EN BREF – Les matinales n’ont pas été assurées dans la moitié des 44 locales France Bleu ce lundi 25 novembre, dans le cadre du mouvement de grève à Radio France. À Grenoble, aucun journaliste n’est venu travailler.
La direction du groupe Radio France dévoilait, les 13 et 14 novembre derniers, son « Projet 2022 de transformation numérique » : 299 suppressions de postes, 60 millions d’euros d’économies et la fermeture des bureaux d’information régionale de Toulouse et Marseille. Ce lundi 25 novembre, deux journalistes sur trois ont cessé le travail sur l’ensemble du groupe, à l’appel de la CGT, de la CFDT, du SNJ et de Sud. France Bleu Isère ne faisait pas exception, les quatre journalistes en poste ce matin étant tous grévistes.
60 millions d’économies
Selon la direction, 20 millions d’euros doivent être économisés pour anticiper une baisse de dotations du gouvernement sur quatre ans ; 20 autres millions doivent, selon la présidente du groupe Sibyle Veil, « financer le développement du numérique » ; et les 20 derniers sont dus à un « accroissement mécanique des charges de l’entreprise, notamment des charges salariales ». Dans le même temps, 76 postes devraient toutefois être créés, en partie à destination du développement numérique.
« J’ai veillé à limiter au strict nécessaire le nombre de départs volontaires de salariés », annonce Sibyle Veil dans un courrier qui leur est destiné. En juin, la direction avait annoncé envisager jusqu’à 390 suppressions de postes. Mais une contre-expertise menée par un cabinet indépendant mandaté par le comité social et économique du groupe a jugé que les économies à réaliser étaient surévaluées et que 118 postes pouvaient être épargnés.
Personnel surmené
« On nous demande de faire toujours plus avec moins, témoigne un membre gréviste de la rédaction de France Bleu Isère. Quand on veut faire le travail correctement, on doit faire le travail de deux personnes. »
La rédaction compte neuf journalistes permanents et une quarantaine de salariés au total. Ce lundi, aucun journal d’informations n’a été assuré. Interrogé par Place Gre’net, le journaliste gréviste pointe du doigt la diversification croissante des tâches. « Maintenant, on nous demande de faire de l’image, de la photo, du web… Bientôt, les matinales seront filmées dans le cadre de notre rapprochement avec France 3. Je ne suis pas contre le changement, mais il faut nous donner les moyens pour le faire. »
Très suivi à l’échelle national, le mouvement a privé certaines locales de ses matinales. À Grenoble, l’antenne a été assurée toute la journée par les animateurs et techniciens. « La rédaction est très mobilisée mais pas les autres catégories du personnel. Les gens peuvent donc croire en écoutant la radio que nous ne faisons pas grève, mais si ! »
Les quatre syndicats ont déposé des préavis différents : impossible donc de savoir comment va évoluer la mobilisation à France Bleu, mais également à France Inter, France Info ou France Culture dans les jours à venir. Les antennes devraient cependant rester fortement perturbées sur tout le territoire.
Raphaëlle Denis