DÉCRYPTAGE - La brève trempette de femmes vêtues de burkini dans une piscine municipale de Grenoble n'en finit pas de faire des vagues. Alors que les réactions de tous bords se multiplient, le maire de Grenoble jusque-là silencieux s'est fendu d'un simple communiqué… où il botte en touche. De quoi faire enfler un peu plus la polémique qu'il dénonce. Et poser la question de l'incursion de l'islam politique dans les affaires grenobloises.
À Grenoble, l'irruption du burkini dans une des piscines municipales de la ville n'en finit pas de faire des vagues. Le 17 mai, une dizaine de femmes vêtues de ce maillot très couvrant interdit par le règlement intérieur, avaient pu sans difficulté accéder jusqu'au bassin d'une des piscines de Grenoble et s'y ébattre. Le tout avec le soutien de l'Alliance citoyenne, association connue pour ses actions d'interpellation face aux discriminations et injustices dans l'accès au service public.
Depuis, c'est le tollé. Car l'opération, annoncée, avait manifestement obtenu si ce n'est l'aval, la clémence du maire écologiste de Grenoble. Ce n'est que cinq jours plus tard, ce mardi 21 mai, à quelques heures d'une rencontre entre la Ville et les protagonistes de l'opération qu'Eric Piolle est sorti de son silence. Dans un communiqué. Et… pour ne pas prendre position. « Les conditions d’un dialogue serein ne sont pas réunies pour échanger en bonne intelligence sur ce sujet », y indique-t-il, bottant ainsi en touche.
Eric Piolle dénonce une « stratégie du choc et du buzz »
En cause ? La « polémique » née, selon lui, de l'opération, la « stratégie du choc et du buzz », qui serait fomentée par l'Alliance citoyenne d'un côté et ses adversaires politiques de l'autre. Et ce, « à une semaine d’une élection qui exacerbe les fractures de notre société ».
Plus particulièrement visé ? Le chef de file de l'opposition de droite républicaine à la Ville, et candidat déclaré aux élections municipales à Grenoble en 2020. Matthieu Chamussy a en effet été le plus prompt et le plus virulent après l'opération menée à la piscine des Dauphins. Mais aussi face au “long” silence et à ce que d'aucuns dénoncent comme le « laisser-faire » du maire.
Lui, persiste et signe. Contre l'action – une infraction au règlement municipal – et contre le discours qui l'accompagne.
« Ce stratagème d’inversion des rôles et des valeurs qui consiste à évoquer un combat de “désobéissance civile” et à se référer à la lutte conduite par Rosa Parks, pointe-t-il. Rosa Parks, personnalité emblématique de lutte contre la ségrégation raciale, se battait pour des droits universels et non pour fracturer la société. »
Contre, plus largement, l'idéologie que sous-tendrait cette action. En l'occurrence, l’islamisme politique, « qui vise, petit à petit, à imposer ses propres règles à la société ». Il n'est pas le seul à le penser. Pour l'ex-maire de Grenoble Alain Carignon, candidat lui aussi en 2020, l'opération burkini n'est rien d'autre qu'« une provocation organisée par des tenants de l’islamisme intégriste ».
« La technique du morcellement de la société que favorise systématiquement la municipalité en soutenant toutes les revendications individuelles afin de satisfaire des clientèles exacerbe les tensions, élimine tout sentiment d’appartenance et destin collectif », accuse même l'ex-maire de Grenoble.
« Le maire de Grenoble a perdu toute boussole ! »
Contactés à plusieurs reprises, les services de la Ville n'ont jamais répondu à nos sollicitations. Mais la non prise de position du maire de Grenoble a aussi mis le feu aux poudres. Notamment lorsqu'il a déclaré voir « deux interprétations possibles de l'égalité républicaine ».
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