EN BREF – Le Théâtre Prémol accueille jusqu’au 17 novembre Le Théâtre du Risque. Le collectif grenoblois interprète L’Odeur des arbres, de Koffi Kwahulé, avec une mise en scène de Sébastien Geraci. Un huit-clos très visuel qui raconte le retour soudain d’une sœur dans une famille qu’elle avait décidé de fuir.
Faire découvrir des textes d’auteurs de théâtre contemporain. Voilà l’ambition du Théâtre du Risque depuis une dizaine d’années. Cette-fois-ci, il s’est attaqué à L’Odeur des arbres. Une œuvre de Koffi Kwahulé qui a remporté le prix Bernard-Marie Koltès des lycéens du Théâtre national de Strasbourg en 2018 et le grand prix de littérature dramatique Artcena en 2017.
Cette œuvre en huit-clos, présentée au Théâtre Prémol jusqu’au 17 novembre, n’hésite pas à naviguer dans le temps. Elle revisite en effet Antigone de Jean Anouilh et n’est pas sans rappeler le film Juste la Fin du monde de Xavier Dolan.
Une mise en scène dérangeante
Les premières minutes de ce huit-clos plongent le spectateur dans un sombre univers. Sur fond de musique métal, il assiste au meurtre d’une personne supposée handicapée. Puis, s’ensuit une scène insensée d’ébats sexuels entre les deux meurtriers.
Une ellipse intervient. Nous voici quelques années plus tard dans une société ultra moderne. Un enfant joue derrière un rideau. Il restera, là, presque immobile, tout au long de la pièce, intervenant, ça et là, via un écran représentant un interphone qui donne sur la scène principale.
Sur cette dernière, le décor est intimiste. Nous sommes à l’intérieur d’une maison où sont disposés des porte-manteaux, un bureau, mais aussi d’étranges tables desquelles sortent des corps sculptés…
Un huit-clos sur les bassesses de l’humain
Au sein de cette surprenante décoration, se tiennent les parents de l’enfant, un couple richissime. Na’aba et Zein’ke ont en effet la mainmise sur la ville de Loropéni au Burkina Faso depuis qu’ils y ont fait construire une route. Une route qui sera d’ailleurs le fil conducteur de l’histoire. C’est en effet à coté de celle-ci que l’enfant se tient, et sa mère lui interdit formellement de s’en approcher.
C’est aussi là que sera retrouvée Shaïne, sa tante, disparue quelques années plus tôt. Dans cette société inquiétante, aseptisée, elle vient percer le mystère qui règne autour de la mort de son père. Une arrivée qui viendra déranger le petit confort du couple.
Shaïne va devoir se confronter à sa fratrie. Zein’ke, sa sœur loufoque, Na’aba, son beau-frère torturé, et Ezgi, son frère (en fabuleux comédien) devenu drag-queen délurée. À travers de nombreuses discussions, elle sera tantôt face au silence, tantôt face à des découvertes autour d’un passé particulièrement noir. Une vérité qui viendra mettre en lumière les bas-fonds de l’humanité et la faiblesse des individus face à l’argent.
Alice Colmart
Infos pratiques
L’Odeur des arbres
Jusqu’au 17 novembre au théâtre Prémol, 7 rue Henry Duhamel
Du jeudi 7 au samedi 9 novembre à 18 heures
Du jeudi 14 au samedi 16 novembre à 18 heures
Les dimanches 10 et 17 novembre à 15 heuresTarifs : 8 et 12 euros