EN BREF — Sous le coup d’une procédure disciplinaire pour avoir porté un débardeur, tenue jugée « indécente », l’élève du collège Jacques-Prévert d’Heyrieux dans le Nord-Isère ne devrait finalement pas être sanctionnée. Pas de quoi rasséréner l’UNL 38, qui dénonce la « culture du viol » et les « règlements sexistes » des établissements scolaires.
Sortie de crise pour le collège d’Heyrieux à l’origine de “l’affaire du débardeur” ? L’établissement scolaire a en effet attiré l’attention des médias locaux et nationaux en lançant une procédure disciplinaire contre une élève de 14 ans, coupable à l’origine d’avoir porté… un débardeur. Une tenue jugée « indécente » par l’équipe surveillante, ce qui avait scandalisé la mère de l’adolescente. Celle-ci avait alors posté une (première) vidéo sur YouTube, source par la suite de bien des querelles.
Loin de s’arranger, les choses avaient empiré : l’élève a été forcée un matin de revêtir la veste de la CPE du collège, à cause d’un pull laissant apparaître un bout d’épaule. Tandis qu’une quarantaine de parents d’élèves étaient prévenus, à leur tour, d’une tenue indécente de leurs filles, en débardeur ou en jupe. Point d’orgue de l’affaire : une convocation à la gendarmerie de l’adolescente, en lien avec la vidéo réalisée par sa maman.
L’Union des lycéens fustige la « culture du viol »
Au final, le rectorat de Grenoble a joué les médiateurs entre la direction de l’établissement et la famille de la jeune fille. « Le problème est réglé et a permis de réfléchir à la communication entre l’établissement et les familles », a‑t-il fait savoir au sortir d’une réunion organisée le 10 octobre. Les potentielles sanctions contre l’élève ont été levées et le règlement de l’établissement sera révisé pour être plus précis en matière de tenues autorisées*.
Si la polémique ne semble plus à l’ordre du jour, l’affaire n’a pas manqué de faire réagir sur les réseaux sociaux comme dans les milieux éducatifs. Dernière réaction en date, celle du syndicat lycéen UNL Isère, qui dénonce dans un communiqué « les règlements sexistes » des établissements scolaires. « L’administration poursuit une politique éducative basée sur des critères hétéronormés, sexistes et discriminatoires », lance ainsi le syndicat.
Les lycéens se disent par ailleurs « sidérés » de la réaction de l’établissement face au débardeur d’une jeune fille. « [Le] collège se défend en disant que ces tenues “déconcentrent les garçons”, ces termes (…) participent à la culture du viol en rejetant la faute sur les filles », estime l’organisation. Qui exige l’abrogation de ces règlements et de « vraies politiques de sensibilisation sur les violences sexistes et de genre ».
Florent Mathieu
* Contactée par Place Gre’net, la direction du collège n’a pas donné suite à notre demande d’entretien.