EN BREF – Le projet de créer dans le Vercors la plus grande réserve de vie sauvage de France vient de franchir une étape décisive. L’association pour la sauvegarde et la protection de la vie sauvage (Aspas) vient d’acquérir les cinq cents hectares de terres nécessaires à son projet : créer un sanctuaire de la nature sauvage où toutes les activités humaines, exception faire de la marche à pied, seront interdites.
La plus grande réserve de vie sauvage de France est sur les rails. Le projet de l’association pour la sauvegarde et la protection des animaux sauvages (Aspas) vient de franchir une étape décisive.
Depuis ce jeudi 27 novembre, l’association est propriétaire des 490 hectares de terres dans le Vercors drômois, après avoir réuni les 2,3 millions d’euros nécessaires à ce projet grâce à une cagnotte participative.
L’objectif de l’Aspas, qui a déjà acquis 700 hectares en France, est de faire de ces espaces des sanctuaires naturels excluant toute activité humaine, à l’exception de la marche à pied.
« Chasse, pêche et sylviculture y sont strictement interdites »
Ces réserves de vie sauvage, l’Aspas leur a d’ailleurs octroyé un label… mais pas reconnu par l’État. Avec un objectif : offrir à la nature une protection maximale. « Contrairement aux espaces naturels gérés par l’État – parcs nationaux, réserves naturelles, etc. – chasse, pêche et sylviculture y sont strictement interdites, ceci afin que la nature puisse évoluer librement, dans son intérêt propre », souligne l’association dans un communiqué.
Contactée par Place Gre’net en août dernier, sa directrice se défendait de vouloir mettre la nature sous cloche. « La fonction est inverse ! soulignait Madline Rubin. Il s’agit de créer un poumon vert dans un territoire pour que puisse se diffuser une vie vigoureuse partout autour de lui. »
« On sait en écologie de la conservation que le vivant reconstruit ses potentiels adaptatifs, se remet sur une trajectoire écologique ascendante, recommence à s’épanouir dès qu’on lui laisse de l’espace et du temps pour raviver son feu multiforme. Cette vitalité est justement vouée à se répandre : car toutes les réserves de l’Aspas commencent avec une seule mesure pratique : enlever toutes les clôtures, toutes les barrières. »
Cette réserve de vie sauvage sera en accès libre
De fait, sur ces 500 hectares, la moitié est constituée d’un ancien enclos de chasse. Des clôtures que l’Aspas entend désormais faire tomber. Sur l’autre moitié de la réserve, des panneaux de sensibilisation seront installés et un sentier de découverte restreint créé à l’intention des promeneurs.
Cet espace sera entretenu par l’association, bénévolement donc. Et en accès libre. Pas question donc de faire monnayer son accès.
Pourtant, dans la sphère publique, certains s’inquiètent, sous couvert de protection, d’une marchandisation de la nature.
« La crainte est que nous nous dirigions tout droit vers une privatisation des espaces naturels et une financiarisation de la nature au mépris des populations locales et des acteurs locaux », redoutait ainsi la sénatrice de l’Isère Frédérique Puissat lors d’une question au gouvernement au printemps dernier.
Un autre projet de rachat de forêt en Haute-Savoie
Car le projet de l’Aspas fait des émules. En Haute-Savoie, une autre association, Forêt vivante a collecté plus de 16 000 euros, sur les 22 500 visés, afin de racheter dix hectares de forêts dans le massif des Aravis. Objectif : y interdire la chasse et pouvoir y pratiquer une sylviculture douce. Mais aussi, précise-t-elle, proposer à terme du « bois local et éthique pour les particuliers et professionnels locaux ».
Patricia Cerinsek