FOCUS – Compression du personnel enseignant et hausse des effectifs dans les classes de seconde et de première sont à craindre, pour la rentrée prochaine, au lycée Mounier. Souhaitant empêcher cette réorganisation imposée par le rectorat, des parents d’élèves et des professeurs ont manifesté devant l’établissement, le jeudi 13 février. Avant de déposer, lors du conseil d’administration, une motion contre ce projet jugé délétère pour les conditions de réussite des élèves.
Inquiet, un groupe de parents d’élèves et d’enseignants s’est mobilisé, le jeudi 13 février, devant le lycée Mounier de Grenoble, en amont du conseil d’administration de l’établissement.
Motif de leur mobilisation ? L’établissement pourrait connaître une cure d’austérité en septembre prochain. « La Région a mis 55 millions sur la table pour reconstruire ce lycée. L’idée est que l’on remonte la pente et pas l’inverse ! », s’insurge Céline Favre, enseignante en français et élue au conseil d’administration.
Le climat dans les classes risque de se dégrader
Cependant, une trentaine d’« heures postes » pourraient être supprimées à la rentrée prochaine. Ces « HP » correspondent, pour l’Éducation nationale, aux emplois définitifs ou provisoires d’enseignants. Dit autrement, le lycée Mounier devrait perdre sept classes, évalue Céline Favre.
Ce qui va occasionner, mécaniquement, une hausse du nombre d’élèves dans les classes de seconde et de première, en particulier. Une perspective inconcevable pour les parents d’élèves et les professeurs du lycée Mounier.
« Les choix d’établissement de ces dernières années ont permis de ne pas dépasser 25 élèves en seconde, afin de faire progresser tous les élèves dans un climat plus serein », rappellent les parents et professeurs en colère. Et 25 élèves « seulement » par classe en seconde, ce n’est selon eux pas du luxe pour un lycée accueillant nombre d’élèves fragiles sur le plan scolaire ou social, voire les deux, ou qui sont en difficulté d’apprentissage, ou encore parfois à la limite du décrochage scolaire.
Des professeurs du lycée Mounier contraints d’enseigner d’autres matières ?
Jusqu’à présent, les professeurs ont pu faire face, admet Céline Favre, mais il ne faudrait pas trop tirer sur la corde. Or c’est ce que s’apprête à faire le rectorat, en imposant également aux professeurs des heures supplémentaires et en les contraignant à enseigner des matières pour lesquelles ils ne sont pas formés.
« Nos enfants ont besoin d’avoir face à eux des enseignants disponibles d’esprit et en forme », martèle le collectif.
Autre anomalie du système éducatif, suite à cette nouvelle répartition des heures : certains professeurs vont, eux, à l’inverse, perdre des heures d’enseignement au lycée Mounier et devoir compléter leur temps de travail avec plusieurs établissements.
Le bras de fer est engagé jusqu’en juin
Du fait de la mobilisation de jeudi soir, la direction a préféré reporter son conseil d’administration au lendemain. Le collectif a donc remis vendredi soir sa motion contre ce projet de réorganisation des classes et du travail de l’équipe éducative.
Bien que le collectif doute que cette motion fasse plier la direction, son intention est de mettre tout en œuvre pour annuler ce projet, estimé nuisible pour la réussite des élèves et les conditions de travail des enseignants.
Les choses pourraient s’arranger en juin prochain. « Le rectorat peut redébloquer des moyens à cette période », déclare Céline Favre. D’ici là, le bras de fer est engagé. Et le collectif entend maintenir la pression. Lettre ouverte, pétition, événement festif et rencontre avec la rectrice sont à l’agenda des prochaines semaines.
Séverine Cattiaux