EN BREF – En cultivant in vitro les formes sexuées transmissibles du parasite de la toxoplasmose, des chercheurs grenoblois de l’Institut for Advanced Biosciences s’affranchissent de l’expérimentation sur les chats. Et prouvent qu’il est possible de contrôler la reproduction sexuée de Toxoplasma en reprogrammant son épigénome. La revue scientifique Nature Microbiology a publié ce 24 février cette étonnante découverte.
Les défenseurs des animaux ont de quoi se réjouir. L’étude de la reproduction sexuée du parasite4Parasite : organisme vivant qui vit aux dépens d'un autre organisme, appelé hôte. de la toxoplasmose ne nécessite plus l’utilisation de chats, dans l'intestin desquels elle s'opère naturellement. De fait, une équipe grenobloise supervisée par le chercheur Mohamed-Ali Hakimi de l’Institut for Advanced Biosciences (IAB)5IAB : Inserm U 1209 / CNRS UMR 5309 / UGA a réussi à cultiver in vitro les formes sexuées du parasite.
Mais pas seulement, Dayana C. Farhat et ses collègues ont également compris comment déclencher ou bloquer cette reproduction du parasite.
La revue Nature Microbiology a publié, ce 24 février 2020. cette étonnante découverte concernant l'une des étapes clés et pourtant méconnue du cycle parasitaire de Toxoplasma.
Des expériences in vitro sur Toxoplasma épargnant les chats
Le parasite du genre Toxoplasma, l’agent pathogène responsable de la toxoplasmose, provoque une maladie bénigne lorsqu'elle est contractée par un sujet immunocompétent6L'immunocompétence est la capacité du corps à produire une réponse immunitaire normale. ou en dehors d'une grossesse. En revanche, lorsqu’elle est congénitale (contractée in utero), la toxoplasmose peut se manifester par des malformations neurologiques sévères chez l’enfant. Ou encore par une atteinte irréversible de la rétine, pouvant conduire à la cécité. La maladie peut également frapper gravement le malade immunodéprimé (aux défenses immunitaires affaiblies). Tel un patient atteint du Sida, une personne ayant subi une greffe d'organe ou sous thérapie anticancéreuse.
L’homme se contamine habituellement en ingérant des kystes. On peut retrouver cette forme asexuée transmissible du parasite dans les viandes d’animaux infectés : moutons, porcs, bœufs etc.
L’autre mode de contamination consiste en l’ingestion d’oocystes. Cette forme sexuée transmissible du parasite provient des matières fécales d’un chat infecté, ayant souillé des légumes, des fruits ou de l’eau.
Jusqu'ici, les chercheurs n'ont pas pu avancer significativement sur les moyens de bloquer la reproduction sexuée du parasite. Notamment parce que cette étape clé du cycle parasitaire s’opère dans le seul intestin du chat. Et la législation restreint l'usage de ce félin à des fins de recherche pour des raisons éthiques évidentes.
Afin de lever ce verrou expérimental, une équipe américaine est parvenue à mimer chez la souris l’environnement intestinal du chat pour y faire se reproduire le parasite. L’équipe de l’IAB a, quant à elle, préféré s’affranchir de l’expérimentation animale. Comment ? En faisant le choix de la culture in vitro des formes sexuées du parasite.
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