TRIBUNE LIBRE – Quatre piliers isérois du parti Génération.s ayant porté la candidature de Benoit Hamon aux présidentielles de 2017, lancent un appel au rassemblement à Eric Piolle et ses soutiens. Tous ont soutenu Grenoble nouvel air, liste d’Olivier Noblecourt arrivée en quatrième position au premier tour des municipales. Mais pour eux, pas de doute : au-delà des clivages, la gauche grenobloise doit se rassembler largement au service de ses électeurs.

Participants au meeting de Benoît Hamon lors des européennes de 2019. © Joël Kermabon – Place Gre’net
Membres fondateurs, anciens responsables de Génération.s en Isère et à Grenoble, ex-adhérent, adhérent, ancien membre de l’équipe de campagne de Benoit Hamon pour les présidentielles de 2017, nous avons fait le choix pour certains d’entre nous cet automne de quitter le parti que nous avions créé et dont nous défendons encore largement les valeurs.
Nous pensons d’ailleurs qu’au cœur de celle-ci se situe l’union la plus large de la gauche, autour des idées et des partis qui la composent. Pour autant nous avons considéré, comme d’autres, au cours de cette élection municipale, que l’unité ne supposait pas l’unicité et que dans une ville aussi ancrée à gauche que Grenoble, le débat pouvait avoir lieu jusqu’au premier tour des élections municipales.
C’est ainsi que nous avons décidé de rejoindre le collectif Grenoble Nouvel Air, tournant le dos à l’idée que la seule démarche possible était celle qui proposait de construire Grenoble à partir d’une page blanche sans même porter un regard, fut il satisfait, sur les six années écoulées.
« Aucune confusion possible avec des politiques néolibérales au sein de Grenoble nouvel air »
Sur le fond nous considérions, sans vérité tracée mais en accord avec nos valeurs, que ces six années ont été marquées une réduction du périmètre des politiques sociales et par un désengagement des quartiers populaires. Que l’idée d’un revenu de base local, était conforme à l’idée de Revenu Universel d’Existence que nous avions défendue au cours de l’élections présidentielle, et qui est aujourd’hui encore largement débattue comme une solution d’avenir. Que l’idée de la gratuité des transports, portée par la municipalité sortante lors de son élection, devait prospérer afin d’en faire une réalité au service des grenoblois. Nous n’avons pas manqué toutefois, de saluer l’engagement de la ville en matière de transition écologique.
Au sein de Grenoble Nouvel Air, nous avons rencontré des citoyens pleins de bonne volonté, très souvent engagés au sein des quartiers populaires, en direction des plus démunis. Il n’y avait aucune confusion possible avec des politiques néolibérales que nous avons toujours combattus et particulièrement depuis 2015 et l’avènement politique de Monsieur Macron comme Ministre. Nous ne nous serions pas engagés dans un collectif qui portait cette vision-là de la société.

La liste Grenoble Nouvel Air est arrivée en quatrième position à l’issue du premier tour des municipales. © Anissa Duport-Levanti
Force est de constater qu’aujourd’hui, loin du cynisme dont nous avons parfois été accusés, loin des débats tactiques auxquels nous avons été réduits, c’est sur la base des valeurs qui nous animent que nous nous positionnons : l’union de la gauche est la première d’entre elle. Après un débat démocratique légitime, permis par l’élection à deux tours, la gauche doit se rassembler largement au service de ses électeurs.
« L’anathème jeté sur tel ou tel parcours politique, [n’est] pas à la hauteur du débat »
Recevoir pour seule réponse l’anathème jeté sur tel ou tel parcours politique, ne nous paraît pas être à la hauteur du débat dans lequel compte évoluer Eric Piolle. On peut ne pas partager le choix d’avoir accepté une mission de délégué interministériel à la lutte contre la pauvreté, mais résumer vingt-cinq ans d’engagement à gauche et au service des politiques sociales à « une collusion avec le gouvernement macroniste » n’a pas plus de sens que de résumer l’engagement pour la planète de Nicolas Hulot à son passage au gouvernement d’Édouard Philippe. Et durant cette campagne nous avons pu constater la sincérité de l’engagement à gauche d’Olivier Noblecourt.

Éric Piolle est candidat à sa réélection à la mairie de Grenoble avec sa liste Grenoble en Commun. © Anissa Duport-Levanti – Place Gre’net
Si toutefois, sa présence devait constituer un épouvantail à l’union de la gauche, celui-ci a fait savoir dès le soir du premier tour qu’il était prêt à se retirer. Les choses sont ainsi claires. La seule question désormais légitime nous parait être bien plus grande.
Quel projet voulons-nous pour Grenoble dans les années qui viennent, quel spectacle politique souhaitons nous voir émerger face aux ombres que nous rencontrons ici et ailleurs et qui menacent l’essence même du débat démocratique. Celui du sectarisme et de la petite phrase ? Celui du clivage sans cesse cultivé ? Celui des frontières et des portes closes ?
« Nous pensons que c’est au prix de l’union que l’avenir se prépare »
Au contraire, forte d’une assise de 46 % des voix au premier tour la majorité sortante ne peut que se grandir encore à rassembler en son sein des courants nouveaux, en acceptant le débat interne, en acceptant des idées nouvelles conformes à ses valeurs. En acceptant finalement au nom d’un idéal que nous avons en commun, celui de la sixième république, de s’unir et d’organiser la délibération la plus large pour les grenoblois, « sans idole ou modèle, pas à pas, humblement ».
Que cet accord intervienne ou non, aucun d’entre nous ne deviendra conseiller municipal, ainsi c’est mûs par notre seul désir de voir grandir encore notre ville que nous prenons la plume. Nous pensons que c’est au prix de l’union que l’avenir se prépare. Seul, on va peut-être plus vite… mais ensemble, on va plus loin !
Maxime Gonzalez, ex-adhérent, fondateur et ancien responsable départemental de Génération‑s en Isère
Nais Matheron, adhérente de Génération‑s, responsable national de la mobilisation des jeunes avec Hamon en 2017
Mallory Tetu, ex-adhérent de Génération‑s, membre de l’équipe nationale de la campagne présidentielle de Benoît Hamon
Jérôme Oddoux, adhérent de Génération‑s et colistier de Grenoble nouvel air
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