FOCUS – Le site d’hébergement du Rondeau, où résident 130 personnes en grande difficulté, a accueilli un chantier participatif, ce mercredi 13 novembre. Bénévoles, services civiques et résidents ont travaillé main dans la main toute la journée. Le but : construire des équipements extérieurs pour améliorer le cadre de vie de ces habitants, pour la plupart des migrants, sommairement hébergés dans de petits chalets en bois. Dans le même temps, des squats et campements de migrants persistent dans différents points de l’agglomération.
Le village d’accueil du Rondeau est en plein effervescence, ce mercredi 13 novembre. D’un bout à l’autre du site, plus de cent personnes, bénévoles, services civiques, membres du Centre communal d’action sociale (CCAS) ou résidents s’affairent à la tâche. Enfants comme adultes ont enfilé leur tenue de travail pour participer au “chantier participatif”, le temps d’une journée.
Mejdin, 10 ans, court avec une bâche en plastique dans les mains. Ses habits sont couverts de peinture blanche. « J’en ai fait toute la journée », raconte-t-il, tout sourire. « On m’a dit que c’était super ! »
Mejdin et sa famille se sont installés sur le site du Rondeau, il y a quatre mois. Le jeune garçon a particulièrement apprécié cette journée de bricolage avec son père, Dejvid. Lui aussi a peint. « C’est le meilleur ! », lance son fils, admiratif.
« L’important, c’est le partage »
De la peinture, mais aussi de la construction de tables, de bancs, de bacs de jardinage, d’un parc à loupiots et d’un tipi. Au total, une quinzaine d’ateliers a été mise en place. Et après l’effort, le réconfort. En fin de journée, les services civiques d’Unis-cité, reconnaissables à leurs pulls oranges, ont partagé un goûter avec les résidents.
Certains ont même joué au foot, au basket ou au tennis de table. Et pour Maelle, 19 ans, c’est tout aussi important que le bricolage. « C’est bien de rendre ce lieu plus agréable, mais l’idée c’est aussi de rencontrer ceux qui vivent ici », explique-t-elle. « Dans la journée, on passe d’un atelier à l’autre, et on aide comme on peut, même si on ne sait pas tout faire ».
Un point de vue que partage Titouan, 20 ans, lui aussi en service civique.
« Le chantier, c’est un peu un prétexte à la rencontre. Il y a quelques problèmes techniques, comme une ponceuse déchargée, ou pas assez d’outils pour tout le monde. Mais l’important c’est le partage. »
Au cours de la journée, quelques élus sont aussi passés sur le chantier. Antoine Back, conseiller municipal, a tenu à rappeler que la Ville n’avait pas de compétence obligatoire en matière d’hébergements de ce type. « C’est le choix de la mairie pour faire face à la précarité », insiste-t-il.
Accueillir dans la dignité
Et c’est en ce sens que le village d’accueil du Rondeau a été mis en place, fin 2014. « Ce dispositif propose 130 places d’hébergement », souligne Alain Denoyelle, adjoint à l’action sociale. « Les résidents sont en grande majorité des migrants, mais il y a aussi des personnes redirigées par le 115 », explique l’élu. À ses yeux, il est très important de réaliser ces aménagements extérieurs pour améliorer le cadre et les conditions de vie des habitants du site.
C’est en partie ce sur quoi a insisté Eric Piolle. Le maire de Grenoble est également venu saluer les bricoleurs de la journée. « Le but est de montrer qu’on peut accueillir dans la sécurité, dans de bonnes conditions et avec dignité », a‑t-il indiqué. Ce dernier avait d’ailleurs adressé en ce sens, en avril 2019, une lettre au gouvernement demandant un « accueil digne » des migrants, aux côtés d’une dizaine de maires – dont ceux de Paris, Lille, Toulouse, Strasbourg et Nantes –, faisant face à la recrudescence de campements dans leur ville et aux situations humaines dramatiques qu’elle génère.
Eric Piolle a également cosigné une tribune, le 7 octobre dernier, demandant à l’Etat d’agir au plus vite afin de faire face à « la situation des personnes à la rue, parmi lesquelles des personnes migrantes cherchant un refuge dans les villes de France ». Suite à leur rencontre le 14 octobre avec Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur, et Julien Denormandie, ministre de la Ville et du Logement, les maires signataires de la tribune ont enfoncé le clou le 23 octobre dernier (cf. second encadré) et demandé à l’État des moyens d’hébergement supplémentaires.
Augustin Bordet
À Grenoble, des points “chauds” demeurent…
Le site d’hébergement du Rondeau est loin de pouvoir répondre à la demande métropolitaine en la matière. Rien que sur Grenoble, plusieurs camps ont déjà vu le jour et perdurent ou se déplacent selon les évacuations.
Outre celui de la rue Prosper-Mérimée, derrière la Bifurk dans le quartier de la Capuche, un camp de fortune en plein centre-ville attire particulièrement l’attention depuis cet été. Et pour cause, à deux pas des quais de la gare, une quarantaine de personnes campent dans des conditions précaires. Venues d’Europe de l’Est, pour certaines avec de très jeunes enfants, ces familles roms vivent au milieu de monticules de dépôts sauvages qui grossissent de jour en jour.
Hébergement d’urgence : ce que demandent les maires signataires de la tribune
Les maires de ces grandes villes demandent :
– « Que le gouvernement propose une répartition territoriale équilibrée des demandeurs d’asile et des réfugiés qui doit s’appuyer sur un diagnostic prenant en compte les données économiques, sociales et financières des territoires et leurs capacités à prendre en charge ce type de public. »
– « Que le gouvernement neutralise au sein de la procédure de contractualisation financière les dépenses engagées par les collectivités, et qu’elles s’engagent à poursuivre de manière volontariste à mesure de leurs moyens. »- « Que le gouvernement précise sa position sur la situation des personnes « dublinées » qui subissent le système inopérant des accords de Dublin et se trouvent dans une impasse au regard de leur demande d’asile en France. »