REPORTAGE VIDÉO - Une manifestation unitaire a marqué le premier anniversaire du mouvement des gilets jaunes ce samedi 16 novembre à Grenoble. Un an après la première grande mobilisation du 17 novembre 2018, ces derniers ont changé leur fusil d'épaule misant sur la convergence des luttes. Une mise en bouche avant la grande mobilisation interprofessionnelle du 5 décembre prochain.
Fini les “traditionnels” rassemblements des gilets jaunes du samedi au pied de la tour Perret avant une déambulation dans Grenoble. Pour marquer le premier anniversaire de la grande mobilisation du 17 novembre 2018, le collectif Gilets jaunes Isère a organisé un rassemblement place Notre-Dame avant de partir manifester dans le centre-ville.
Une manifestation unitaire qui avait pour cadre la convergence des luttes "en bonne intelligence" sur des revendications communes. Pour l'occasion, seize organisations* syndicales et associatives ainsi que des collectifs de citoyens ont rejoint les gilets jaunes. "Fin du monde, fin du mois, même système, même combat ! », pouvait-on lire sur nombre d'affiches ou de banderoles. Cette antienne, reprise par les médias pour résumer les préoccupations écologique et sociale du mouvement, était ainsi au cœur de la manifestation.
"Ensemble nous sommes plus forts pour exprimer une colère légitime"
De fait, bien que le mouvement citoyen se soit très nettement essoufflé depuis quelques mois, les gilets jaunes ont néanmoins pris part à la grande majorité des mobilisations touchant à la défense du pouvoir d'achat ou à l'urgence climatique. Un glissement perceptible annonciateur d'une convergence de leurs revendications avec celles des autres organisations en lutte.
Mais aussi un revirement stratégique car, indique le collectif, "ensemble, nous sommes plus forts" pour exprimer "une colère légitime ». Un nouveau départ pour le mouvement ? En tout cas une manifestation en forme de répétition avant la mobilisation nationale interprofessionnelle du 5 décembre prochain, elle aussi placée sous le signe de l'unité.
Retour en image sur cette manifestation pacifique ponctuée d'actions menées par les activistes d'ANV - Cop21, d'Alternatiba et d'Extinction rébellion. Laquelle a rassemblé, selon la police, près de 800 personnes au plus fort de l'après-midi.
Tentatives de reprise de ronds-points et une "maison du peuple" sur le site Neyrpic
Parallèlement, les gilets jaunes des communes alentours tentaient de reprendre certains ronds-points. Notamment à Voreppe où les forces de l'ordre ont bloqué une quarantaine d'entre-eux, en interdisant tout accès au rond-point du Minotaure. Toujours dans le cadre de la convergence des luttes, les gilets jaunes de Grenoble occupaient depuis trois jours le site des friches Neyrpic.
Un lieu "symbolique" à leurs yeux car "destiné à disparaître en faveur d'un énième temple de la consommation au détriment du bien-vivre ensemble ».
Soutenue par cinq mouvements** citoyens ou activistes, cette occupation visait à la création d'une "maison du peuple" pour en faire un lieu de vie basé sur l’éducation populaire.
Reste qu'en évacuant les lieux dans la soirée de samedi, la police a temporairement mis fin aux espoirs de bâtisseurs des occupants.
Joël Kermabon
* Gilets jaunes Isère, Solidaires, CGT, Unsa, Unef, Unl, CNT, FSU, Alternatiba - COP21, Front social. Les ont rejoint Fridays for future, Droit au logement. Mais aussi Nous toutes 38, Attac, Extinction rébellion, la fratrie des Glaneurs solidaires et le Collectif anti-répression 38.
** Neyrpic autrement, Alternatiba Grenoble, ANV-COP 21, les Jeunes pour le Climat et Extinction Rebellion
Quelles sont les revendications (réactualisées) des gilets jaunes ?
Malgré le grand débat national censé trouver des solutions à la crise et les quelques mesures d'urgence prises par le gouvernement, les gilets jaunes se déclarent toujours insatisfaits. Ainsi réclament-ils toujours une augmentation immédiate des salaires, des minimas sociaux, des allocations et des pensions de retraites. Tout comme ils restent braqués contre les cadeaux fiscaux et les exonérations de cotisation des entreprises.
Quant au rétablissement de l'impôt sur la fortune (ISF), c'est toujours un préalable.
Ajoutez à cela, le rejet viscéral du Ceta, le référendum d'initiative citoyenne (Ric) et l'arrêt des fermetures et privatisations des services publics pour ouvrir des services de proximité.
Reconnaissance de la crise climatique et sociale
Autre demande, un milliard d'euros pour lutter contre les féminicides. « Parce qu'il faut être en vie pour vivre sa retraite », souligne le collectif. Enfin, l'arrêt « de la répression d'État envers les mouvements sociaux », reste une exigence non négociable. Au même titre que l'est « la reconnaissance de la crise climatique et sociale ».
Quant aux réformes engagées ou en cours de l'être, les gilets jaunes restent sur leur positions. Ils demandent le retrait de la loi sur l'assurance chômage et celui du projet "attaquant le système de retraite ». Pour obtenir satisfaction, les gilets jaunes persistent et signent. Ils continueront à mener, affirment-ils, "un rapport de force politique pacifiste" et à se structurer "de manière démocratique et dans le respect de tous ».