EN BREF – Les ambulanciers, publics et privés, ne sont pas éligibles à la prime aux soignants mise en place par le gouvernement. Et pour cause, ils ne sont pas considérés comme personnel soignant… malgré leur présence en première ligne. Une injustice dénoncée par Thierry Riondet, ambulancier et gérant des Ambulances des Trois Vallées.
Pas de prime pour les ambulanciers. En effet, ils ne sont pas considérés comme personnels soignants… mais comme des chauffeurs routiers. « En France, c’est le ministère des Transports qui gère le transport sanitaire. Nous n’avons donc pas le statut de soignant », regrette Thierry Riondet, ambulancier et gérant des Ambulances des Trois Vallées. Ils ne sont donc pas éligibles à la prime de 500 à 1 500 euros annoncée par le gouvernement.
Ambulanciers mais pas soignants
Les ambulanciers du secteur public, qui dépendent des hôpitaux, n’ont d’ailleurs pas non plus le statut de soignant. Depuis le décret de 2016, ils sont considérés comme agents techniques hospitaliers, et touchent environ 1 800 euros en fin de carrière.
Pourtant, les ambulanciers publics comme privés sont formés à la prise en charge de patients. Les ambulanciers privés doivent ainsi passer un diplôme d’État pour exercer ce métier. Une formation assurée par l’Institut de formation des ambulanciers (IFA) du CHU de Grenoble, certains cours étant même donnés par des médecins du Samu*. Celui-ci les mandate d’ailleurs régulièrement pour effectuer du transport d’urgence.
« Aucune reconnaissance de l’État »
Ainsi, les ambulanciers ont donc été en première ligne lors de l’épidémie de covid-19. « Au cœur de la crise, quasiment tous les patients que nous transportions étaient des cas confirmés ou suspects de Covid », assure Thierry Riondet.
« Pourtant, nous n’avons aucune reconnaissance de la part de l’État. Il n’y a que le CHU et le responsable du Samu qui nous ont soutenus. Ils nous ont fourni un masque, une blouse et des lunettes de protection à chaque fois qu’ils nous appelaient pour intervenir », confie-t-il.
Mais pour le reste des interventions, cela a été plus compliqué. « Il a fallu qu’on se débrouille par nous-mêmes, explique l’ambulancier. Tout était en rupture de stock mais on a réussi à faire jouer des relations pour avoir du matériel. » Et si personne n’a été contaminé au sein de sa société, il y a tout de même eu quelques cas de Covid-19 chez les ambulanciers privés de la région.
Manque de soutien des institutions locales
Le gérant des Ambulances des Trois Vallées demande donc plus de considération. « On voudrait que nos salariés soient reconnus comme personnels de santé car nous sommes le premier maillon de la chaîne de soins, plaide Thierry Riondet. On va chercher les gens chez eux, on les soigne avant de les amener dans les établissements de santé… Et pourtant, nos sociétés survivent plus qu’elles ne vivent ».
Une survie également mise en danger par le contexte actuel. La profession a effectivement été profondément touchée par la crise sanitaire. « Nous avons eu 60 % de baisse d’activité mais ne sommes éligibles à aucune aide de l’État à part le chômage partiel », regrette le gérant.
Pas plus de soutien à attendre au niveau local. En effet, la société n’est pas éligible aux aides de la Métro ni de la Région. « Or il n’y a pas de discussion possible avec eux. Si on n’entre pas dans les cases, on n’a droit à rien. »
Anissa Duport-Levanti
* L’article a été modifié le 16 juin 2020 à 9 h 40 pour préciser leur formation.