FIL INFO – Premier jour de procès, lundi 4 novembre, devant la cour d’assises de l’Isère, dans l’affaire des parents salafistes accusés après la mort de leur fille de quinze mois le 1er mars 2017. L’occasion de se pencher sur la jeunesse de la mère, Noémie Villard.
« Je me suis sentie libre. » Au premier jour de son procès aux assises de l’Isère, Noémie Villard, la mère de la petite Hafsa Bernoui décédée à quinze mois, s’est exprimée sur son parcours, de son enfance et son adolescence. Mais aussi sur sa vie de couple, en passant par son choix du salafisme. Un choix qui, selon elle, l’a rendue libre. « Pour moi, je ne m’enfermais pas. »
« Tiraillement invivable » pour Noémie Villard du fait de sa double culture
D’abord, il y a eu cette difficile construction dans une famille à la double culture, musulmane par sa mère et catholique par son père, mal acceptée par son entourage proche. « Je ne trouvais pas ma place. Je devais être soit totalement française et catholique, soit totalement algérienne et musulmane. » Un tiraillement invivable pour elle, des propos blessants de part et d’autre. Et « un conflit de loyauté » auquel elle fait face. « J’aimais tout le monde. Je voulais que tout le monde s’entende bien. »
Dans le même temps, elle s’initie, grâce à ses parents, à l’équitation, à la danse, au cirque, à la poterie, et encore plus au piano, grâce auquel elle aurait pu entrer au conservatoire. Son père, régisseur de spectacles, l’emmène par ailleurs à des concerts, au théâtre… Son parcours scolaire est celui d’une bonne élève. Elle se lance dans des études linguistiques à l’université.
Arrêt rapide de ses études supérieures après la rencontre de son « sauveur »
C’est là qu’elle commence à se vêtir du voile, alors que sa mère l’avait toujours refusé pour elle-même, puis du jilbab. Mais son passage à l’université sera de courte durée. Par l’intermédiaire d’une amie, elle rencontre celui qui deviendra son « sauveur », Sami Bernoui, le père de ses enfants.
Ils se marient religieusement en l’absence de Noémie Villard, représentée par un tuteur, puis célèbrent cette union en petit comité, alors qu’elle vient de s’échapper de chez sa famille, qui voulait tenter d’empêcher cette union hâtive et particulièrement crainte. C’est le début d’un huis-clos familial, d’une vie de couple fusionnelle contre le reste du monde.