EN BREF — L’Insee dresse le portrait de l’immigration en Auvergne-Rhône-Alpes. Une région qui attire nombre d’immigrés, en provenance d’Afrique ou de Turquie mais aussi d’Europe, d’Amérique ou d’Océanie. Avec, sans surprise, de fortes disparités en matière d’accès à l’emploi selon les pays d’origine.
Quel portrait dresser des immigrés en Auvergne-Rhône-Alpes ? Tel est le sujet d’une récente étude publiée par l’antenne régionale de l’Insee. Et qui se penche notamment sur la comparaison entre immigrés « anciens » et « récents », soit dans le second cas les personnes arrivées en France entre 2010 et 2015. Bilan ? Les origines se diversifient et les profils se féminisent, mais l’accès à l’emploi demeure complexe.
Auvergne-Rhône-Alpes s’inscrit dans la moyenne nationale en nombre de personnes immigrées au sein de sa population. L’Insee recense ainsi 728 000 immigrés dans la région, qui représentent 9,2 % de l’ensemble des habitants. Une proportion qui n’a rien d’exceptionnel, derrière les régions Île de France, Paca et Corse. En revanche, la région Aura se classe deuxième en volume d’accueil des immigrés.
Une relative féminisation des profils
De quels pays viennent les immigrés de la région ? Tout d’abord, d’Afrique : 40 % d’entre eux proviennent ainsi du continent africain (principalement Algérie et Maroc), contre 34 % du continent européen. Cependant, note l’Insee, les ressortissants européens sont particulièrement nombreux en Aura. Un immigré serbe ou italien sur cinq vit dans la région. « Proximité oblige, c’est aussi le cas d’un immigré suisse sur deux », ajoute l’Institut.
L’immigration récente vient rebattre les cartes. À ce jour, les personnes récemment arrivées représentent près de 15 % de l’ensemble des immigrés en Aura. L’Algérie, le Maroc et le Portugal demeurent les pays d’origine majoritaires, mais dans des proportions moindres que par le passé. La Suisse se classe, elle, en quatrième position des pays d’origine. Tandis que les immigrés en provenance d’Amérique ou d’Océanie sont de plus en plus nombreux.
Autre constat : la (relative) féminisation des profils, puisque les femmes représentent 53 % des personnes immigrées récentes, contre 51 % pour l’immigration ancienne. Ce phénomène est particulièrement marqué dans les populations en provenance d’Algérie, à hauteur de 58 %. Les hommes demeurent en revanche majoritaires parmi les immigrés venant d’Europe (Italie, Espagne, Portugal) et de Turquie.
Un fort taux de chômage et d’emploi précaire
Sans surprise, les immigrés récents se distinguent par leur jeunesse. Un sur deux a moins de 30 ans, et huit sur dix ont moins de 40 ans. Les personnes immigrées se concentrent très majoritairement dans les zones urbaines : 74 % d’entre elles résident dans les grands pôles urbains. Soit des zones offrant au minimum 10 000 emplois, selon la terminologie de l’Institut. Par comparaison, seuls 55 % des non-immigrés y résident.
Malgré leur jeunesse et leur proximité géographique, les immigrés récents n’ont pas un accès à l’emploi des plus simple. En 2015, 34 % d’entre eux se déclarent chômeurs, contre 23 % des immigrés anciens et 11 % des non-immigrés. Les diplômes changent-ils la donne ? De façon très relative, puisque 28 % des immigrés récents diplômés du supérieur sont tout de même au chômage. Soit 21 points de plus que les non-immigrés détenteurs d’un diplôme.
Les emplois occupés ? En grande majorité, immigrés anciens comme récents occupent des postes non qualifiés, en particulier dans le BTP. Une réalité pour les personnes en provenance du Maghreb, de Turquie ou du Portugal, qui diminue pour les ressortissants de l’UE. À noter, par ailleurs, une proportion de cadres légèrement supérieure chez les immigrés originaires d’Amérique ou d’Océanie.
Une disparité qui se retrouve en matière de précarité de l’emploi. Près de 40 % des immigrés ne sont pas en CDI, avec un recours au temps partiel très marqué chez les femmes. En comparaison, le taux d’emploi précaire plafonne à 19 % pour les immigrés anciens, 15 % pour les non-immigrés… et 7,5 % pour ceux en provenance de Suisse. Ultime démonstration que l’immigration est une notion aussi diverse que disparate.