FOCUS – Une liste portant l’héritage de la majorité sortante se présente à Saint-Égrève pour ces municipales 2020, sous la houlette de Benjamin Coiffard. Face à lui, Laurent Amadieu, à la tête de « Ensemble pour demain », et Emmanuel Roux qui mène « Saint-Égrève avec vous, naturellement ».
La liste « Proximité Saint-Égrève » comprend douze élus sortants. Y compris le maire, Daniel Boisset, qui a été élu en 2017 à la suite du départ de Catherine Kamowski, élue députée de l’Isère. Laquelle fait également partie de la liste. On se souvient qu’en 2017 la question des « jeux de successions » avait fait du bruit, menant même à la démission de deux des conseillers municipaux de la majorité, Dominique Paulin et Laurence Froissard.
« Il [Benjamin Coiffard, ndlr] était sûr de ne jamais recueillir la majorité des voix des élus pour se présenter comme maire le jour des élections au conseil municipal. Donc il a retiré sa candidature pour laisser la voie libre à Daniel Boisset », raconte Dominique Paulin.
Et pourtant, c’est bien Benjamin Coiffard qui préside la liste pour cette édition des municipales, Daniel Boisset ne se représentant pas. Face à sa liste classée “divers centre”, dont seulement deux membres appartiennent à un parti, Ensemble pour demain, qui est “divers gauche”, menée par Laurent Amadieu (EELV). Une autre liste “divers centre” avec Emmanuel Roux à sa tête s’intitule Saint-Égrève avec vous, naturellement.
Un débat de politiciens ?
La liste d’Emmanuel Roux, malgré sa coloration, obtient le soutien du PS au travers du conseiller départemental Pierre Ribeaud et de François Tarricone « premier des socialistes à Saint-Égrève ». Celle-ci est également soutenue par neuf autres élus de la majorité sortante.
Inversement, la liste de Laurent Amadieu a, quant à elle, le soutien des trois élus du groupe Saint-Égrève autrement, Jean-Marcel Puech, Françoise Charavin (deuxième de la liste) et Hassan Belrhali, qui est en fin de liste.
Lesquels se sont indignés du soutien du PS à leur adversaire. Ainsi que de l’implication de Pierre Ribeaud, qui aurait été « absent de Saint-Égrève » durant ses mandats dans l’opposition. Et les avaient soutenus en 2014 aux côtés de François Tarricone qui était 5e de leur liste.
Un méli-mélo politique complexe. En effet, le comité national de LREM soutient Emmanuel Roux. Cependant, « voilà un an, M. Ribeaud fustigeait les élus PS, comme Olivier Véran ou Geneviève Fioraso, qui se rapprochaient de LREM, relève M. Puech. Et tout récemment, le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a annoncé que le PS ne soutenait pas LREM. »
Quelles proposition écologiques pour Saint-Égrève ?
Au débat organisé par Télégrenoble, les candidats ont pu confronter directement leurs programmes. Les trois listes s’inquiètent des enjeux climatiques et environnementaux, y apportant des réponses au local. Pour la liste de Laurent Amadieu, qui veut « un projet solidaire et écologique à Saint-Égrève », la solution est dans l’économie circulaire et l’économie de proximité. Il souhaite également « continuer à initier une politique en direction de la filière bois ainsi qu’une politique agricole d’agglomération favorable aux agriculteurs ».
Saint-Égrève avec vous, naturellement, liée à l’association Cœur Saint-Égrève, propose un urbanisme vert. Voies vertes, quartiers durables, rénovation énergétique… Mais également utilisation de véhicules propres, gestion de la consommation d’eau de la ville au moyen de récupérateurs d’eau et utilisation de matériaux éco-responsables.
Enfin, la liste de Benjamin Coiffard propose des alternatives à la voiture individuelle. Autopartage, transports en commun, bornes de recharge électrique.
Elle vise également à faciliter les déplacements à pied et à vélo, à travailler sur la rénovation thermique des logements. Il est même question de « nommer un représentant de la cause animale au conseil municipal » !
La place de Saint-Égrève dans la Métro
Mais par-delà les questions classiques, c’est aussi, en toile de fond, la question de la relation avec la Métro qui se joue. Si tous les candidats affirment leur volonté de défendre les intérêts de la commune face à la métropole, le positionnement politique des candidats semble susciter certaines suspicions.
Ainsi, le choix d’Emmanuel Roux par le PS « s’explique pour des raisons locales ainsi que des cohérences d’agglomération (…) », confie Pierre Ribeaud au Dauphiné libéré,
« Piolle et le PS sont opposés à Grenoble, où le bilan du maire sortant est désastreux, notamment en considération des valeurs de gauche que porte le PS (…), etc. Notre inquiétude concerne aussi la future gouvernance de la Métropole. Notre crainte est que la Métro aide de plus en plus Grenoble et de moins en moins Saint-Égrève. Comme on le constate déjà depuis 2014 dans le domaine des mobilités. »
Au final, c’est donc au-delà des programmes que risque de se jouer cette élection où les candidats sont bien connus des Saint-Égrévois.
Laure Gicquel