FOCUS – Après onze premières propositions en 2018, l’association politique du Cercle sud-grenoblois s’apprête à lancer une nouvelle salve de projets et d’idées en prévision des municipales de 2020. Objectif du collectif ? Affirmer l’identité des petites communes du sud de l’agglomération. Ceci en rassemblant des sensibilités politiques différentes : depuis En marche en passant par le PCF, le parti socialiste ou Les Républicains.
Deuxième salve de propositions pour le Cercle sud-grenoblois. L’association politique fondée au lendemain des élections législatives de 2017 est en ordre de bataille pour les prochaines municipales. Et tient à le faire savoir.
Après avoir formulé onze propositions en 2018 « pour un véritable changement en mars 2020 », le collectif prépare le dévoilement de dix nouvelles suggestions issues de ses différentes commissions techniques.
Objectif du Cercle ? « Rassembler toutes les sensibilités politiques du territoire autour de valeurs pour défendre les petites communes face à la grosse Métropole qui les laisse parfois de côté », explique sa coprésidente Aline Kozma.
La palette des « sensibilités » est en effet étendue : Aline Kozma (En marche) partage la présidence avec Claude Soullier (Les Républicains). Alors que parmi les 200 membres du Cercle se trouvent des personnes plutôt proches du parti socialiste… ou même encartées PCF.
Des candidats dans chaque commune du Sud grenoblois
Ce grand écart ne dérange aucunement Aline Kozma. Pour celle qui est aussi fondatrice du mouvement Elles marchent 38, les membres du collectif se rassemblent autour d’un intérêt territorial commun. Et si des discussions houleuses peuvent quelquefois survenir, elles concernent avant tout les débats nationaux, assure la coprésidente. Qui jure pour sa part bien peu se soucier des querelles politiciennes.
Le discours du Cercle sud-grenoblois n’est pourtant pas exempt de politique… voire de polémique. « L’agglomération grenobloise est marquée par le règne des “3i” : immobilisme, inaction, irresponsabilité », écrivait le collectif dans le préambule de ses premières propositions. La majorité métropolitaine, généreuse lorsqu’il s’agit de communiquer sur ses réalisations et objectifs, appréciera !
Aline Kozma l’affirme : le Collectif n’est pas là pour faire joli et compte présenter en 2020 des candidats dans chacune des villes du Sud grenoblois. Elle-même est en lice à Jarrie, tandis que Claude Soullier se présente à Brié-et-Angonnes. À Saint-Paul-de-Varces, c’est Denis Bonzy qui briguera la municipalité. Vif, Varces, Champ-sur-Drac, Claix, Eybens, Bresson, Vizille ou Pont-de-Claix ont également leurs candidats déclarés*.
Autant de têtes de liste qui, membres parfois d’une formation politique définie, se retrouvent autour des « valeurs » énoncées par le collectif lors de ses premières propositions.
Le Sud grenoblois, « poumon vert » de l’agglomération ?
Ses premières propositions se présentaient sous la forme d’un inventaire où la déontologie occupait une grande place : « Désignation d’une équipe de déontologues », « frais de mission des élus […] disponibles par Internet dans les 30 jours ». Ou encore inscription de « tout marché public passé avec une entreprise comprenant en son sein un descendant ou un ascendant direct d’un membre de l’exécutif ».
L’identité du Sud de la métropole comptait également parmi les préoccupations. Plus que jamais sud-grenoblois, le Cercle plaidait pour une « alternative à l’actuelle organisation uniforme de la Métro ». Et notamment pour le « respect du poumon vert qu’est le Sud de l’agglomération ». Quitte à exiger une refonte du Plan local d’urbanisme intercommunal, après les élections de 2020, si celui-ci allait à l’encontre de « la place à part entière » occupée par la nature sur le territoire.
Enfin, entre organisations de référendums ou renforcement des programmes de logement social, le Cercle mettait encore en avant… l’économie. « Il faut alléger les charges sur toutes les entreprises, commerces et artisans et rendre du pouvoir d’achat aux citoyens », écrivait l’association. En affirmant sa volonté de « réorienter [le secteur public] à destination de ses seules prérogatives de service public ». Tout en donnant priorité au privé par délégation « dès qu’une activité intervient dans un secteur concurrentiel ».
« Sortir de la culture de la sanction permanente »
Les nouvelles propositions du collectif ? Le Cercle sud-grenoblois veut la création d’une « charte des citoyens, avec des engagements précis de la Métropole sur des délais de réponses et d’interventions ». Visiblement peu sensibles à la mise en place d’un site métropolitain de démarches en ligne, le Cercle estime que « le client d’une entreprise numérique mondiale est [aujourd’hui] mieux traité que le citoyen de la Métro dans la prise en considération de sa requête ».
L’association propose ensuite la mise en place d’une application « pour la signalisation de tous les problèmes de circulation avec l’information en temps réel et la proposition de solutions immédiates de contournement ». Le site Métromobilité, qui propose une carte incluant les « événements routiers », n’est visiblement pas assez réactif aux yeux du Cercle. Qui appelle la Métro à s’inspirer du projet de « métropole intelligente et connectée » OnDijon.
