FOCUS – L’enquête « Besoins et main d’œuvre » 2019 de Pôle Emploi Auvergne-Rhône-Alpes met en relief des besoins en main‑d’œuvre parfois très difficiles à pourvoir sur certains secteurs dans le département de l’Isère. Une tendance qui se retrouve dans l’emploi des cadres, quand bien même celui-ci possède sa dynamique propre.
Des besoins en main‑d’œuvre qui s’avèrent difficiles à pourvoir, sur le bassin grenoblois comme sur l’ensemble du département de l’Isère : tel est le constat dressé par Pôle Emploi Auvergne-Rhône-Alpes dans son enquête « Besoins en main d’œuvre » 2019. Une situation qui s’explique par la hausse des « projets de recrutement » sur le territoire, signe d’une bonne vitalité économique, « l’inadéquation des profils » et tout simplement le manque de candidats.
Les postes les plus pourvoyeurs d’emplois ? La vente, le tourisme et les services aux personnes, qui représentent, à eux seuls, 35 % des projets de recrutement. Loin devant l’industrie ou le BTP, qui pèsent respectivement pour 10 % et 7 % des embauches. Département touristique oblige, l’emploi saisonnier occupe également une place loin d’être négligeable dans l’emploi : environ un tiers des recrutements sur les différents territoires isérois.
Des secteurs à fortes difficultés de recrutement
Mais certains emplois ont du mal à trouver preneurs. 91 % des embauches sur les postes classés « aides à domicile, aides ménagères, travailleuses familiales » sont ainsi considérées comme « difficiles ». Les conducteurs routiers, les employés de maison ou les cuisiniers sont aussi des perles rares : plus de 80 % des projets de recrutement sont jugés difficiles. Des chiffres au demeurant souvent supérieurs à la moyenne régionale.
Dans le détail, la tendance est sensiblement la même sur le bassin grenoblois. Celui-ci est toutefois moins demandeur en aides à domicile, mais cherche désespérément des professionnels de l’animation socioculturelle. Sur les 1 110 projets de recrutement 2019, qui incluent autant des directeurs que des animateurs, 520 postes risquent de s’avérer difficiles à pourvoir. La prédominance des emplois saisonniers (près de 70 %) dans ce secteur n’y est sans doute pas étrangère.
Métiers en tension : 80 conseillers spécialisés de Pôle Emploi aux côtés des entreprises
Comment remédier à ces difficultés de recrutement ? Pôle Emploi vante son action. « 80 conseillers spécialisés accompagnent les entreprises (…) sur la définition de leurs attentes en terme de compétences », décrit-elle. Sans oublier les modules de formation ou d’immersion des candidats, ainsi qu’un « travail concerté avec les branches professionnelles pour améliorer et promouvoir l’image de certains secteurs d’activité ».
Mais l’organisme pour l’emploi insiste aussi sur son Plan d’Investissement dans les Compétences 2019 – 2022, qui « doit permettre aux publics les plus éloignés de l’emploi, inscrits ou non à Pôle emploi d’intégrer des parcours de formations qualifiantes et certifiantes ». Avec pour objectif de « réduire l’écart entre les compétences souhaitées par les entreprises et les compétences disponibles sur le marché du travail ».
Le Plan établi par Pôle Emploi Auvergne-Rhône-Alpes « permettra le financement de 110 000 parcours à destination de demandeurs d’emploi peu ou pas qualifiés, en plus du budget général de Pôle emploi dédié à la formation professionnelle », note l’agence. Et ceci pour assurer des formations dans treize « domaines d’excellence », tels que les métiers de bouche, les services à la personne, le tourisme ou encore le numérique.
La pénurie de candidats touche aussi l’emploi des cadres
L’emploi des cadres dans la région connaît, lui aussi, des difficultés de recrutement, rappelle l’Association pour l’emploi des cadres dans son propre bilan 2019. La conséquence d’une augmentation constante des besoins sur un secteur d’emploi possédant sa dynamique propre. « Nous sommes sur la troisième année consécutive de croissance à deux chiffres en termes d’emploi cadre ! », souligne ainsi Patricia Ozil, responsable auprès de l’Apec.
Résultat ? Les entreprises peinent à trouver des candidats, et la sous-traitance se généralise. « On a une flambée d’entreprises qui passent par des sociétés de service, tout simplement parce qu’elles n’arrivent pas à recruter les personnes dont elles ont besoin », décrit encore Patricia Ozil. Les secteurs en tension ? L’informatique, mais aussi la logistique, l’industrialisation et la recherche & développement.
Une situation de pénurie qui amène l’Apec à réaliser un travail auprès des entreprises pour les inciter à se tourner vers d’autres types de profils, y compris “juniors” et “seniors”. « On ne peut plus recruter aujourd’hui comme il y a dix ans », insiste Patricia Ozil. La formation elle-même est amenée à évoluer, au profit des « soft skills », des compétences adaptables et une capacité d’apprendre autant que de désapprendre, permettant de se fondre dans des postes différents.
Réalisé sur un panel de 1 262 entreprises privées et publiques, les prévisions d’embauche de l’Apec en Auvergne-Rhône-Alpes table sur 30 000 recrutements de cadres dans la région, contre 29 380 en 2018, avec à la clé une création de près de 10 000 postes. Comme les années précédentes, l’Isère se distingue en outre par son optimisme : 20 % de ses entreprises envisagent de recruter dans l’année, soit 7 points de plus que la moyenne régionale.