FIL INFO — Face à la crise sanitaire causée par le coronavirus, le Planning familial appelle à un allongement de deux semaines du délai autorisé pour pratiquer une IVG en France. Et invite à signer une pétition en ligne, en considérant que la saturation prévisible des hôpitaux va nécessairement peser sur la possibilité des femmes d’avorter dans le délai légal.
Une loi d’urgence pour les avortements ? C’est ce que demande le Planning familial de l’Isère, en appelant notamment à signer et relayer une pétition sur la plateforme Change. Cause de la colère de l’association : le refus du gouvernement d’allonger de deux semaines le délai pour pouvoir pratiquer une interruption volontaire de grossesse (IVG). Un délai fixé en France à 12 semaines, quand celui-ci peut atteindre 18 semaines en Suède, voire 22 aux Pays-Bas.
Pourquoi ce refus ? « Je ne vois pas le lien spontanément entre l’épidémie et l’IVG », a répondu le ministre de la Santé Olivier Véran à la sénatrice Laurent Rossignol, porteuse de la proposition. Le Planning familial prend le ministre au mot en considérant que son refus « confère à l’aveuglement ». Pour l’association, la saturation possible des hôpitaux ne peut en effet que compliquer la prise en charge des femmes enceintes en demande d’IVG.
Favoriser les avortements à l’étranger ?
Motif de colère supplémentaire pour le Planning familial : des consignes « auraient été données aux professionnels de santé » pour favoriser des IVG à l’étranger en cas de saturation des hôpitaux et de dépassement des délais. « Comment proposer à une femme de traverser la France pour aller se faire avorter en Espagne ou aux Pays-Bas, munie d’une attestation dérogatoire ? », interroge l’association.
Autre consigne ? Avoir recours à l’IVG médicamenteuse, pratiquée par des médecins ou des sages-femmes, plutôt que chirurgicale. Pas de quoi convaincre le Planning familial, pour qui les professionnels peuvent être appelés en renfort à l’hôpital en cas d’aggravation de la crise. Et manquent de toute manière de matériels de protection leur permettant d’assurer leur sécurité et celle de leurs patientes.
« Il est illusoire de penser que le parcours IVG va continuer à se dérouler comme avant la période de confinement (si tant est qu’avant la crise sanitaire, ce parcours eut été facile) », conclut le Planning familial. Pour qui « il est fort à parier que si cette demande avait concerné tout le monde, la mesure aurait été prise depuis longtemps ». Au 31 mars dans la soirée, la pétition affichait près de 45 000 signatures d’internautes.