EN BREF — Dans un communiqué au vitriol, plusieurs mouvements politiques et syndicats grenoblois attaquent frontalement les mesures de confinement adoptées par le gouvernement. Ils décrivent un État de droit bafoué et une police « hors de tout contrôle ». Avant d’appeler à la création d’un « rapport de forces » pour un « avenir plus démocratique ».
Confinement ? Mesures de distanciation sociale ? Un collectif d’associations et de mouvements grenoblois préfère parler d’une « atteinte inadmissible aux libertés démocratiques » et de « brèche supplémentaire dans l’État de droit ». Signé, entre autres, par Génération.s. Grenoble Métropole, le PCF 38, Solidaires Isère, la CGT 38 ou encore la Ligue des droits de l’Homme, le texte est une charge vigoureuse contre les mesures du gouvernement.
Les signataires ne remettent pas en cause le principe des mesures sanitaires face à la crise du coronavirus. Mais considèrent que « l’application des mesures en “cas de catastrophe sanitaire” du code de la santé publique aurait été amplement suffisante » pour y faire face. Loin, en somme, de l’état d’urgence sanitaire décrété par la loi du 23 mars 2020. Qui va « aux antipodes de [leurs] aspirations d’égalité et de liberté ».
Une police « hors de tout contrôle » ?
Pour les auteurs du texte, le gouvernement a « décidé sciemment d’attaquer nos libertés ». De quoi, selon eux, susciter des inquiétudes « après des années de violences policières », que ce soit « dans les quartiers » ou « contre les mouvements sociaux ». Et le texte de revenir sur les opérations musclées de la police dans le cadre des manifestations des Gilets jaunes, « allant jusqu’à des mutilations ».
Une police qui, aujourd’hui, ferait preuve « de décisions arbitraires et de recours disproportionnés à la force, avec des mises en garde à vue irrégulières » pour faire respecter les restrictions de circulation. « Combien de contrôles de police discriminatoires, combien de propos sexistes ou racistes, combien de personnes sans domicile verbalisées, combien de migrants dont la précarité déjà redoutable s’est soudainement aggravée encore ? », interroge le communiqué.
Des exemples ? Une femme verbalisée pour avoir acheté des serviettes hygiéniques ou un réfugié sanctionné pour avoir fait des courses avec ses enfants. « Nous assistons désormais à une police hors de tout contrôle », estiment les militants. Sans préciser si la critique concerne également la police municipale de Grenoble, que son maire Éric Piolle appelait à ne pas faiblir. Ceci alors que plusieurs signataires se sont ralliés à sa candidature.
Sollicitée par Place Gre’net, la préfecture de l’Isère a fait savoir qu’elle ne souhaitait pas répondre aux accusations contenues dans le texte.
Appel à la création d’un « rapport de forces »
Autre inquiétude : l’application de traçage envisagée par le gouvernement. Déjà critiquée par la Ligue des droits de l’Homme, StopCovid devrait être disponible dès le 2 juin, selon le secrétaire d’État au numérique. « Non seulement les risques attentatoires aux libertés individuelles sont nombreux […] mais encore il n’est pas avéré que ces mesures puissent être réellement efficaces », considèrent les militants.
Le texte appelle donc – au contraire « d’un contrôle social renforcé et d’une suspicion généralisée, hostiles à la population » – à « l’extension de la démocratie pour faciliter et soutenir la mobilisation de tou.te.s dans une indispensable solidarité ». Ainsi qu’à la création d’un « rapport de forces », « condition sine qua none (sic) afin d‘imposer un avenir plus démocratique, féministe, écologique et solidaire ».
Parmi les revendications ? L’arrêt des contrôles policiers « humiliants, violents, arbitraires, discriminatoires » et l’annulation des amendes. Le rétablissement du droit de manifester, dans les respect des règles de distanciation sociale. Mais aussi la fermeture des centres de rétention administratives, et la « libération » ainsi que la « régularisation » de l’ensemble des personnes sans papiers.
Florent Mathieu
Les organisations signataires du texte : Génération·s Grenoble Métropole, Ligue des droits de l’Homme Grenoble Métropole, NPA 38, PCF 38, Réseau de lutte contre le fascisme Isère, Solidaires 38, Union communiste libertaire Grenoble, UD CGT 38, Union nationale lycéenne 38.