FOCUS – Personnels grévistes de l’Éducation nationale, lycéens et parents d’élèves se sont rassemblés ce mercredi 10 juillet 2019 devant le rectorat. Ils dénoncent l’irrégularité de la notation du bac décidée par le ministre Jean-Michel Blanquer, suite aux rétentions de notes. Les jurys veulent porter plainte devant le tribunal administratif et poursuivre la mobilisation après la période estivale.
Dans le cadre du mouvement de protestation contre la loi Blanquer, une rétention de copies du baccalauréat a perturbé l’annonce des résultats de l’examen. Grenoble est la quatrième académie en France à avoir mené cette opération, avec environ 40 000 copies retenues. Devant l’absence de notes, le ministère a opté pour un remplacement par les notes du contrôle continu.
Conséquence : des résultats non représentatifs pour les élèves. Un rassemblement organisé par l’Union syndicale solidaires Isère a ainsi réuni parents, profs et élèves devant le rectorat mercredi 10 juillet à 17h30.
Parents, profs et élèves protestent
La décision de Jean-Michel Blanquer a mis le bac sens dessus-dessous, selon les enseignants présents. Yann Di Bartoloméo, membre de l’Union nationale lycéenne, témoigne : « Il y avait des élèves qui ne savaient pas s’ils avaient ou non le bac, et qui découvraient une note différente de celle annoncée une fois qu’ils se rendaient aux rattrapages. On ne pouvait pas se fier aux informations données ! ». Mardi 9 juillet, dernier jour des rattrapages, certains élèves ne savaient toujours pas s’ils allaient ou non être convoqués, ajoute-t-il.
Jacob Lamblin, membre de Fédération des conseils de parents d’élèves, explique que la FCPE a également appelé les parents d’élèves à être présents au rassemblement ce mercredi soir, sans avoir nécessairement soutenu la rétention des notes. La fédération est en désaccord avec ce mode de notation qu’elle qualifie d’inégale et d’injuste pour les familles. Elle pointe également l’attitude du ministère, qui fait selon elle la sourde oreille. Le parent d’élève considère qu’il aurait suffi de décaler l’annonce des résultats pour éviter cette situation. « On encourage les élèves à faire des recours », déclare-t-il.
Accusations d’irrégularités contre le ministère
Benjamin Moisset, membre de Sud Éducation, relate le déroulement des jurys du lycée Aristide-Bergès où il était présent : « Il était impossible de connaître si la note était retenue ou pas. On a fait voter des motions par les jurys. Aujourd’hui, tous les jurys de Bergès ont refusé. »
Le syndicaliste précise avoir pris les procès-verbaux en photo. « On a des preuves par les photos que les PV ont été transformé par les chefs d’établissements et des centres d’examens », affirme-t-il. L’enseignant soutient en effet qu’il y a des tentatives de falsifications de procès-verbaux, afin d’enlever les preuves d’illégalité.
Projet de plainte devant le tribunal administratif
« On a invité les jurys à se plaindre avec les syndicats », lance encore Benjamin Moisset. Les accusations déposées relèvent d’inégalités externes comme internes. Les personnels grévistes envisagent donc de porter plainte pour incompétence de l’auteur, détournement de procédure, atteinte au pouvoir de souveraineté du jury (en vertu du code de l’Éducation) et atteinte au droit de grève. En effet, le ministre de l’Éducation nationale a déclaré, le 9 juillet 2019, que des sanctions seraient prévues pour les professeurs grévistes. « Cette crise a révélé un ministre qui ne respecte pas le droit », ajoute le membre de Sud Éducation.
Les personnels de l’Éducation nationale ont également décidé de poursuivre la mobilisation après la période estivale. Ils projettent ainsi de participer à une intersyndicale fin août. Puis à une assemblée générale le mercredi 11 septembre à 14 heures devant la Bourse du travail de Grenoble.
Pauline Defélix