EN BREF – Pour le moins mécontent d’avoir vu son projet de Scic écarté par Adrea, le Collectif des usagers des cliniques mutualistes de Grenoble dénonce la volonté de la mutuelle de favoriser le privé dans la reprise du Groupe hospitalier mutualiste. Et appellent au boycott de la société et à la mobilisation dès ce mercredi 11 mars, en présence de… François Ruffin.
« Adrea est indésirable sur notre territoire. » Le Collectif des usagers des cliniques mutualistes de Grenoble déclare la guerre à la mutuelle Adrea, suite au rejet de son projet de coopérative pour le Groupe hospitalier mutualiste de Grenoble. En 2019, l’administrateur Adrea a en effet annoncé son intention de céder ses parts du GHM, englobant la Clinique mutualiste, la Clinique d’Alembert et le centre Daniel Hollard.
Alors que beaucoup redoutent une main-mise du privé sur les établissements et une mise en danger de services comme les urgences ou la maternité, le Collectif a déposé une offre de reprise en février 2020. Syndicats, usagers et salariés proposaient ainsi la création d’une Scic (Société coopérative d’intérêt collectif). Une idée rejetée, faute de « garanties suffisantes pour assurer l’activité », selon le bureau de l’union mutualiste.
Le rejet de la Scic, une manœuvre pour favoriser le privé ?
Mais pour le Collectif, la mise à l’écart de son projet est une manœuvre destinée à favoriser les opérateurs privés. « Le monde des mutuelles ne veut pas des coopératives de santé. […] Notre synergie actuelle est trop forte. C’est un obstacle à leurs obscurs desseins. Il faut la casse », estime-t-il dans un communiqué. Tout en affirmant que « Brothier, le président d’Adrea a choisi depuis le début le privé lucratif ».
La Scic, un modèle aux garanties insuffisantes ? « Notre projet […] a proposé un prix cohérent et non spéculatif assisté par l’Urscop et le cabinet d’audit financier, mondialement connu, PWC », estime au contraire le Collectif. Pour qui la collégialité de la Scic « est un gage de sécurité et de pérennité et non de chaos ». « Nous représentons l’avenir d’un service public de proximité, de qualité, géré démocratiquement, avec et pour les usagers », considère-t-il.
Et ce dernier d’étriller copieusement deux des trois candidats retenus. Vivalto Santé ? « Difficile de faire plus rapace côté privé lucratif », écrit le Collectif. Doctegestio ? « Un peu de vernis Économie sociale et solidaire et hop le tour est joué ! », moque les usagers en dénonçant des pratiques à la « Bernard Tapie ». Pour Agduc, le jugement est méfiant mais plus nuancé : « À étudier, rencontrer avant de réfléchir à un montage en coopérative avec eux ».
Appel au boycott et à la mobilisation
Pour le collectif, pas question de lâcher l’affaire. « Nous utiliserons tous les outils juridiques à notre disposition pour contrecarrer les plans d’Adrea », annonce-t-il. D’une part, en « cassant la vente si nécessaire pour non-respect des statuts du GHM et du code de la mutualité ». D’autre part, en déposant un recours collectif « pour mise en danger de la santé publique et abus de biens sociaux » contre Adrea.
Les candidats malheureux à la reprise appellent par ailleurs dès à présent au boycott de la mutuelle. « Nous commencerons sous peu une campagne pour que tous les habitants et entreprises du bassin grenoblois, encore adhérentes à cette mutuelle, dénoncent leurs contrats », annoncent-ils. « Une attaque directe au porte-monnaie devrait avoir un certain impact sur ces marchands de santé. »
Le tout sur fond de mobilisation, dont une ce mercredi 11 mars à 15 heures devant les locaux d’Adrea avenue Félix-Viallet à Grenoble. Au programme : « Fanfare, clowns et déguisements hosto »… et une intervention du député François Ruffin, à Grenoble pour soutenir la candidature d’Éric Piolle aux municipales. Le tout suivi d’une déambulation jusqu’au parvis de la clinique mutualiste rue d’Alembert.