FOCUS – Christophe Ferrari, le président de la Métropole, a affirmé la volonté de la collectivité de candidater à la deuxième phase de l’expérimentation Territoire zéro chômeur longue durée. L’objectif, à terme ? Proposer aux publics concernés un emploi à durée indéterminée et à temps choisi. La Métropole a, par ailleurs, validé le choix du quartier d’Échirolles ouest comme premier territoire candidat.
Christophe Ferrari, le président de la Métropole, a annoncé, le 11 juillet dernier, la candidature de la collectivité territoriale à la seconde phase de l’expérimentation “Territoire zéro chômeur de longue durée”.
Une décision entérinée à l’unanimité par le conseil métropolitain du 5 juillet, dans le cadre de sa compétence emploi et insertion.
Favoriser la création d’emplois pérennes et à temps choisi
Cette annonce s’inscrit dans le prolongement de la proposition de loi visant à supprimer le chômage de longue durée, adoptée par le Sénat le 8 février 2016. Initiée par ATD quart monde, cette expérimentation consiste à favoriser la création d’emplois à durée indéterminée et à temps choisi. La population visée ? Toute personne privée durablement d’emploi, plus particulièrement dans les territoires Politique de la ville.
Cette stratégie d’abord mise en œuvre dans dix territoires volontaires repose sur une double stratégie : d’une part, créer des emplois pérennes en réaffectant les dépenses sociales destinées à compenser la privation d’emploi ou celle du chiffre d’affaires des services rendus ; d’autre part, répondre aux besoins spécifiques des territoires en matière d’emploi non satisfaits.
Une deuxième loi pourrait voir le jour à l’horizon 2020
« Le bilan est très encourageant, souligne Christophe Ferrari, car près de 600 emplois à durée indéterminée ont été créés. » D’où l’intérêt, estime-t-il, d’un nouveau cadre légal permettant, dans une deuxième phase, l’extension de la loi d’expérimentation. Soit la possibilité pour toute collectivité de s’engager dans la démarche.
Il n’y avait qu’un pas à franchir pour que la Métropole présente sa candidature dans la perspective d’une deuxième loi qui pourrait voir le jour à l’horizon 2020. Un nouveau texte tirant les leçons de la première expérience pour lequel « les élus sont mobilisés », assure Christophe Ferrari. « Cette deuxième loi permettrait la participation de nouveaux territoires. La Métropole avec l’ensemble des acteurs a anticipé le travail », explique-t-il.
Comment ? En adressant un appel à manifestation d’intérêt (AMI) aux 49 communes composant la métropole, visant notamment à choisir le territoire d’expérimentation.
Le quartier de la Luire-Viscose à Échirolles sélectionné pour porter la candidature
La Métropole ne s’est pas lancée dans l’aventure sans avoir de billes. Notamment les retours d’expérience des territoires expérimentaux. « Nous nous sommes rapprochés de Villeurbanne* (Rhône) pour bien construire notre candidature », expose Jérôme Rubes, vice-président délégué à l’emploi, l’insertion et l’économie sociale et solidaire.
« Au total, cinq communes ont manifesté leur intérêt de répondre à la deuxième loi », indique Jérôme Rubes. À savoir, Grenoble, Échirolles, Saint-Martin‑d’Hères, Pont-de-Claix et enfin Vizille. Finalement, c’est le quartier de la Luire-Viscose à Échirolles ouest qui a été sélectionné pour porter la candidature métropolitaine.
Pourquoi ce quartier ? La commission technique** a considéré que le projet d’Échirolles répondait aux critères*** de recevabilité de la loi de 2016. « Il y a 337 demandeurs d’emploi longue durée identifiés et un potentiel de 700 entreprises dans ce périmètre de 9 400 habitants, classé de surcroît en Politique de la ville », explique le vice-président.
« Ce n’est pas un dispositif de plus ! »
En parallèle, la collectivité territoriale n’est pas restée les bras ballants. Elle a adhéré à l’association nationale Territoire zéro chômeur de longue durée et entamé un travail de lobbying. Et de nombreux élus métropolitains ont participé à une large mobilisation organisée par cette même association le 18 juin à Paris en faveur de la seconde loi.
Enfin, Christophe Ferrari a adressé un courrier à Emmanuel Macron pour bétonner le tout. « C’est un enjeu considérable pour le territoire d’avoir cette expérimentation », assure le président de la Métropole, en précisant que « ce n’est pas un dispositif de plus ! »
Bien au contraire, ajoute-t-il, « c’est une approche nouvelle pour aller encore plus loin dans ce qu’est la résorption du chômage de longue durée ».
Construire et structurer un réseau de partenaires
Pour autant, rien n’est gagné et le travail ne s’arrête pas là pour la Métropole. En lien avec le collectif ATD quart monde et la commune d’Échirolles, elle œuvre à la structuration d’un réseau de partenaires : entreprises, associations, organismes divers et, bien sûr, chômeurs de longue durée. Le tout adossé à des outils de mise en œuvre tels que le Comité local pour l’emploi (CLE) ou des Entreprises à but d’emploi (EBE).
Prochaines étapes ? Un séminaire de travail des acteurs du territoire échirollois en septembre. Puis, en octobre, un grand forum de lancement au ciné-théâtre de la Ponatière avec la projection en avant-première du film Nouvelle cordée de la réalisatrice Marie-Monique Robin.
Joël Kermabon
- * Villeurbanne faisait partie des dix territoires de la première phase de l’expérimentation.
- ** La composition de cette commission regroupe Pôle emploi, la Direccte, le Département de l’Isère et Grenoble-Alpes Métropole.
*** Les territoires ne doivent pas dépasser les 10 000 habitants. Le texte évalue ensuite la pertinence et la cohérence de l’échelle territoriale et les enjeux de lutte contre le chômage. S’y ajoute la capacité à générer des activités et à mobiliser l’ensemble des acteurs.