EN BREF – Les opposants à la retraite à points maintiennent la pression. Ils étaient ainsi environ 3 500 selon la CGT à défiler dans Grenoble, à l’appel des organisations syndicales professionnelles, étudiantes et lycéennes pour montrer leur désaccord face à la réforme des retraites. Réforme dont l’examen a pourtant commencé lundi 3 février à l’Assemblée nationale.
Une posture dogmatique du gouvernement, c’est le sentiment qui prévaut dans les rues de Grenoble, ce 6 février. De l’Unsa à FO, tous les représentants syndicaux tiennent le même discours. Ils ont l’impression que la majorité reste totalement fermée au débat avec les partenaires sociaux sur cette réforme. Ce qui semble inédit.
« On a toujours discuté avec tous les gouvernements successifs lorsque nous n’étions pas d’accord. Mais, pour la première fois, on se retrouve face à un gouvernement qui ne discute pas », déplore Patrick Maurey, secrétaire départemental de l’Unsa en Isère.
L’Unsa à la table des négociations
Le syndicat réformiste s’assiéra tout de même à la table des négociations la semaine du 17 février. Les partenaires sociaux y présenteront un plan d’équilibre pour la réforme. Le but : trouver comment économiser 60 milliards d’euros sur cinq ans.
« On est à la fois dans la négociation et la mobilisation, au cas où le texte passe malgré tout », explique Patrick Maurey.
« On appelle notamment les députés à faire respecter les engagements du gouvernement sur la revalorisation du statut des professeurs, qui pourraient perdre plusieurs centaines d’euros sur leur retraite mensuelle. »
La CGT mobilisée jusqu’au retrait de la réforme
Une réflexion qui n’est pas partagée par tous les syndicats. « On ira le 17 février pour présenter notre plan de financement d’une réforme par répartition. On ne participera pas aux négociations autour d’une réforme par points dont nous voulons le retrait », martèle Élisa Balestrieri de la CGT Isère. « D’autant que le gouvernement se sert de cela pour détourner le fond du débat. Il y a encore un grand manque d’informations sur le détail du projet actuel », ajoute-t-elle.
Preuve en est, Corine Pichelin et Virginie Velazquez sont toutes deux novices dans la lutte syndicale. C’est leur première manifestation. « On vient d’entrer à Force ouvrière et, jusque-là, tout était très flou. Mais aujourd’hui est là car on a enfin compris à quel point cette réforme va nous nuire », explique Virginie. « Et aussi, on veut se battre pour nos droits en tant que femmes car leur projet va encore creuser les inégalités », complète Corine. Pour elles comme pour FO, c’est le retrait ou rien.
Blocage à l’Assemblée
Pour l’heure, l’examen du projet de loi à l’Assemblée s’annonce long et compliqué pour les députés. La France insoumise, résolue à bloquer le texte autant que les syndicats bloquent la rue, a déposé pas moins de 19 000 amendements.
L’intersyndicale se réunira ce jeudi 6 février dans la soirée au niveau national pour décider des suites à donner au mouvement. Une assemblée générale aura également lieu vendredi midi à Grenoble.
Anissa Duport-Levanti