FIL INFO — Pas d’incendie ni de dégradations, mais le détournement respectueux d’une œuvre d’art pour porter un message politique. C’est ce que revendique un membre du groupe activiste Extinction Rébellion, après une action menée très tôt ce vendredi 21 juin. En l’occurrence le collage de visuels des militants écologistes prônant la désobéissance civile sur la sculpture de Calder, devant le Musée de Grenoble.
Une œuvre publique « détournée tout en la respectant ». Si le climat grenoblois est plus propice aux revendications de dégradations ou d’incendies, c’est une action d’une toute autre nature que le groupe Extinction Rébellion revendique par voie de communiqué. Dans la nuit du jeudi 20 au vendredi 21 juin, un de ses “artivistes” a choisi, « en autonomie », d’utiliser le Monsieur Loyal d’Alexandre Calder comme support de son message.
Monsieur Loyal ? Une sculpture de Calder présente depuis 1994 sur le parvis du Musée de Grenoble, après avoir occupé durant près de trente ans le lycée Argouges. Pas de dégâts à signaler : le membre du groupe Extinction Rébellion s’est contenté de coller avec du scotch des affichettes. Presque un hommage à l’artiste américain, décrit comme « connu pour sa radicalité dans son œuvre et son humanisme ».
« L’art est la clé de voûte de la défiscalisation »
Les dessins représentés sur les affiches ? Une abeille morte sur le dos, un crâne… ou encore un pastiche du célèbre visuel « We can do it », dans lequel un ours adresse un bras d’honneur en portant sur le bras le logo du groupe Extinction Rébellion.
Celui-ci, figurant un sablier à l’intérieur d’un cercle, représente l’urgence de la situation. Le tout avec un slogan récurrent : « Rejoignez-nous ».
Mais pourquoi viser le Calder du Musée de Grenoble ? « Il convient de s’attaquer à l’art pour changer le système : l’art est une clef de voûte de la défiscalisation », écrit le responsable de l’action. Qui dénonce l’indécence de la valeur des œuvres d’art, parfois contre la volonté même des artistes, comme c’est le cas pour des dons de Calder en personne.
Sans oublier de fustiger au passage le festival de Street Art organisé par la Ville de Grenoble, jugé « trop éloigné de ses racines subversives ».
L’action est finalement moins originale qu’on pourrait le penser. En avril 2018, des militants d’Alternatiba Grenoble affublaient ainsi de masques des statues de la ville pour alerter sur la pollution. Tandis qu’en 2017, la Métro emballait dans du plastique la statue d’Hector Berlioz place Victor-Hugo pour sensibiliser au tri des déchets.