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De gauche à droite : Marie-Reine Mallaret, Laurent Grange, Monique Sorrentino, Olivier Épaulard et Guillaume Debaty. © Joël Kermabon - Place Gre'net

Virus Covid-19 : “à Grenoble, nous sommes prêts” assurent des spé­cia­listes du CHU Grenoble-Alpes

Virus Covid-19 : “à Grenoble, nous sommes prêts” assurent des spé­cia­listes du CHU Grenoble-Alpes

FOCUS – Des res­pon­sables du CHU de Grenoble orga­ni­saient, ce ven­dredi 13 mars, un point de situa­tion sur l’é­vo­lu­tion de l’é­pi­dé­mie du virus Covid-19 en Isère. Se décla­rant prêt à livrer bataille et s’ap­puyant sur un dis­po­si­tif adapté, le CHU reste confiant dans sa capa­cité à gérer une crise « qui n’en est qu’au début ». 

Virus Covid-19 : “à Grenoble, nous sommes prêts” assurent des spécialistes du CHU Grenoble-AlpesDe gauche à droite : Marie-Reine Mallaret, Laurent Grange, Monique Sorrentino, Olivier Épaulard et Guillaume Debaty. © Joël Kermabon - Place Gre'net

De gauche à droite : Marie-Reine Mallaret, Laurent Grange, Monique Sorrentino, Olivier Épaulard et Guillaume Debaty. © Joël Kermabon – Place Gre’net

« Pour l’heure, le virus ne cir­cule pas de façon très impor­tante en Isère. Cependant, on s’at­tend à ce qu’il y ait de plus en plus de per­sonnes infec­tées et à devoir faire face à l’hos­pi­ta­li­sa­tion des cas les plus mar­qués. »

Le Pr Olivier Épaulard, infec­tio­logue au CHU Grenoble-Alpes (Chuga) fai­sait le point, ce ven­dredi 13 mars, sur l’é­vo­lu­tion de la situa­tion épi­dé­mio­lo­gique dans le département.

L’entouraient, d’autres res­pon­sables du Chuga : Monique Sorrentino, sa direc­trice, le Dr Laurent Grange, adjoint à la com­mis­sion médi­cale d’é­ta­blis­se­ment, le chef de ser­vice du Samu 38, le Pr Debaty et Marie-Reine Mallaret, méde­cin hygiéniste.

Quid des per­sonnes infec­tées ? « Pour cer­taines, comme elles allaient très bien et après accord de l’Agence régio­nale de santé (ARS), elles sont ren­trées à domi­cile sous sur­veillance rap­pro­chée », pré­cise le Pr Épaulard. Une autre par­tie de ces patients, pré­sen­tant des ter­rains plus fra­giles, sont res­tés hos­pi­ta­li­sés encore quelques jours.

Pour autant, explique-t-il, « nous ne sommes pas inquiets sur leur état de santé ». En revanche, rajoute l’in­fec­tio­logue, « une per­sonne pré­sente un cas sévère et nous sur­veillons les choses de très près pour elle ».

Le nombre d’ap­pels reçus au centre 15 a plus que doublé

« Il y a une mobi­li­sa­tion excep­tion­nelle de tous les per­son­nels du centre 15 pour assu­rer une réponse à la popu­la­tion », enchaîne le Pr Guillaume Debaty, chef de ser­vice du Samu de l’Isère. Sa prio­rité ? « Nous cher­chons à dépis­ter des patients qui pré­sentent des signes res­pi­ra­toires avec de la fièvre, de la toux ». Le spé­cia­liste insiste : « Il est très impor­tant de ne pas se rendre aux urgences ou de voir son méde­cin trai­tant sans avoir une éva­lua­tion préa­lable quand on est symp­to­ma­tique ».

