FOCUS – Le Conseil constitutionnel a validé, le 4 décembre dernier, l’enregistrement de plus d’un million de soutiens en faveur d’un référendum d’initiative partagée sur la privatisation des Aéroports de Paris (ADP). Un cap important dont se réjouissent les membres grenoblois du Collectif convergence des services publics Isère. Pour fêter ça, ils organisaient ce samedi 7 décembre une séance de signatures au marché solidaire de Grenoble, square du Docteur Martin.
« Un million de voix pour le référendum sur la privatisation des Aéroports de Paris (ADP), c’est très important comme étape. C’est même énorme ! », se réjouit François Auguste du collectif* Convergence des services publics Isère (CSP 38).
De quoi parle-t-on ? Des 1 000 500 voix enregistrées sur le site internet dédié du ministère de l’Intérieur en faveur d’un référendum d’initiative partagée (Rip) sur la privatisation des Aéroports de Paris.
Un chiffre officiellement validé le 4 décembre par un communiqué du Conseil constitutionnel. De quoi satisfaire le collectif qui annonce, avec 5 % des voix, le classement de l’Isère en douzième place des signatures recueillies parmi les 95 départements français
« Créer un rapport de force qui oblige le gouvernement à organiser ce référendum »
Pour symbolique et important qu’il soit, ce cap ne représente qu’environ un cinquième des 4,7 millions de signatures** requises avant mars 2020 pour l’organisation du fameux Rip. Pas de quoi décourager les membres grenoblois du collectif CSP 38, qui ont tout de même voulu fêter ce millionième signataire à leur manière.
Ils organisaient ainsi, ce samedi 7 décembre, une séance de signatures au marché solidaire de Grenoble, installé square du Docteur Martin. L’occasion d’un point d’étape, après l’appel lancé cet été pour la création de collectifs ou comités chargés de recueillir un maximum de signatures en Isère.
Le collectif qui s’est démené et continue à œuvrer pour rassembler des soutiens se félicite du cap ainsi franchi. Pour autant, cela n’a pas été sans mal, regrettent les militants, qui déplorent « les nombreux freins mis en place par le gouvernement ».
En l’occurrence ? « Il n’y a eu aucune information sur la tenue de ce dispositif, pourtant inédit, ni débat public : l’avenir d’ADP nous a été confisqué ! »
Autre frein que beaucoup de défenseurs du Rip ont aussi régulièrement critiqué : la complexité d’utilisation du site dédié à l’enregistrement des signatures. Sans oublier l’indifférence des médias voire certains refus qui n’ont guère facilité la tâche des partisans du référendum..
« Un million de voix pour ADP ? Nous y sommes ! »
Par ailleurs, ces derniers considèrent que le recueil de 4,7 millions de signatures constitue « un plafond hallucinant », un seuil impossible à atteindre dans le temps imparti. Pour autant, « nous irons jusqu’au bout ! Nous allons essayer d’atteindre le plafond requis », assure François Auguste. L’idée ? « Créer un rapport de force qui oblige le gouvernement à organiser un référendum. Et ce, même si nous ne recueillons que 3 millions de soutiens, ce qui est déjà énorme », explique-t-il.
Quoi qu’il en soit, « un million, c’est le plafond qu’a implicitement accepté Emmanuel Macron pour sa réforme constitutionnelle », souligne François Auguste. Qui brandit ce chiffre comme un seuil symbolique engageant, selon lui, le chef de l’État. Ce dernier avait en effet déclaré, à l’issue du grand débat national, vouloir abaisser le seuil de déclenchement du Rip à un million de signatures. Une proposition pour un exercice plus direct ou participatif de la démocratie, dans le cadre de la réforme constitutionnelle en projet.
« Alors chiche ! », lance François Auguste. « Un million de voix pour ADP ? Nous y sommes ! Nous lui demandons d’organiser ce référendum sur leur privatisation. »
« Quand tout sera privé, nous serons privés de tout »
Loin de baisser les bras, le collectif compte bien encore amplifier l’effet boule de neige déjà engagé. « Si chacun fait signer quelques personnes de son entourage, c’est possible ! », veut croire un militant d’Attac. « Cette privatisation d’ADP serait un désastre pour la maîtrise publique de l’aviation civile », enchaîne François Auguste.
Mais pas seulement. D’autres sont prévues dans le cadre du Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises (Pacte). Telles celles de La Française des jeux (FDJ) ou d’Engie pour ne citer que celles-ci.
« Quand tout sera privé, nous serons privés de tout », conclut François Auguste, reprenant à son compte l’axiome de la France insoumise.
Joël Kermabon
* Côté syndicats, le collectif comprend les unions départementales CGT, FSU, Sud ainsi que des syndicats de la fonction publiques. Auxquels se joignent des partis politiques tels le PCF, Ensemble, EELV, Génération.s, la France insoumise et le NPA 38. Mais aussi des élus municipaux ou des parlementaires et des associations comme Attac ou l’Union étudiante.
** Soit 10 % des électeurs inscrits exigés par la Constitution pour valider la proposition de loi référendaire.