EN BREF – Près de 600 manifestants selon les syndicats, 450 selon la police ont défilé dans les rues de Grenoble ce mardi 8 octobre. Une dixième mobilisation depuis l’élection d’Emmanuel Macron, toujours pour la préservation du pouvoir d’achat des retraités et, plus largement, la défense des services publics de proximité.
Pour la dixième fois depuis l’élection d’Emmanuel Macron et cette fois à l’appel de neuf syndicats*, les retraités ont fait entendre leur voix dans les rues de Grenoble ce mardi 8 octobre.
Une nouvelle mobilisation qui a rassemblé près de 600 personnes selon les syndicats et 450 pour la police.
Le tout sur fond de demande de revalorisation des pensions pour juguler la baisse du pouvoir d’achat, mais aussi de maintien des régimes spéciaux.
Autres revendications portées par les manifestants : l’embauche de personnels dans les Ehpad et pour les soins à domicile ainsi qu’une prise en charge de la perte d’autonomie à 100 % par la Sécurité sociale. Sans oublier la défense des services publics de proximité, comme les guichets dans les gares ou les bureaux de poste, menacés de fermeture.
Des avancées, certes, mais insuffisantes
« Nous avons contraint le gouvernement à céder en annulant la CSG pour une partie des retraités et la revalorisation des petites pensions en 2019. Une promesse d’augmentation pour tous est promise pour 2021 seulement ». Des avancées certes mais insuffisante, estime Yves Richard, le secrétaire général CGT des retraités de l’Isère.
Le syndicaliste n’en démord pas, « les retraités ne veulent pas que des miettes du gâteau représentant le travail de toute une vie ». De l’argent il y en a, assurent de concert les syndicats. Qui jugent « qu’il doit être réparti autrement que pour arroser les actionnaires et les grands sociétés capitalistes ».
Toujours est-il que, depuis la dernière mobilisation, le fond revendicatif reste inchangé. Principalement en cause ? Le projet de système “universel” des retraites par points et par répartition envisagé par le gouvernement. « Cela ne peut plus durer, les retraités n’en peuvent plus, poursuit Yves Richard. Ce ne sont pas les retraités des Ehpad et les aides à domicile qui nous démentiront. Ils souffrent, eux aussi, du manque de personnel et du manque de reconnaissance qui n’encourage pas les vocations ».
De nouvelles coupes budgétaires dans les services public médico-sociaux ?
Dans le même temps, des représentants syndicaux CGT des secteurs santé et social, se rendaient à la permanence parlementaire d’Olivier Véran. L’objectif de cette délégation composée de deux aides-soignants, deux éducateurs et d’un infirmier ? Demander au député de l’Isère et rapporteur de la Commission des affaires sociales « que soit réexaminé à la hausse le taux de progression de l’Objectif national des dépenses d’assurance maladie (Ondam) ». Un taux prévu par le projet de Loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) révélé fin septembre par Agnès Buzyn, la ministre des Solidarités et de la Santé, dont le vote devrait avoir lieu en fin d’année.
Leur crainte ? Que la sous-évaluation de l’Ondam d’environ 4 milliards « ne se traduise par de nouvelles coupes budgétaires dans les services publics médico-sociaux ».
Lesquelles, précise Damien Bagnis, membre de la délégation, peuvent prendre différentes formes. Telles « le développement de l’hospitalisation à domicile accompagnée de suppression de lits dans les hôpitaux, la fusion et la restructuration des établissements de santé comme le rattachement de l’hôpital de Voiron au CHU de Grenoble ». Ou encore, ajoute-t-il, « [les] hôtels sanitaires privés à buts lucratifs en amont et en aval des hospitalisations ».
Autant de nouvelles modalités « se traduisant par un même dénominateur commun : la baisse du niveau de prise en charge des patients [qui pourrait] conduire à une recrudescence du nombre d’accidents », prévient Damien Bagnis.
Joël Kermabon, avec Patricia Gastineau
* La CGT, la CFTC, la CFE-CGC, Force ouvrière, la FSU, Solidaires, la FGR, la LSR, et Ensemble et Solidaires