En 2018, une première génération d'élèves français rencontre les lycéens laotiens du lycée de Thakhek.

Des lycéens mey­la­nais lancent une cagnotte par­ti­ci­pa­tive pour un pro­jet de coopé­ra­tion avec le Laos

Des lycéens mey­la­nais lancent une cagnotte par­ti­ci­pa­tive pour un pro­jet de coopé­ra­tion avec le Laos

FOCUS – À l’heure où les inéga­li­tés de déve­lop­pe­ment pèsent encore lourd dans le des­tin des indi­vi­dus, une asso­cia­tion de lycéens mey­la­nais mène un pro­jet de soli­da­rité inter­na­tio­nale avec le lycée de Thakhek, au Laos. L’occasion pour ces jeunes d’é­chan­ger avec d’autres par-delà les fron­tières autour d’un pro­jet d’ac­cès à l’eau potable… Mais aussi de se confron­ter à une série d’obs­tacles, à la fois tech­niques et cultu­rels. Un véri­table appren­tis­sage pour ces lycéens de 15 ou 16 ans.

Comme tous les mer­cre­dis après-midi, ils sont une dou­zaine de jeunes lycéennes et lycéens du Lycée du Grésivaudan de Meylan (LGM) à se réunir pour par­ler de leur pro­jet de coopé­ra­tion avec le Laos. L’objectif ? Agir en faveur de l’ac­cès à l’eau potable. Pour ce faire, ils ont fondé une asso­cia­tion : la CIS, pour Coopération inter­na­tio­nale et solidarité.

Les élèves de l'association CIS-LGM devant leur stand de coopération avec le Laos.

Les élèves de l’as­so­cia­tion CIS-LGM devant leur stand de coopé­ra­tion avec le Laos. DR

Ce jour-là, les dis­cus­sions sont mul­tiples : ques­tions tech­niques, com­mu­ni­ca­tion, finan­ce­ments… tout y passe. C’est un véri­table exer­cice de ges­tion de pro­jet pour ces élèves de 2nde et 1re. Pour finan­cer leur voyage, ils viennent d’ailleurs de lan­cer une cagnotte par­ti­ci­pa­tive sur la pla­te­forme Leetchi. Une étape impor­tante, car aller sur place s’a­vère néces­saire pour tis­ser une rela­tion de confiance avec le Lycée de Thakhek.

Coopérer à distance

« L’important c’est de construire un par­te­na­riat durable », explique Hakim Ouali, pro­fes­seur de phy­sique appli­quée qui encadre le pro­jet. « Sans cela, les pro­jets péri­clitent. » De fait, le pro­jet, né en 2012, a aujourd’­hui des bases solides. Mais même après sept ans de coopé­ra­tion, les échanges sont par­fois com­pli­qués. « La bar­rière de la langue est l’un des obs­tacles majeurs », constate Hakim Ouali. En effet, les Laotiens n’ap­prennent plus vrai­ment le fran­çais (autre­fois bien maî­trisé du fait de la colo­ni­sa­tion) et pas encore bien l’anglais.

Lycéens français et laotiens avec leurs professeurs encadrants.

Lycéens fran­çais et lao­tiens avec leurs pro­fes­seurs encadrants.

« Au fil des années, on voit le pays s’ou­vrir », observe M. Gengoux, pro­fes­seur d’his­toire-géo­gra­phie et autre enca­drant du pro­jet. « Il y a une vraie évo­lu­tion, même au point de vue poli­tique. » Mais on sent les élèves un peu frus­trés. De fait, ils n’ont pas vrai­ment de contact avec leurs homo­logues lycéens au Laos.

En atten­dant, ils se concentrent donc sur l’or­ga­ni­sa­tion de leur voyage, qui aura lieu en 2020. Et sur la construc­tion de l’ou­til qui est au cœur de leur pro­jet : une fon­taine solaire.

Les élèves du club Laos fabriquent la fontaine solaire dans le hall du Lycée du Grésivaudan.

Les élèves du club Laos fabriquent la fon­taine solaire dans le hall du Lycée du Grésivaudan.

Une fon­taine solaire pour l’ac­cès à l’eau potable

L’accès à l’eau potable est un enjeu cru­cial au Laos. Dans la pro­vince de Khammouane, où se situe la ville de Thakhek, on recense de nom­breuses mala­dies chro­niques liées à la mau­vaise qua­lité de l’eau. Le pays est encore très rural, sou­mis à la défo­res­ta­tion, ce qui favo­rise la pol­lu­tion des nappes phréa­tiques. Seule l’eau en bou­teille est vrai­ment potable, mais elle coûte très cher au regard du niveau de vie local.

