EN BREF – La chanson « 20h » du trio de rappeurs grenoblois G7N affiche plus d’un million et demi de vues en ligne. Un succès inattendu pour ce morceau en hommage au personnel soignant dans la lutte contre le Covid-19. Avec d’autant plus de résonance que deux de ses membres sont brancardiers à Grenoble.
C’est une chanson qui a fait plus d’un million et demi de vues sur les réseaux sociaux depuis sa sortie, le 20 mars dernier. Un hymne aux soignants qui mettent leur vie en danger face au Covid-19 pour venir en aide aux patients. « 20h », du trio de rappeurs grenoblois G7N, s’exporte même jusqu’au Canada.
Un groupe de rap sur le front de l’épidémie
« On ne s’attendait pas du tout à un tel succès », reconnaît Samir Baloul, un des rappeurs du groupe, lui-même brancardier au CHU de Grenoble depuis sept ans et en première ligne face à l’épidémie. Le déclic de cette chanson leur est venu d’un groupe Facebook qui rassemble près de 3 000 soignants.
« On utilise ce groupe pour se donner de la force. Tout est parti d’une maman qui a posté une photo de ses enfants qui avaient fait des dessins pour la soutenir… Ça m’a touché et ça m’a donné envie de faire un morceau pour contribuer, à ma manière, à cet élan de solidarité. J’en ai parlé à mon frère Adel et ensuite tout est allé très vite », raconte le jeune homme.
Les deux frères écrivent le texte dans la foulée, avec le troisième membre du trio : Djamel Tahar, brancardier au Groupe hospitalier mutualiste (GHM). « On a intitulé ce titre 20h car c’était important pour nous de dire aux gens : “Oui, vos applaudissements et votre soutien nous touchent au cœur” », explique Samir.
Hommage aux héros sur fond de crise de l’hôpital public
Aussi écrit, aussitôt enregistré. Les trois Grenoblois ont tourné le clip quelques jours avant le confinement et permis à leurs collègues de le voir en avant-première. Souvent, les larmes étaient au rendez-vous. « On est émus d’avoir pu faire du bien. C’était notre but premier », raconte humblement le jeune homme.
La chanson, d’abord postée sur Facebook, est ensuite passée d’un hôpital à l’autre. « Les soignants se la sont appropriée. Elle leur a aussi parfois permis d’expliquer la situation à leurs enfants. On a reçu des vidéos de leurs enfants qui la chantent, c’était très poignant. »
Derrière la reconnaissance et l’hommage à ces « héros qui se tuent à la tâche », toujours au rendez-vous malgré leur peur du virus, le morceau évoque aussi la réalité du manque de moyens. « Hôpitaux bondés » et personnel « sous-payé », regrette-t-il.
Anissa Duport-Levanti