DIAPORAMA – Retour en images et en mots sur la manifestation des jeunes majeurs migrants organisés à Grenoble mercredi 11 septembre, depuis la place Saint-Claire jusqu’à l’Hôtel du Département. Pris en charge lors de leur arrivée en France en tant que mineurs non accompagnés (MNA), certains de ces jeunes sont contraints à leur majorité de quitter le logement mis à leur disposition, sans solution de relogement. Quand ils ne sont pas frappés d’une obligation de quitter le territoire français.
« On n’est pas là contre le développement de la France : notre objectif, c’est de s’intégrer dans la culture française », « les jeunes ne sont pas des délinquants, on a tous des projets, on veut tous réussir ici »… Devant l’Hôtel du Département, les témoignages de jeunes majeurs, “ex”-mineurs non accompagnés (MNA), vont tous dans le même sens : le sentiment d’avoir œuvré à leur intégration et la déception de devoir quitter leur logement… voire le territoire français.
Ce mercredi 11 septembre, une manifestation donnait la parole à ces jeunes. Pris en charge par le Département lors de leur arrivée en France au titre de la protection de l’enfance, ils sont, pour certains, appelés à sortir du logement mis à disposition, quand ils ne sont pas tout simplement frappés par une obligation de quitter le territoire français (OQTF) délivrée par la préfecture. Ceci après avoir suivi une formation professionnelle généralement couronnée de succès.
Des élus de la Ville de Grenoble parmi les manifestants
À l’appel du Dal (Droit au logement) 38 et de plusieurs associations d’aide aux migrants, militants et jeunes concernés s’étaient déjà donné rendez-vous devant le Département le 28 août pour dénoncer les « expulsions » à venir. Quinze jours plus tard, ce mercredi, c’est un cortège d’environ 500 personnes (330 selon la police) qui a parcouru Grenoble, depuis la place Saint-Claire jusqu’au siège du Département. Non sans s’arrêter quelques minutes devant la préfecture de l’Isère.
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L’occasion de croiser des drapeaux de la CGT ou de la CNT, des élus de la Ville de Grenoble tels Emmanuel Carroz, Christine Garnier, Kheira Capdepon ou Bernard Macret (ceint de son écharpe tricolore), ou encore les visages familiers des Nuit Debout ou Gilets jaunes de Grenoble. Sans oublier les jeunes, plus nombreux encore qu’il y a deux semaines, portant banderoles et désireux plus que jamais de faire entendre leur voix.
Des professionnels « en quête de sens »
Parmi les manifestants encore, des représentants de l’Association dauphinoise pour l’accueil des travailleurs étrangers (Adate), qui se décrivent comme un « service MNA en quête de sens ». L’Adate est en effet mandatée, et financée, par le Département pour assister les mineurs non accompagnés en Isère, à travers des solutions de logement et de formation. Aujourd’hui, les professionnels dénoncent les choix politiques pris par la collectivité.
« Nous faisons ce mouvement avant tout pour interpeller l’opinion publique sur l’accompagnement des jeunes », explique Alexis de l’Adate. Qui juge arbitraires les décisions de faire quitter leur logement aux jeunes en fin de formation : « Le Département leur demande de voler de leurs propres ailes, mais cette transition se fait de manière abrupte pour les jeunes, et [est] impossible pour les professionnels ! »
Alexis fait les comptes : 37 sorties réalisées sur le mois d’août, dont 22 concernent des jeunes sous le coup d’une OQTF. Onze sorties prévues pour septembre, dont neuf jeunes faisant l’objet d’une OQTF, et encore 18 jeunes en octobre dont dix OQTF. Soit en tout, près de 10 % des effectifs suivis par l’Adate. Quant aux démarches auprès d’autres organismes sociaux pour trouver un logement, elles ne sont pas accessibles aux OQTF… même quand un recours, suspensif, a été déposé.
Les titres de séjour sur toutes les lèvres
La question des OQTF étant sur toutes les lèvres, le cortège a marqué un arrêt devant la préfecture de l’Isère. Si les associations ont déposé une (nouvelle) demande d’audience auprès du président du Département Jean-Pierre Barbier et de sa vice-présidente à la Famille Sandrine Martin-Grand, la réponse des services est négative : « On ne va pas organiser une réunion improvisée. »
« Il y a déjà eu deux réunions dans l’année, une troisième est en préparation et aura lieu avant la fin de l’année », indique encore le Conseil départemental. Qui entend réunir autour de la table les associations et la préfecture, dont dépendent les titres de séjour. D’ici là, pas question pour la collectivité de laisser dire qu’elle pratique des « expulsions » : « Nous n’expulsons personne et nous n’en avons pas le pouvoir ! »
À l’occasion du précédent mouvement, Sandrine Martin-Grand indiquait à Place Gre’net que le Département s’en tenait à ses compétences, tout en suivant un grand nombre de jeunes majeurs en formation. Et appelait les associations à ne pas confondre aide sociale à l’enfance et hébergement d’urgence. « Ces jeunes sont en capacité de travailler et d’obtenir un logement de jeunes travailleurs, par exemple », jugeait ainsi la vice-présidente.