Fonctionnement de la fontaine solaire.

Fonctionnement de la fon­taine solaire.

Pour remé­dier à cette situa­tion, l’as­so­cia­tion CIS-LGM tra­vaille aujourd’­hui sur une fon­taine solaire, avec l’aide d’un ancien ingé­nieur gre­no­blois. Il s’a­git d’un dis­po­si­tif très com­pact qui per­met de puri­fier l’eau grâce à l’ac­tion des UV‑C. En effet, ce type de rayon­ne­ment ultra-vio­let éli­mine 99,9 % des bac­té­ries, en sté­ri­li­sant l’eau, ce qui la rend propre à la consommation.

La fon­taine peut ainsi pro­duire 110 litres d’eau par heure, à rai­son de 5 heures par jour. Et elle a une auto­no­mie de quatre jours en l’ab­sence de soleil. La fon­taine est consti­tuée de pièces indus­trielles stan­dard, faci­le­ment trou­vables. Le but est que le Lycée de Thakhek puisse aisé­ment en repro­duire d’autres exem­plaires pour géné­ra­li­ser son uti­li­sa­tion dans la région. Un pro­ces­sus qui devrait être faci­lité par le fait qu’il s’a­git d’un lycée tech­nique, qui pos­sède de nom­breuses com­pé­tences en interne.

Le pro­gramme de coopé­ra­tion inclut éga­le­ment un pro­jet d’a­pi­cul­ture et une ferme à insectes. En échange, les élèves fran­çais espèrent apprendre les tech­niques agri­coles laotiennes.

Des lycéens prêts à sor­tir de leur zone de confort

CIS-LGM ras­semble envi­ron deux tiers de jeunes filles et un tiers de gar­çons. Tous sont moti­vés par la dimen­sion soli­daire du pro­jet. « J’ai conscience qu’ici on a un cadre pri­vi­lé­gié », confie Coline, une élève de pre­mière aux convic­tions bien affir­mées. « C’est pour ça que j’ai voulu par­ti­ci­per : pour décou­vrir une autre culture et aider des per­sonnes qui ont moins de chance que moi. »

En 2018, une première génération d'élèves français rencontre les lycéens laotiens du lycée de Thakhek.

En 2018, une pre­mière géné­ra­tion d’é­lèves fran­çais a ren­con­tré les lycéens lao­tiens du lycée de Thakhek. DR

Même son de cloche du côté de Quentin, qui appré­cie l’i­dée de coopé­rer à l’in­ter­na­tio­nal avec un pays en déve­lop­pe­ment. Thomas, lui, a plu­tôt été séduit par l’as­pect tech­nique du pro­jet, avec la construc­tion de la fontaine.

Château d'eau dans l'enceinte du lycée de Thakhek.

Château d’eau à proxi­mité du lycée de Thakhek, où a été ins­tal­lée une sta­tion météo.

Pour Romane, c’est la dimen­sion éco­lo­gique qui prime. « La fon­taine fonc­tionne à l’éner­gie solaire. Pour moi c’est impor­tant de favo­ri­ser le déve­lop­pe­ment tout en res­pec­tant l’en­vi­ron­ne­ment », détaille-t-elle.

Quand on demande à ces jeunes lycéens ce que ce pro­jet leur apprend au quo­ti­dien, les réponses fusent : tra­vail d’é­quipe, ges­tion, col­lecte de fonds, com­mu­ni­ca­tion… C’est un vrai exer­cice de mise en situation.

« On a dû pré­sen­ter notre pro­jet devant les autres classes du lycée », raconte une élève. « On a com­pris ce que vivent les profs : essayer de cap­ter l’at­ten­tion alors qu’on a l’im­pres­sion que per­sonne ne nous écoute… ! Ça peut être décou­ra­geant mais, fina­le­ment, on a quand même reçu du sou­tien de la part des autres élèves. »

Diane Hentsch

Pour en savoir plus sur le pro­jet, vous pou­vez consul­ter le site du LGM, suivre @Laos_LGM sur Instagram. Ou encore contri­buer au finan­ce­ment par­ti­ci­pa­tif sur Leetchi.

DH

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