EN BREF – Après deux étudiants de Sciences Po Grenoble, Pascal Clérotte, porte-parole du Groupe d’analyse métropolitain (Gam), annonce à son tour porter plainte contre des membres ou d’anciens membres du gouvernement pour leur gestion du coronavirus. Plusieurs d’entre eux sont ainsi accusés de négligence par Pascal Clérotte. Qui estime même que « le choix de politique publique fait par le gouvernement est eugéniste et susceptible [d’être qualifié] de crime contre l’humanité ».
Des ministres ou ex-ministres du gouvernement sont-ils coupables de négligence face à la crise du coronavirus… voire de « crime contre l’humanité » ? C’est en tout cas ce qu’affirme ou sous-entend Pascal Clérotte, porte-parole – et seul membre publiquement connu – du Groupe d’analyse métropolitain (Gam), dans une plainte adressée à la Commission des requêtes de la Cour de justice de la République.
Les personnalités visées par la plainte en question : le Premier ministre Édouard Philippe, Agnès Buzyn, ancienne ministre de la Santé, et son successeur Olivier Véran. Mais aussi, pèle-mêle, Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur, Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères, Florence Parly, ministre des Armées, Muriel Pénicaud, ministre du Travail et, enfin, Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement.
Le gouvernement accusé de « messages mensongers » sur le virus
Motif de la plainte ? Des infractions « commises dans le cadre du traitement de la crise sanitaire du Covid-19 (Coronavirus 2019-nCoV) du 24 janvier 2020 à ce jour ».
Pascal Clérotte estime ainsi dans sa plainte, reprise sous forme d’article sur son site, que la pandémie actuelle de Covid-19 « était prédite, donc prévisible ». La menace des coronavirus était prise en compte dès 2003, considère-t-il en effet, ce qui a même abouti au plan Pandémie de 2011.
Et de citer ce plan : « Dès lors que le démarrage d’une pandémie paraît imminent, des mesures drastiques s’imposent pour freiner sa dynamique ou protéger la population, indépendamment de la présence ou non de cas avérés sur le territoire national. » Des mesures, comme la provision de masques ou la fermeture des frontières, qui n’ont pas été prises face au Covid-19, juge Pascal Clérotte.
Ce dernier accuse encore l’État français d’avoir pris à rebours les préconisations de l’OMS en incitant les Français « à adopter des comportements qui ne pouvaient que provoquer une accélération de la contamination au Coronavirus […] au sein de la population ». Fait aggravant, selon lui, « ces messages mensongers ont émané notamment de deux ministres de la Santé qui sont docteurs en médecine de formation », ajoute-t-il.
Un choix potentiellement « eugéniste », selon Pascal Clérotte
Pourquoi un tel calcul ? Avant d’activer le plan Pandémie en mars 2020, le gouvernement aurait basé ses décisions sur « la théorie de l’immunisation grégaire ». Soit l’idée que le nombre de personnes guéries ou mortes croît plus vite que le nombre de personnes contaminées, jusqu’à stopper l’épidémie. Une équation qui signifierait « laisser potentiellement mourir entre 120 000 et 800 000 citoyens français », décrit le plaignant.
Pascal Clérotte suspecte même rien de moins qu’un « crime contre l’humanité ». En arguant que « le choix de politique publique fait par le gouvernement est eugéniste […], puisque dirigé vers une partie de la population la plus susceptible de décéder du Covid-19, les personnes âgées ».
« En ce qui concerne les incriminations de non-assistance à personnes en danger et de mise en danger de la vie d’autrui, les mêmes faits les caractérisent », conclut-il.
Cette plainte déposée contre le gouvernement n’est pas la seule. Récemment, deux étudiants de Sciences-Po Grenoble ont porté plainte contre Édouard Philippe et Olivier Véran pour avoir maintenu le premier tour des élections municipales. Tandis que de nombreuses autres plaintes fleurissent sur le territoire national, accusant notamment le gouvernement de « mensonge d’État ».
Florent Mathieu