FOCUS – Dans la forêt du Revard, près d’Aix-les-Bains en Savoie, 40 hectares pourraient devenir un zoo de montagne… à 1 500 m d’altitude. Selon son promoteur, le projet permettrait de préserver des espèces menacées comme la panthère des neiges. Mais France nature environnement Savoie y voit une mise en danger de la biodiversité locale.
« Le massif des Bauges présente déjà un attrait naturel. Il n’y a pas besoin de rajouter un zoo dans le Revard », affirme Rémy Collas, secrétaire de France nature environnement (FNE) Savoie. Situé en plein parc naturel régional, ce projet bouleverserait en effet la biodiversité locale selon les associations environnementales.
Un danger pour la biodiversité locale ?
Le parc animalier prendrait place sur le plateau du Revard, non loin d’Aix-les-Bains, à près de 1 500 mètres d’altitude, dans le parc naturel régional du massif des Bauges… qui abrite déjà des espèces fragiles. « Il y a notamment la gélinotte, une poule sauvage de la forêt assez colorée qui est dans une situation difficile. Or, elle est protégée dans cette zone du parc où on ne la chasse pas », rappelle Rémy Collas.
Le massif des Bauges est aussi très connu pour sa population de chamois, sur laquelle des études sont souvent menées. « Ce territoire est en lui-même très riche. C’est un peu antinomique de parler de protection de la faune, vu la biodiversité déjà présente, et ce serait dommage de condamner une zone forestière naturelle », dénonce-t-il. « Alors oui, c’est plus facile d’aller au zoo que d’observer ces animaux à l’affût, mais c’est possible. »
Une vingtaine d’espèces de montagne menacées
De son côté, le promoteur du zoo Rémy Gaillot, déjà créateur du parc animalier d’Auvergne, défend au contraire un projet de conservation. La réserve zoologique accueillerait ainsi une vingtaine d’espèces d’animaux de montagne menacés, comme la célèbre mais discrète panthère des neiges. Ce serait également, selon lui, l’occasion de mener des actions de pédagogie.
« Ça c’est une couche de vernis sur le projet », affirme pour sa part Rémy Collas de FNE Savoie, qui y voit surtout un intérêt économique pour le promoteur. Ce dernier fait par ailleurs valoir la création d’une trentaine d’emplois sur le site, pour un investissement de 5 millions d’euros sur cinq ans.
Le plus haut zoo d’Europe
S’il voyait le jour, le zoo du Revard deviendrait le plus haut zoo d’Europe. Loin devant la réserve suisse des Marécottes et ses 1 100 mètres d’altitude. De quoi attirer les touristes : de 60 à 100 000 par an, espère le promoteur. Mais encore faut-il y pouvoir accéder…
« Les questions des transports, de la gestion des flux de voitures et des parkings sont restées en suspens », soulignent Les Amis de la Terre dans un communiqué.
« Le dossier est vide, affirme Daniel Appell, accompagnateur en montagne et membre de l’association. Nous n’avons aucune information depuis que le projet a été lancé, il y a plus d’un an », déplore-t-il.
Les opposants au projet se sont donc regroupés en collectif : Les Bauges en liberté. Ce dernier a envoyé, lundi 11 mai, une lettre au président du Parc naturel des Bauges pour « faire la lumière sur ce dossier et éviter que le projet soit mené en catimini », précise Daniel Collas.
Les acteurs publics frileux
Mais le Parc des Bauges n’a pas plus de nouvelles. « Nous n’avons pas eu de contact, ni d’éléments nouveaux de la part du porteur de projet depuis plusieurs semaines », a indiqué Jean-Luc Desbois, le directeur du parc. Raison pour laquelle les acteurs publics restent, eux aussi, très prudents.
Le massif des Bauges a émis une position réservée sur le projet, dans l’attente de ces études. Quant au maire de la commune de Montcel, où s’implanterait le zoo, il a promis qu’il laisserait les habitants décider par le biais d’un référendum.
Un projet similaire avait d’ailleurs déjà failli voir le jour sur ce territoire en 2007, avant d’être abandonné face à la contestation des habitants et des associations environnementales.
Une pétition contre ce projet de parc zoologique a également été mise en ligne.
Anissa Duport-Levanti