Covid-19 : “Au CHU Grenoble-Alpes, nous sommes prêts !”Des régulatrices du Samu 38 à l'écoute des appels d'urgence. © Joël Kermabon - Place Gre'net

Des régu­la­trices du Samu 38 à l’é­coute des appels d’ur­gence. © Joël Kermabon – Place Gre’net

Le centre 15 très sol­li­cité ? « Nous notons une aug­men­ta­tion très impor­tante des appels depuis le début de la semaine. Alors que la moyenne est habi­tuel­le­ment de 2 500, nous en sommes actuel­le­ment à 5 600 par jour », indique l’ur­gen­tiste. Pour faire face à cet afflux et ren­for­cer le centre 15, le Samu a fait appel à des volontaires.

Soit la mobi­li­sa­tion de quelques 120 méde­cins libé­raux ou retrai­tés appuyés par des étu­diants en méde­cine et des internes du CHU. « Tous ont reçu une for­ma­tion spé­ci­fique et ne répondent que sur ce type d’ap­pels », sou­ligne ce spé­cia­liste de l’urgence.

« Quand les patients appellent, on les oriente en fonc­tion des élé­ments qu’ils nous trans­mettent sur une prise en charge ambu­la­toire le plus sou­vent. Pour cer­tains patients qui pré­sentent des cri­tères, c’est une indi­ca­tion de dépis­tage qui est réa­li­sée avec le ser­vice des mala­dies infec­tieuses », explique Guillaume Debaty.

Des dépis­tages du Covid-19 qui sont pas­sés d’une moyenne de dix par jour à plus de soixante, voire même soixante-dix. « Nous anti­ci­pons que cela va conti­nuer à aug­men­ter, augure le pro­fes­seur. Nous avons des capa­ci­tés pour faire face au triple. Si nous res­tons vigi­lants, nous ne sommes pas inquiets. »

La lutte contre le virus Covid-19 s’or­ga­nise au CHU

Le Covid-19 est-il vrai­ment une menace ? « La dan­ge­ro­sité de ce nou­veau virus, on la découvre petit à petit. Si nous sommes un peu moins inquiets de la forte mor­ta­lité qu’il pou­vait y avoir ini­tia­le­ment, nous sommes sur une infec­tion qui est poten­tiel­le­ment plus grave que la grippe sai­son­nière », reprend Olivier Épaulard. Qui décrit une situa­tion com­plexe. « Les don­nées que nous rece­vons sur le virus sont, sinon contra­dic­toires, du moins hété­ro­gènes quant aux taux de mor­ta­lité », indique-t-il.

Le pavillon Dauphiné, siège de la direction générale du CHU Grenoble-Alpes. © Joël Kermabon - Place Gre'net

Le pavillon Dauphiné, siège de la direc­tion géné­rale du CHU Grenoble-Alpes. © Joël Kermabon – Place Gre’net

Comment le CHU qui enre­gistre l’hos­pi­ta­li­sa­tion de plus de 3 000 patients, 3 400 consul­ta­tions et 300 pas­sage aux urgences par jour va-t-il faire face à la crise ? « La plu­part des patients infec­tés sont admis dans le ser­vice des mala­dies infec­tieuses qui com­prend 27 lits. Des chambres indi­vi­duelles ou à pres­sion néga­tive avec du per­son­nel entraîné et formé aux patients conta­gieux », décrit Marie-Reine Mallaret.

« Actuellement, nous trans­fé­rons les patients qui n’ont pas le coro­na­vi­rus dans d’autres ser­vices pour pou­voir dis­po­ser d’une unité com­plète en cas de besoin », rap­porte l’hy­gié­niste. Ce pour les patients dont les cas ne sont pas trop graves. Pour ceux qui pré­sentent un syn­drome de détresse res­pi­ra­toire, « nous dis­po­sons du ser­vice de réani­ma­tion de 18 lits qui en a éga­le­ment libé­rés », pour­suit Marie-Reine Mallaret. « Au total, nous pou­vons aller jus­qu’à 100 lits de réani­ma­tion en trans­for­mant les salles de réveil des blocs opé­ra­toires », assure-t-elle.

« Nous nous pré­pa­rons à une crise sani­taire avec un afflux de patients »

« Le CHU se pré­pare à une crise sani­taire avec un afflux de patients néces­si­tant de la réani­ma­tion. Nous y sommes pré­pa­rés, la com­mu­nauté hos­pi­ta­lière est d’ores et déjà mobi­li­sée », veut ras­su­rer Laurent Grange. « C’est une vraie bataille que nous allons mener. Non pas pour quelques jours, mais bel et bien pour quelques semaines », appuie-t-il.

