FOCUS – C’était l’une des mesures de l’exécutif en réponse à la crise de Gilets jaunes. Les futures « Maisons France services » vont regrouper les différents services publics. Notamment Pôle Emploi, la caisse d’allocations familiales, l’Assurance maladie, mais aussi les services des finances publiques. Conséquence : la CGT prévoit la fermeture de 23 trésoreries de proximité en Isère ces prochaines années. Des fermetures que les communistes isérois, particulièrement mobilisés sur le sujet, veulent à tout prix éviter.
« On ne postulera pas. » Renzo Sulli, le maire d’Échirolles ne souhaite pas que sa ville se porte candidate pour obtenir une « Maison France service ». Cette mesure est, pour lui, « un transfert sur l’économie ». Autre argument avancé : le coût de prise en charge de ces établissements pour les collectivités locales. Car l’État propose « seulement 30 000 euros la première année, et après on se débrouille… Autant dire qu’avec ça on pourra tout juste payer le chauffage ».
Regroupement des services publics
Emmanuel Macron a en effet annoncé, le 25 avril dernier, le déploiement de 2 000 maisons regroupant les services publics d’ici la fin de son quinquennat. Et, en septembre dernier, le gouvernement a lancé un appel à candidatures aux villes désirant accueillir une « Maison France Service » (MFR).
L’objectif ? Proposer aux Français un socle de services commun. Et donc la possibilité, selon le ministère de la Cohésion des Territoires, d’effectuer des démarches, notamment auprès de « la Caisse d’allocations familiales, des finances publiques, la Caisse nationale d’assurance maladie, Pôle emploi et La Poste ». On devrait y retrouver une dizaine de services publics, en plus d’opérateurs privés.
Le centre des finances publiques d’Échirolles amené à disparaître
L’édile communiste déplore la fermeture du centre des finances publiques de sa ville. Un vœu a d’ailleurs été voté en conseil municipal, le 23 septembre dernier, pour demander le maintien de la trésorerie. Renzo Sulli rappelle, à ce titre, que le centre situé à Échirolles est « le deuxième du département et le troisième en terme d’activité, notamment sur l’étalement de l’impôt ».
Les communistes isérois sont d’ailleurs particulièrement mobilisés sur le sujet. Ils ont déjà organisé plusieurs distributions de tracts à Échirolles pour interpeller la population et une pétition circule.
Car, Jérémie Giono, le secrétaire du parti en Isère, l’assure, « quand les usagers se mobilisent, on peut gagner… » Et celui-ci de prendre pour exemple, le maintien de deux bureaux de poste menacés de fermeture à Grenoble.
Passage au tout numérique ?
Au total, ce sont donc 23 centres des finances publiques qui vont fermer en Isère. Des fermetures qui seront « progressives, entre 2021 et 2026 », selon Agnès Martin, déléguée CGT Finances publiques de Grenoble.
Avec à la clé, 347 emplois menacés. Une situation inacceptable pour les agents des finances publiques qui se sont mis en grève à plusieurs reprises.
Ceux-ci dénoncent le plan Darmanin, qui vise à « réduire les points d’accueil physiques, pour passer au tout numérique ». Pour la déléguée CGT, c’est la fin du « conseil, du renseignement technique… L’objectif c’est zéro numéraire ».
Les finances publiques sont « une des dernières administrations ouvertes en permanence ». Or, Agnès Martin l’assure, les gens demandent « ce lien humain ». Car, que ce soit pour gérer les délais de paiement ou l’étalement de l’impôt, Internet risque de « ne pas tout régler ». Autre difficulté à prévoir : les paiements en numéraire, « encore courants ».
À noter enfin : les recettes de plusieurs structures transitent via le centre des finances publiques : centres de loisirs, cantines, activités périscolaires… Selon Jérémie Giono, il existe ainsi un « enjeu de sécurité autour de ces transports de fonds » avec l’application du plan Darmanin. Les agents restent donc mobilisés. Nombreux étaient présents dans les cortèges grenoblois en ce mois de décembre. Et « ce n’est que le début de la mobilisation ! », nous assure-t-on.
Thomas Courtade