EN BREF – Quelques dizaines d’enseignants ont manifesté ce jeudi 2 juillet devant le rectorat de Grenoble en soutien à deux de leurs confrères tétraplégiques du lycée Marie-Curie d’Échirolles. En jeu : le refus de l’administration d’aménager leurs horaires, ce qui les oblige à choisir entre un emploi du temps intenable et un demi-salaire.
Nouvelle manifestation devant le rectorat de l’académie de Grenoble, ce jeudi 2 juillet. Les protestataires ? Plusieurs dizaines de manifestants, majoritairement issus de l’équipe éducative du lycée Marie-Curie d’Échirolles, venus apporter leur soutien à deux collègues tétraplégiques. Ces derniers réclament en effet un aménagement de leur temps plein que leur refuse catégoriquement le rectorat. Avec, comme alternative, un temps partiel… avec salaire partiel.
Olivier Morel, l’un des deux professeurs concernés, ne comprend pas cette position. « Pendant des années, j’ai bénéficié d’un aménagement d’horaires et puis, subitement, ça a été refusé au motif que notre handicap est chronique et définitif. » Et pour cause, du point de vue de l’administration, l’allègement de service est une mesure exceptionnelle et surtout provisoire, après une interruption temporaire de travail (ITT) ou lorsqu’un enseignant est malade.
« Pour eux la seule solution, c’est que je fasse un temps partiel »
S’il continue à enseigner l’anglais à Marie-Curie, son handicap nécessite un aménagement de son emploi du temps, la présence d’un assistant et de ne pas changer de salles entre les cours. Cet aménagement n’est en aucun cas, selon ses collègues, « un dispositif de confort ». La position du rectorat a pour l’instant été inflexible : « Si je veux faire moins d’heures, pour eux la seule solution, c’est que je fasse un temps partiel… », regrette le professeur.
Une situation inacceptable selon les membres du personnel enseignant, pour qui leurs collègues ne devraient pas avoir à renoncer à un salaire complet à cause de leur handicap.
« Tous les mois de juin depuis des années, on fait la demande au rectorat. En décembre, on nous a dit que, cette fois, le problème allait être réglé. Et finalement rien ne change. C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase ! »’, s’agace Brice Gilardi, collègue des deux enseignants handicapés et élu Snes-FSU au conseil d’administration du lycée.
« Des motifs questionnables sur le plan juridique »
Pour le syndicaliste, les motifs invoqués par l’administration « sont questionnables sur le plan juridique. Elle se met en défaut avec la loi du 11 février 2005 [pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, ndlr] en déniant le principe de compensation qui y est inscrit. »
Dans les faits, ce principe doit permettre à la personne handicapée de vivre le plus normalement possible sans subir les conséquences de son handicap. Les manifestants ont ainsi réclamé l’aménagement du temps de travail de leurs collègues handicapés à hauteur de douze heures hebdomadaires avec un salaire complet. Une pétition a par ailleurs été lancée, rassemblant jusqu’à présent une centaine de signatures.
Contacté plusieurs fois lors de la rédaction de cet article, le rectorat de Grenoble n’a pas répondu à nos sollicitations.
Thomas Imbert