L’objectif visé ? Libérer du temps médi­cal et para­mé­di­cal pour prendre en charge les patients infec­tés. Mais aussi d’autres puisque l’hô­pi­tal va conti­nuer à tra­vailler et accueillir des patients. « Pour cela, il va fal­loir arrê­ter d’autres acti­vi­tés non indis­pen­sables », expose Laurent Grange.

De gauche à droite : Laurent Grange, Monique Sorrentino, Olivier Épaulard et Guillaume Debaty. © Joël Kermabon - Place Gre'net

De gauche à droite : Laurent Grange, Monique Sorrentino, Olivier Épaulard et Guillaume Debaty. © Joël Kermabon – Place Gre’net

Ainsi, pour­suit-il, « nous com­men­çons à dépro­gram­mer toutes les chi­rur­gies non indis­pen­sables, telles des poses de pro­thèses. La télé­con­sul­ta­tion sera éga­le­ment pri­vi­lé­giée pour évi­ter aux patients fra­giles de venir dans un endroit poten­tiel­le­ment conta­miné. » De sur­croît, la cel­lule de crise déjà en fonc­tion va se réunir quo­ti­dien­ne­ment afin de coor­don­ner et de conso­li­der l’en­semble du dispositif.

« Nous allons gagner cette bataille. Nous savons faire, nous en avons les capa­ci­tés avec des moyens humains et maté­riels. Nous avons pla­ni­fié tout cela, il faut ras­su­rer la popu­la­tion ! », insiste-t-il. « Prévoir, c’est gou­ver­ner, réplique Olivier Épaulard. Nous sommes prêts à rece­voir ce virus Covid-19 et ces patients ! »

Des points de situa­tion heb­do­ma­daires à comp­ter du 20 mars

« Bien évi­dem­ment, nous ne tra­vaillons pas tout seuls mais aussi avec les autres éta­blis­se­ments », ren­ché­rit Monique Sorrentino. En l’oc­cur­rence, là aussi, l’u­nion fait la force. « L’ARS tra­vaille à les mobi­li­ser ensemble autant que de besoin », affirme la direc­trice du CHU.

De gauche à droite : Monique Sorrentino, directrice du CHU de Grenoble et Sophie Cluzel, secrétaire d'État en charge des personnes handicapées. © Joël Kermabon - Place Gre'net

De gauche à droite : Monique Sorrentino, direc­trice du CHU de Grenoble et Sophie Cluzel, secré­taire d’État en charge des per­sonnes han­di­ca­pées. © Joël Kermabon – Place Gre’net

« Nous pen­sons aussi à la suite. Les patients ne pour­ront peut-être pas ren­trer chez eux direc­te­ment. Pour ça, nous avons déjà tra­vaillé avec les éta­blis­se­ments de Services de suite et de réédu­ca­tion (SSR) pour pou­voir libé­rer des lits », assure le Pr Épaulard.

Avant que Monique Sorrentino, sou­cieuse de pré­ven­tion, ne rap­pelle les règles garan­tis­sant la sécu­rité des patients, des per­son­nels ainsi que celle des visi­teurs dans l’en­ceinte du CHU.

Tout autant que les fameux gestes bar­rière, qu’elle juge « très effi­caces » pour se pré­ve­nir, tant que faire se peut, du virus Covid-19.

Bien que la crise s’an­nonce d’im­por­tance Monique Sorrentino reste confiante. « Nous sommes pré­pa­rés à la prendre en charge. Nous avons des per­son­nels aguer­ris et des orga­ni­sa­tions qui fonc­tionnent pour gérer ce dis­po­si­tif », syn­thé­tise la direc­trice du CHU.

Par ailleurs, pour assu­rer un meilleur suivi des actions en cours sur le Covid-19, le CHU annonce la tenue de points de situa­tion heb­do­ma­daires à comp­ter de ce pro­chain ven­dredi 20 mars.

Joël Kermabon

Joël Kermabon

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