FOCUS – À l’heure où les inégalités de développement pèsent encore lourd dans le destin des individus, une association de lycéens meylanais mène un projet de solidarité internationale avec le lycée de Thakhek, au Laos. L’occasion pour ces jeunes d’échanger avec d’autres par-delà les frontières autour d’un projet d’accès à l’eau potable… Mais aussi de se confronter à une série d’obstacles, à la fois techniques et culturels. Un véritable apprentissage pour ces lycéens de 15 ou 16 ans.
Comme tous les mercredis après-midi, ils sont une douzaine de jeunes lycéennes et lycéens du Lycée du Grésivaudan de Meylan (LGM) à se réunir pour parler de leur projet de coopération avec le Laos. L’objectif ? Agir en faveur de l’accès à l’eau potable. Pour ce faire, ils ont fondé une association : la CIS, pour Coopération internationale et solidarité.
Ce jour-là, les discussions sont multiples : questions techniques, communication, financements… tout y passe. C’est un véritable exercice de gestion de projet pour ces élèves de 2nde et 1re. Pour financer leur voyage, ils viennent d’ailleurs de lancer une cagnotte participative sur la plateforme Leetchi. Une étape importante, car aller sur place s’avère nécessaire pour tisser une relation de confiance avec le Lycée de Thakhek.
Coopérer à distance
« L’important c’est de construire un partenariat durable », explique Hakim Ouali, professeur de physique appliquée qui encadre le projet. « Sans cela, les projets périclitent. » De fait, le projet, né en 2012, a aujourd’hui des bases solides. Mais même après sept ans de coopération, les échanges sont parfois compliqués. « La barrière de la langue est l’un des obstacles majeurs », constate Hakim Ouali. En effet, les Laotiens n’apprennent plus vraiment le français (autrefois bien maîtrisé du fait de la colonisation) et pas encore bien l’anglais.
« Au fil des années, on voit le pays s’ouvrir », observe M. Gengoux, professeur d’histoire-géographie et autre encadrant du projet. « Il y a une vraie évolution, même au point de vue politique. » Mais on sent les élèves un peu frustrés. De fait, ils n’ont pas vraiment de contact avec leurs homologues lycéens au Laos.
En attendant, ils se concentrent donc sur l’organisation de leur voyage, qui aura lieu en 2020. Et sur la construction de l’outil qui est au cœur de leur projet : une fontaine solaire.
Une fontaine solaire pour l’accès à l’eau potable
L’accès à l’eau potable est un enjeu crucial au Laos. Dans la province de Khammouane, où se situe la ville de Thakhek, on recense de nombreuses maladies chroniques liées à la mauvaise qualité de l’eau. Le pays est encore très rural, soumis à la déforestation, ce qui favorise la pollution des nappes phréatiques. Seule l’eau en bouteille est vraiment potable, mais elle coûte très cher au regard du niveau de vie local.
Pour remédier à cette situation, l’association CIS-LGM travaille aujourd’hui sur une fontaine solaire, avec l’aide d’un ancien ingénieur grenoblois. Il s’agit d’un dispositif très compact qui permet de purifier l’eau grâce à l’action des UV‑C. En effet, ce type de rayonnement ultra-violet élimine 99,9 % des bactéries, en stérilisant l’eau, ce qui la rend propre à la consommation.
La fontaine peut ainsi produire 110 litres d’eau par heure, à raison de 5 heures par jour. Et elle a une autonomie de quatre jours en l’absence de soleil. La fontaine est constituée de pièces industrielles standard, facilement trouvables. Le but est que le Lycée de Thakhek puisse aisément en reproduire d’autres exemplaires pour généraliser son utilisation dans la région. Un processus qui devrait être facilité par le fait qu’il s’agit d’un lycée technique, qui possède de nombreuses compétences en interne.
Le programme de coopération inclut également un projet d’apiculture et une ferme à insectes. En échange, les élèves français espèrent apprendre les techniques agricoles laotiennes.
Des lycéens prêts à sortir de leur zone de confort
CIS-LGM rassemble environ deux tiers de jeunes filles et un tiers de garçons. Tous sont motivés par la dimension solidaire du projet. « J’ai conscience qu’ici on a un cadre privilégié », confie Coline, une élève de première aux convictions bien affirmées. « C’est pour ça que j’ai voulu participer : pour découvrir une autre culture et aider des personnes qui ont moins de chance que moi. »
Même son de cloche du côté de Quentin, qui apprécie l’idée de coopérer à l’international avec un pays en développement. Thomas, lui, a plutôt été séduit par l’aspect technique du projet, avec la construction de la fontaine.
Pour Romane, c’est la dimension écologique qui prime. « La fontaine fonctionne à l’énergie solaire. Pour moi c’est important de favoriser le développement tout en respectant l’environnement », détaille-t-elle.
Quand on demande à ces jeunes lycéens ce que ce projet leur apprend au quotidien, les réponses fusent : travail d’équipe, gestion, collecte de fonds, communication… C’est un vrai exercice de mise en situation.
« On a dû présenter notre projet devant les autres classes du lycée », raconte une élève. « On a compris ce que vivent les profs : essayer de capter l’attention alors qu’on a l’impression que personne ne nous écoute… ! Ça peut être décourageant mais, finalement, on a quand même reçu du soutien de la part des autres élèves. »
Diane Hentsch
Pour en savoir plus sur le projet, vous pouvez consulter le site du LGM, suivre @Laos_LGM sur Instagram. Ou encore contribuer au financement participatif sur Leetchi.