montage comme une highline aux Aiguilles de Chamonix. Mais aussi un gros projet entre la tour Eiffel et la tour Montparnasse. » Soit une distance de 2,7 km et, peut-être, « l'occasion d'un nouveau record du monde », se prend à espérer Nathan Paulin.
Des événements artistiques tout au long de l'été
Où se situait le lien avec la danse dans cette première étape du projet Les traceurs ? « Le champ chorégraphique m'a amené à penser des événements, des spectacles qui s'attachent à une certaine poésie de l'espace et pas uniquement au corps dansant », explique Rachid Ouramdane. « Bien sûr, j'ai échangé avec Nathan et, à partir de là, à un site à investir. Et, surtout, j'ai travaillé à créer un environnement sonore », complète le chorégraphe.
Un montage sonore construit à partir de témoignages de Nathan Paulin que les spectateurs ont pu apprécier durant les deux traversées. Ce grâce à un lien disponible sur le site du CCN2 permettant de l'écouter sur un smartphone, tout en suivant sa progression du funambule. « Dans ce spectacle-là, je suis beaucoup plus à l'endroit du récit qu'à l'endroit de l'organisation du geste et de la danse », poursuit le chorégraphe.
Reste qu'au sortir d'une « période troublante et troublée », celle du confinement, le CCN2 a souhaité inventer et proposer des événements artistiques adaptés aux circonstances. Au programme ? « Un été en mouvement » pour « continuer à prendre soin les uns des autres », décrit Rachid Ouramdane, qui nous en touche quelques mots.
Joël Kermabon