Autres idées ? Celle d’un « test de stress hydriques » sur les communes de la Métro. Ou encore la création d’un cimetière animalier intercommunal et de « campagnes civiques sur le traitement des animaux ». Côté civisme, le Cercle prône encore l’instauration de « cours d’instruction environnementale en écoles primaires, collèges et lycées ». Avec la mise en valeur des pratiques vertueuses. Et entend « sortir de la culture de la sanction permanente » en prenant le parti de “récompenser” les bons comportements.
Des élus métropolitains « prisonniers des traditions » ?
Le Cercle sud-grenoblois considère également que la Métro devrait soutenir les familles « lorsque les personnes âgées sont en perte d’autonomie ». Qu’il s’agisse de leur maintien à domicile, de la recherche de solutions temporaires durant l’absence des aidants familiaux, ou de l’installation d’un parent dans un Ehpad. En 2018, dans ses premières propositions, l’association prévoyait déjà « un programme de création de maisons d’accueil pour personnes âgées dépendantes ».
Le Cercle exige par ailleurs « la reconnaissance du droit à contester une décision administrative sans craindre le risque de s’exposer à des pénalités lourdes ». Dans le viseur ? La plainte de Grenoble Habitat contre des opposants du projet Galtier. Une proposition quelque peu en contradiction avec celle du « droit à l’expérimentation ». Au nom duquel, au contraire, la juriste Aline Kozma juge « qu’il faut être moins rigoureux sur certains recours qui peuvent être déposés ». Exemple ? La votation citoyenne mise en place (et annulée) à Grenoble.
Enfin, le Cercle attend en 2020 un « programme de remise à zéro des politiques publiques métropolitaines ». Avec, à la clé, « une réduction drastique de la pression fiscale locale », tout en cessant d’être « prisonnier des traditions ». Prisonnier ? « Beaucoup d’élus ont du mal à reconnaître que, parfois, ils ont fait fausse route sur certains dossiers. Pour ne pas dire qu’ils se sont trompés, ils continuent à abonder dans un sens alors que l’on a constaté l’échec de tel ou tel projet », juge Aline Kozma, en citant les cas d’Alpexpo ou du Stade des Alpes.
Florent Mathieu
* À Vif : Karine Maurinaux (association Contamination Eau Sud Agglo). À Varces : Jean-Michel Losa (conseiller municipal d’opposition). À Champ-sud-Drac : Muriel Riou (ancienne adjointe, démissionnaire). À Claix : Nathalie Cotte (conseillère municipale d’opposition). À Eybens : Philippe Paillard (chef d’entreprise). À Vizille : Bernard Ughetto-Monfrin (syndicaliste, PCF). Au Pont-de-Claix : Thomas Ditrani (Contrôleur de gestion GEG). (voir encadré)
À CLAIX, NATHALIE COTTE SE DÉSOLIDARISE DU CERCLE
Suite à la parution de notre articles, deux réactions se sont faites connaître sur les réseaux sociaux. Concernant la candidature de Bernard Ughetto-Monfrin, le PCF Sud-Grenoblois salue le soutien de « l’ancien vizillois » Claude Soullier. Mais tient toutefois à bien préciser que l’organisation n’est pas membre du Cercle Sud-Grenoblois, « et ne partage pas l’ensemble des orientations présentées dans l’article ».
Plus problématique, le candidat concerné affirme lui aussi ne pas appartenir, et n’avoir jamais appartenu, au Cercle sud-grenoblois. Le fait de soutenir une liste a t‑il valeur de recrutement par défaut pour l’association ?…
Nathalie Cotte, candidate à Claix, déclare pour sa part avoir été « citée a son insu ». « Je ne partage pas le constat du règne des 3i, ni les méthodes utilisées », écrit-elle. En considérant que « la première des règles [de déontologie] est de ne pas associer des individus sans leur accord ». Une réaction postée sur Facebook, amenant le référent LREM 38 Olivier Six à préciser que la démarche d’Aline Kozma « n’engage en rien La République en marche ».
Des « engagements à géométrie variable », raille Aline Kozma
Réponse d’Aline Kozma ? La co-présidente du Cercle persiste et signe : Nathalie Cotte se revendiquait bel et bien de l’association. Et d’adresser à la candidate une réponse cinglante : « Les engagements à géométrie variable sont justement les méthodes de “micro-climats” ponctuels pour divers arrangements que nous ne souhaitons plus voir dans cette agglomération ». Contactée par Place Gre’net, Nathalie Cotte n’a pas (encore) répondu à notre sollicitation.
Quid de la réaction d’Olivier Six ? « C’est de bonne guerre », estime la fondatrice d’Elles marchent 38. Et d’expliquer que sa formation est « rattachée directement au national », et même au ministère du Droit des femmes, et non à LREM 38. Après les querelles intestines accompagnant la désignation d’Émilie Chalas pour les Municipales de Grenoble, une nouvelle preuve que la sérénité règne dans les rangs isérois du mouvement présidentiel ?