REPORTAGE VIDÉO – Après les sans-culottes, ce sont les gilets jaunes qui ont pris la Bastille ce dimanche 14 juillet, toute la journée. Une centaine de militants et sympathisants ont ainsi conflué au parking du glacis dans une ambiance festive et conviviale. L’occasion de montrer qu’ « à Grenoble on est peut-être pacifiques mais on est là ! » explique Fabienne, gilet jaune de la première heure.
C’est à la Bastille que les gilets jaunes ont donné rendez-vous aux Grenoblois hier toute la journée. Coïncidence ? Sûrement pas ! L’histoire de la fête nationale ne pouvait que faire écho à leurs luttes des derniers mois. Dans une ambiance détendue et conviviale, les manifestants du samedi ont ainsi occupé le parking du glacis avant de déployer un gilet jaune géant à l’arrivée du téléphérique.
Pas de vacances pour les gilets jaunes
Malgré les vacances scolaires et l’épuisement d’une partie des manifestants, les gilets jaunes de la région grenobloise ont souhaité montrer hier qu’ « à Grenoble, on est peut-être pacifiques mais on est là ! ».
Pour ce faire, nul besoin de dégradations ou de rodéo urbain, seulement des voix pour entonner des « on est là ! », des mains pour faire coucou à la caméra de Google Maps (voir photo) et des bras pour étendre un gilet jaune géant. Un événement qui « sort de l’ordinaire et qui fait se rencontrer les gens », se réjouit Kevin, jeune animateur de Grenoble.
Même s’ils n’étaient qu’une centaine, leur présence n’est pas passée inaperçue. Et, en dépit de quelques regards réprobateurs, la journée s’est déroulée sans accroc et a permis de faire passer des messages.
Du côté du parking où certains s’étaient installés, l’heure était plutôt à la pétanque et au pique-nique sur les sons de DJ Monette Wouah wouah, l’ambianceuse des GJ. Gilets jaunes et Grenoblois ont même partagé le dancefloor du téléphérique avant le feu d’artifice.
Une date symbolique
Il n’y a pas qu’à Grenoble que les GJ ont décidé de fêter la Révolution. Dans plusieurs grandes villes de France, l’anniversaire a effectivement donné lieu à plusieurs rassemblements plus ou moins vindicatifs.
Pour Fabienne et Pascale, gilets jaunes de la région depuis le début du mouvement, l’occasion était trop belle pour ne pas dénoncer ce qu’elles considèrent comme une « démocratie de monarques », dans laquelle « les privilèges sont en train de revenir de plus belle ».
Après les nombreuses violences policières dénoncées sur les réseaux sociaux, les gilets jaunes entendent aussi montrer qu’ils ne cesseront pas le mouvement. Une question les taraude tout de même : « Est-ce que les gens vont revenir dans la rue après la répression ? »
Huit manifestants devraient effectivement être jugés à Grenoble au cours du mois de septembre.
Nina Soudre
La bilan du mouvement vu par les gilets jaunes
En neuf mois de mobilisation, difficile de faire le bilan d’un mouvement composite dont l’image a fortement évolué au fil des « actes ».
Kevin et Adrien, deux jeunes gilets jaunes arrivés dans le mouvement en décembre, se sont quand même soumis à l’exercice. S’ils ont attendu plusieurs semaines pour rejoindre le mouvement, c’est par peur de ses affinités d’extrême-droite.
« On a un peu hésité, puis on s’est rendu compte que c’était pas ça (…) Pour un mouvement qui vient du peuple, c’est normal qu’il y ait des gens de tous les bords », expliquent-ils.
Pour eux, « ça a permis à des gens non politisés de venir se renseigner et manifester (…), de prendre les décisions ensemble au lieu de laisser faire d’autres personnes ».
Pour ce qui est de la rentrée, rien n’est certain. « On espère qu’il y aura un renouveau mais c’est toujours imprévisible (…) Le gouvernement n’a quand même pas tant reculé que ça », concluent les deux jeunes militants.